La Banque Africaine de Développement (BAD) a présenté le  mercredi 25 juin 2025, au siège du Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE), son Rapport Pays 2025 consacré à la République de Djibouti. Placée sous le thème : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », cette publication se veut un outil stratégique pour accompagner le pays dans sa trajectoire de croissance.

Produit chaque année dans le cadre des Perspectives économiques en Afrique (PEA), le Rapport Pays de la BAD propose une analyse approfondie de la situation économique des 54 pays du continent. Il constitue un support d’aide à la décision pour les gouvernements et leurs partenaires au développement.

Pour 2025, le rapport met l’accent sur plusieurs priorités clés : le développement du capital humain (éducation, santé, formation professionnelle), la mobilisation efficace des ressources intérieures (réformes fiscales, lutte contre les flux financiers illicites), la valorisation durable des ressources naturelles, ainsi que le soutien à l’innovation, à l’entrepreneuriat et aux chaînes de valeur locales.

La cérémonie de lancement s’est tenue en présence de Mme Mariam Hamadou Ali, Ministre déléguée chargée de l’Économie Numérique et de l’Innovation, accompagnée de M. Malik Mohamed Garad, Économiste pays de la BAD, et de M. Magtireh Ibrahim, Directeur de l’École de la Magistrature. Plus de cent participants — représentants d’institutions financières et acteurs du secteur privé — ont pris part à l’événement, soulignant leur intérêt pour le renforcement de l’économie nationale.

Dans son mot d’ouverture, M. Guy-Blaise Nkamleu, Économiste en chef pour la Région Afrique de l’Est à la BAD, est intervenu en visioconférence pour rappeler que Djibouti dispose de nombreuses potentialités en matière de développement socio-économique. Il a insisté sur le fait que les pays qui progressent le plus ne sont pas forcément ceux dont l’économie est la plus volumineuse, mais ceux qui génèrent une forte valeur ajoutée manufacturière par habitant. Il a ainsi cité plusieurs pays ayant gagné au moins cinq places dans le classement régional, dont le Sénégal, Djibouti, le Bénin, le Mozambique, l’Éthiopie, la Guinée, le Rwanda, la Tanzanie, le Ghana et l’Ouganda.

Dans son allocution, la Ministre Mariam Hamadou Ali a salué la qualité du dialogue entre la BAD et les autorités nationales ainsi que l’appui constant apporté aux priorités de développement du pays. Elle a souligné que ce rapport arrive à un moment clé, alors que Djibouti élabore son troisième Plan National de Développement (PND3) pour 2025-2030. Elle a rappelé que ce document constitue à la fois un diagnostic et une feuille de route, en identifiant les défis structurels majeurs et en proposant des orientations concrètes pour accélérer la transformation de l’économie djiboutienne.

Elle a insisté sur la nécessité de renforcer le capital humain grâce à une éducation de qualité et une formation adaptée aux besoins du marché, tout en valorisant les ressources naturelles comme les richesses halieutiques et les énergies renouvelables. La Ministre a également souligné le rôle clé du secteur financier, encore dominé par les banques commerciales, qui doit davantage soutenir la transformation structurelle du pays.

M. Malik Mohamed Garad, Économiste pays de la BAD, a quant à lui présenté les grandes lignes du rapport. Il a rappelé que Djibouti enregistre une croissance soutenue de 6,6 %, portée par les secteurs portuaire, énergétique et des télécommunications. Le pays bénéficie également d’une stabilité macroéconomique relative, d’une inflation modérée (2,1 %), d’une réduction du déficit budgétaire et de la dette publique, ainsi que d’un solde courant et de réserves estimées à cinq mois d’importations.

Toutefois, pour exploiter pleinement ses ressources, Djibouti doit renforcer l’utilisation de son capital naturel encore sous-exploité, dynamiser un tissu entrepreneurial encore limité et rationaliser ses dépenses publiques.

M. Garad a par ailleurs appelé le secteur privé à jouer un rôle plus actif dans la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), en mettant en œuvre les recommandations stratégiques du rapport.

La cérémonie s’est achevée par un panel de discussion sur le thème : « Tirer le meilleur parti du capital de la République de Djibouti pour favoriser son développement », réunissant parlementaires, économistes, partenaires techniques et financiers ainsi que des acteurs du secteur privé, pour réfléchir aux leviers à activer en vue de concrétiser les ambitions de Djibouti Vision 2037.

Saleh Ibrahim Rayale