Première djiboutienne promue officier supérieure dans l’armée de terre, Amina Mohamed Moussa incarne la persévérance et l’audace de nos femmes. Face aux défis, elle a répondu par l’excellence. Son élévation au grade de colonel, le 15 juin dernier, représente un tournant historique pour la place des femmes dans les forces armées djiboutiennes. Portrait d’une femme d’exception qui a brisé les barrières et qui a démontré surtout que la compétence n’a pas de genre.

Nous sommes en 2001, sous le soleil brûlant de la région d’Ali Sabieh, une jeune recrue franchit les grilles de l’école militaire El Hadji Hassan Gouled Aptidon, à Holl-Holl. Elle n’a que 21 ans, mais déjà un regard déterminé et une volonté inébranlable. Son nom ? Amina Mohamed Moussa. Elle ne le sait pas encore, mais elle est sur le point d’écrire une page importante de l’histoire militaire de Djibouti. Issue de la génération des djiboutiennes nées après l’indépendance, Amina a grandi dans un pays en pleine construction, où les femmes commencent à peine à accéder aux sphères de décision et aux métiers traditionnellement réservés aux hommes. L’armée, jusque-là bastion masculin, s’ouvre timidement aux femmes dès la fin des années 1980.

Mais rares sont celles qui osent franchir le pas. Amina se lance dans le secteur. Affectée d’abord au département arabe des Forces Armées Djiboutiennes (FAD), elle s’illustre par son sérieux, sa discipline et ses aptitudes linguistiques hors du commun. Maîtrisant couramment toutes les langues nationales – somali, afar, arabe et français – elle se distingue rapidement comme un profil prometteur.

Une montée en grade méritée

En 2004, Amina tente et réussit un concours d’admission à l’académie militaire de Tripoli, en Libye. Elle est admise dans cet institut d’élite où sont formés les officiers de nombreux pays africains et arabes. Pendant deux ans, elle y suit une formation rigoureuse, exigeante, dans un environnement encore très masculin. Mais la jeune Djiboutienne brille dans le milieu. En septembre 2006, elle revient au pays munie d’une licence en sciences militaires, obtenue avec la mention très bien. Une distinction rare et prestigieuse, qui lui vaut d’être immédiatement intégrée au sein de l’État-major des FAD, au grade de sous-lieutenant, le 1er novembre 2006. Elle devient alors la première femme djiboutienne officier dans l’armée de terre. Les années passent, et le sous-lieutenant Amina Mohamed gravit les échelons de la hiérarchie militaire avec patience, professionnalisme et discrétion. Loin de chercher les projecteurs, elle préfère le terrain, les missions opérationnelles, l’encadrement des jeunes recrues, et le travail stratégique au sein de l’État-major. Sa rigueur lui vaut le respect de ses pairs, et surtout, celui de ses supérieurs.

Dans un pays où les femmes officiers étaient jusque-là représentées uniquement dans la police ou la gendarmerie, le parcours d’Amina fait figure d’exception. Elle devient peu à peu un modèle pour de nombreuses jeunes filles djiboutiennes, qui voient en elle une preuve vivante que la bravoure et la compétence n’ont pas de genre.

Le 15 juin dernier, Amina Mohamed Moussa est officiellement promue au grade de colonel. Une décision saluée unanimement au sein des FAD, mais aussi dans la société civile. Cette promotion historique est perçue comme un symbole d’émancipation féminine et de justice professionnelle.

L’ascension du Colonel Amina Mohamed Moussa dans l’armée Nationale constitue une avancée majeure du processus d’intégration des femmes dans le développement national un objectif affirmé par les hautes autorités djiboutiennes depuis plusieurs années.

Grâce à elle, des dizaines de jeunes filles djiboutiennes pourront  désormais rêver d’un avenir militaire, dans un pays qui valorise de plus en plus l’égalité des chances et de mérite. À l’heure où Djibouti poursuit sa marche vers le progrès, le parcours du colonel Amina restera une source d’inspiration majeure pour les générations futures – et un jalon indélébile dans l’histoire de l’armée djiboutienne.