Le Palais du Peuple a vibré samedi dernier au rythme des valeurs fondatrices de l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ), à l’occasion du 23ᵉ anniversaire de ce parti historique. Devant des militants venus en nombre, des figures politiques et des invités de marque, la présidente de l’UDJ, Mme Ilaya Ismaïl Guedi Hared, a prononcé un discours à la fois émouvant et rassembleur, marqué par un profond hommage à la mémoire de son père, fondateur du parti, et à l’Honorable Hassan Robleh, récemment disparu. Dans une allocution empreinte de gravité et d’espérance, Mme Ilaya a revisité les grandes étapes du combat politique de l’UDJ, exaltant les valeurs de justice sociale, d’unité et de fidélité à la Nation. Soulignant les défis auxquels fait face Djibouti, elle a appelé à un sursaut collectif fondé sur la responsabilité et le discernement, tout en réaffirmant son attachement à la stabilité du pays et à la vision incarnée par le Président Ismaïl Omar Guelleh, qu’elle a salué comme un repère essentiel dans un monde en mutation.

Voici l’intégralité du discours de la présidente de l’UDJ

Avant d’ouvrir officiellement ce congrès, je vous demande d’observer une minute de silence en hommage à notre collègue, l’Honorable Hassan Robleh, qui nous a quittés hier.Je me souviens de ce jour en commission, alors que nous discutions de la régulation des travailleurs informels, et il me dit : « Adero, la solution est simple ». Oui, un homme capable d’expliquer simplement ce qui est complexe s’en est allé. Ina lila wa ina ilayhi rajicuun.

Je vous invite à lire la Fatiha en sa mémoire. Chers camarades, chers amis, distingués invités. C’est avec une émotion toute particulière que je prends la parole devant vous aujourd’hui. Car ce congrès n’est pas un jour comme les autres. Il marque non seulement un moment fort de notre vie politique, mais aussi un moment d’histoire pour notre famille politique.

Nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire de notre parti, cette grande famille politique née du courage, de la conviction et du rêve d’un Djibouti plus juste, plus solidaire, plus humain. Et pour moi, c’est aussi un instant profondément personnel, car voilà dix ans que j’ai l’honneur et la responsabilité de diriger notre parti. Dix années de lutte, de foi, de doutes parfois, mais toujours de fidélité à notre engagement premier : servir le peuple. Notre parti : l’héritage et l’engagement Depuis sa création, notre parti a été un espace de courage et de conviction. Un refuge pour les voix libres, un rempart pour les consciences éveillées. Je veux ici saluer celles et ceux fondateurs, militants, bénévoles, anonymes qui, par leur engagement, ont façonné notre parti. Certains ne sont plus parmi nous, mais leur esprit nous accompagne à chaque pas.

Nous sommes les héritiers d’un combat noble : celui de la dignité et du droit. En cet instant solennel, rendons un hommage sincère et profond à notre père fondateur, mon père. Sa clairvoyance, sa droiture, sa détermination inlassable et son amour indéfectible pour la patrie ont tracé la voie d’un idéal devenu héritage vivant. Il nous guide encore aujourd’hui, éclaire notre engagement et inspire notre fidélité. Car il n’a pas seulement bâti un parti, il a bâti une école de courage. Dix ans après, je mesure le chemin parcouru. Il n’a pas toujours été facile. Les routes du courage ne le sont jamais. Mais nous avons tenu bon. Parce que nous savons pourquoi nous avons choisi ce chemin, par amour de notre pays, et par loyauté envers nos valeurs.

« Une Nation a besoin d’un point d’équilibre, d’une présence qui rassure, d’une expérience qui encadre »

L’unité : la force qui nous rassemble Mes chers camarades, aucune idée, si belle soit-elle, ne peut s’incarner sans unité. L’unité est notre force, notre ancrage et notre avenir. L’unité ne signifie pas l’uniformité. Elle signifie que, malgré nos différences, nous regardons tous dans la même direction. Nous venons d’horizons divers, mais nous partageons un même espoir. Nos différences ne sont pas des failles ; elles sont notre richesse. Je le dis avec gravité : aucune ambition personnelle, aucun malentendu, aucune blessure du passé ne doit primer sur l’intérêt collectif. Notre parti n’est pas la propriété d’un individu, mais la maison du peuple. C’est ensemble et seulement ensemble que nous pourrons poursuivre l’œuvre entamée il y a tant d’années.

La Nation : justice sociale et avenir partagé

Notre engagement ne se limite pas à nos murs. Il embrasse toute la nation. Car ce que nous défendons ici, c’est le rêve d’un Djibouti plus juste, plus équitable et plus fraternel. Notre pays fait face à des défis immenses et face à ces réalités, nous devons être la voix de ceux qu’on n’écoute plus. Nous devons porter haut le flambeau de la justice sociale. La justice sociale, c’est garantir à chaque citoyen la dignité, la sécurité, l’accès à l’éducation, l’accès à la santé et l’accès à l’emploi. C’est combattre les inégalités, refuser le privilège, et replacer l’humain au centre des politiques publiques. C’est défendre une gouvernance juste, éthique et transparente, où servir le peuple redevient un honneur, et non un privilège. Nous portons la vision d’un Djibouti uni, équitable, fier. Un pays où chaque enfant, chaque femme, chaque homme peut rêver et réussir. La justice sociale n’est pas pour nous un slogan. C’est une exigence morale.

Dix ans d’engagement, un avenir d’espérance

Chers amis, vingt-trois ans après sa création, notre parti a atteint l’âge de la maturité politique. Et si nous regardons en arrière, ce n’est pas pour nous complaire dans la nostalgie, mais pour puiser la force de continuer le chemin. Aujourd’hui, je veux dire à tous nos militants, à nos jeunes, à nos femmes, à nos aînés : Le plus beau reste à venir. Ce parti est vivant, debout, et prêt à écrire un nouveau chapitre de son histoire.

Dans un monde qui bouge sans cesse, où chaque minute bouscule la précédente dans le torrent des inventions, des mutations et des dérégulations, le rôle du politique n’est pas seulement d’observer et de commenter, mais d’inventer de nouvelles régulations et d’agir en cherchant les réponses dans la seule question qui vaille : Est-ce bon pour Djibouti ? Est- ce bon pour les Djiboutiens ? Comprendre, proposer et agir — voilà quelle sera notre feuille de route. Comprendre, c’est prendre conscience qu’aujourd’hui, à Djibouti comme ailleurs, deux visions du monde se font face.

Deux conceptions de l’homme et de la société, diamétralement opposées, irréductibles, exclusives l’une de l’autre. Lamartine écrit « Il marche et ne repasse pas. » Marcher et ne pas repasser, c’est n’être attaché à rien. Dans le vers de Lamartine comme dans certaines visions du monde aujourd’hui, être « un marcheur » c’est être déraciné, errant, consumant sans bâtir. Et nous, à l’UDJ, nous refusons cette errance. Notre marche doit avoir un cap, un sens, un but. Elle doit être ancrée, constructive, tournée vers l’avenir et fidèle à nos valeurs. Nous marchons non pour fuir… Mais pour ouvrir la voie. Non pour imiter… Mais pour inventer. Et comprendre, c’est aussi reconnaître qu’à chaque période de transition, une Nation a besoin d’un point d’équilibre, d’une présence qui rassure, d’une expérience qui encadre, d’une main ferme qui préserve l’unité quand les vents du monde se lèvent. Notre pays a besoin de continuité autant que de renouveau. De repères solides pour que les transformations ne deviennent jamais des fractures.

Oui, c’est Lui, Il s’impose comme une évidence. C’est Lui qui a su tenir le gouvernail quand la mer s’agitait. C’est Lui qui a incarné et qui incarne la stabilité, la constance, la fidélité à l’État. Oui c’est Vous Monsieur le Président El Hadj ISMAIL OMAR GUELLEH On peut débattre, proposer d’autres voies… Mais on ne peut ignorer ce rôle. Reconnaître cela, ce n’est pas renoncer à notre idéal. C’est au contraire lui donner du sens. Djibouti a besoin de Vous, Oui Monsieur le Président, Nous avons besoin de vous. Djibouti a aussi besoin de forces qui se complètent : – stabilité et renouveau, – sagesse et jeunesse, – expérience et vision. Et c’est dans cet esprit que nous disons : Le moment du rassemblement n’est pas celui des clivages. Il est celui de la responsabilité, du discernement et de la fidélité à la Nation. Nous avons un idéal commun et c’est une nation prospère avec Vous Monsieur le Président.

Que ce congrès soit celui du renouveau fidèle à nos principes, de l’unité dans la diversité, et de l’espérance qui se transforme en action. En ce jour d’anniversaire, souvenons-nous de nos racines, honorons nos anciens, et regardons l’avenir avec lucidité. Restons alignés avec les choix qui garantissent la stabilité, la continuité et la vision d’un développement durable pour notre pays. Car l’histoire ne s’écrit pas sans courage. Et ce courage, mes chers camarades, c’est nous.