L’économie de la République de Djibouti est très peu diversifiée. L’agriculture est presque inexistante et l’industrie est très limitée. L’économie repose sur les services et surtout sur les activités portuaires. Depuis quelques années, malgré les obstacles, des efforts sont déployés pour développer le secteur primaire afin de réduire notamment l’insécurité alimentaire.  

Le développement embryonnaire du secteur primaire

La part de l’agriculture dans le PIB est de 4%. Cette part est donc très faible comparé à la part des services qui représente 80%. Le pays produit très peu de denrées alimentaires. Cela s’explique par plusieurs facteurs :

D’une part, le climat est chaud et aride et donc très peu favorable à l’agriculture. La température moyenne est de 30.2 °C dans l’année et la précipitation moyenne est de 121 mm. Le manque d’eau est le frein principal au développement de l’agriculture y compris à petite échelle. 

D’autre part, les caractéristiques du sol le rendent impropre à l’agriculture. Le nord du pays, en plus d’être aride, est dominé par la présence de roches volcaniques (basaltiques). Au Sud du pays, vers le littoral, on observe une montée de la salinité du sol en raison de l’infiltration de l’eau de mer.   Malgré ces conditions difficiles, Djibouti soutien des projets locaux  de production locale de fruits et légumes dans la région d’Arta et d’Ali-Sabieh, au sud du pays. Cette production est pour le moment largement insuffisante pour satisfaire la demande de la région elle-même. Alors que 85 % de la population habite dans la capitale. En s’appuyant sur l’origine nomade de la population et du fait que les régions vivent de l’élevage, la République de Djibouti tente de développer l’agropastoralisme. Des programmes sont expérimentés à Mouloud et Assamo, au sud du pays. L’agropastoralisme présente l’avantage de consolider l’élevage (ovins, caprins, dromadaires). Ces programmes n’aboutissent pas pour le moment à des résultats significatifs principalement par manque d’investissement financier suffisant.

S’il y’a un secteur à fort potentiel dans le cadre de la recherche de la sécurité alimentaire, c’est le secteur de la pêche. Les eaux de Djibouti sont poissonneuses (Golfe de Tadjourah, Damerjog et Loyada).

Selon le FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture), on estime à 45 000 t par an le stock des ressources halieutiques. Pourtant, seulement 2000 t par an sont pêchés à Djibouti. Ce paradoxe s’explique par des facteurs culturels (le poisson n’est pas assez entré dans les habitudes alimentaires chez les nomades de la région), économiques (la pêche est considéré peu rentable dans le pays, les jeunes préfèrent travailler dans le secteur des services), institutionnels (la filière est peu organisée et peu soutenue par les pouvoirs publics).

Plusieurs facteurs handicapent le développement du secteur primaire

La formation professionnelle : Le secteur primaire manque de main d’œuvre locale qualifiée. L’élevage est traditionnel, l’agriculture est empirique et la pêche est artisanale. Pour développer ce secteur, il faut donc former les jeunes aux métiers agricoles et de la pêche. En outre, le secteur de la pêche est handicapé par le manque d’ateliers efficaces de maintenance et d’entretien des bateaux.

La technologie : Pour surmonter les contraintes climatiques, la technologie peut apporter des solutions innovantes dans le domaine de l’agriculture. Les techniques de culture sous serre, de culture d’OGM  peu consommateur d’eau ou résistant ont montré leur efficacité dans d’autres pays. Djibouti dispose d’un centre d’étude et de recherche (CERD) où sont menées par exemple des expériences intéressantes telle que la culture des palmiers dattiers dans la région d’Ali-Sabieh.

L’investissement : L’investissement dans le secteur primaire est pour le moment très limité. Djibouti concentre ses efforts d’investissement dans le secteur tertiaire (transport et télécommunication essentiellement). Pourtant le développement d’un secteur comme celui de la pêche permettrait de lutter contre l’insécurité alimentaire. Mise à part l’aide au développement (assez faible) et une petite part d’investissement public, on observe un sous investissement dans le secteur primaire.

La République de Djibouti tente d’investir dans le secteur primaire pour lutter contre l’insécurité alimentaire sans pour le moment enregistrer des résultats satisfaisants. Pourtant certaines activités peuvent être potentiellement développées comme l’agropastoralisme, l’élevage et surtout la pêche. Parallèlement, il est indispensable de lancer une agro-industrie.

Malgré les difficultés climatiques, le pays peut s’appuyer sur des technologies innovantes pour développer l’agriculture.  En attendant, le pays est largement dépendant des importations des denrées alimentaires (les fruits et légumes sont essentiellement importés d’Ethiopie).

Abdallah Hersi

Analyste en stratégie Internationale