Le ministère du Travail chargé de la Formalisation et de la Protection sociale a réuni hier, au Sheraton Hôtel, les principaux partenaires institutionnels et internationaux pour un atelier de deux jours consacré à l’élaboration de la stratégie nationale de la migration de la main-d’œuvre. Cette rencontre, ouverte par le secrétaire général du ministère, M. Abdallah Ali Mohamed, marque une étape décisive dans la volonté du gouvernement de structurer, encadrer et moderniser la gestion des travailleurs migrants tout en harmonisant la législation nationale avec les standards internationaux.

Djibouti, par sa position géographique stratégique, demeure un pays à la fois d’origine, de transit et de destination dans les mouvements migratoires de la Corne d’Afrique.

Cette réalité place la question de la mobilité professionnelle au cœur des priorités nationales, notamment en raison des défis sociaux, économiques et juridiques qui y sont liés. Le ministère du Travail souhaite ainsi doter le pays d’un cadre clair et adapté, capable d’assurer la protection des travailleurs migrants, de favoriser une migration régulière et de soutenir les besoins du marché du travail national. L’atelier vise à poser les fondements de cette stratégie en offrant aux participants l’occasion de partager un état des lieux commun, d’examiner le rapport préliminaire élaboré par les consultants et d’identifier les axes prioritaires qui structureront la feuille de route nationale. Dans son allocution d’ouverture, le secrétaire général a rappelé l’engagement constant de l’État en faveur d’une politique d’accueil responsable et respectueuse des droits humains. Il a souligné que, malgré des moyens limités, Djibouti a mis en place des lois garantissant aux migrants légaux l’accès aux services essentiels de santé, d’éducation et de protection sociale. Son intervention a permis d’éclairer les enjeux d’un dispositif réglementaire qui doit désormais évoluer pour s’adapter aux réalités migratoires contemporaines.

La représentante de l’Union européenne a salué les avancées réalisées par Djibouti dans la mise en place de politiques dédiées à la gestion des migrations et à la lutte contre les violations des droits fondamentaux. Elle a rappelé que le Code du travail encadre l’emploi des travailleurs migrants réguliers, tout en reconnaissant que la majorité des migrants présents dans le pays évoluent souvent en dehors du cadre formel. Selon elle, l’élaboration d’une stratégie nationale constitue une occasion unique d’intégrer de manière plus inclusive ces travailleurs dont le statut demeure fragile, et d’assurer une meilleure prise en compte des normes internationales.

De son côté, la représentante de l’Organisation internationale du travail a insisté sur le caractère structurant de cet atelier pour bâtir une stratégie ambitieuse, inclusive et conforme aux exigences internationales. Elle a expliqué que ce futur document devra s’aligner sur les normes du travail tout en tenant compte des particularités du marché djiboutien. Elle a également souligné la nécessité d’articuler la politique migratoire avec celles de la formation professionnelle et de la protection sociale, afin de garantir une mobilité de la main- d’œuvre mieux qualifiée et durable, et de renforcer l’insertion des migrants dans le tissu socio-économique national. Les participants ont ensuite entamé les premiers travaux consacrés à la présentation du rapport préliminaire sur la migration de la main-d’œuvre à Djibouti, suivi d’échanges nourris. Ces discussions permettront, durant les deux jours de l’atelier, d’affiner les pistes proposées, de définir les priorités nationales et de poser les bases d’une stratégie cohérente, opérationnelle et orientée vers l’avenir. À l’issue de cet exercice collectif, une feuille de route devra être finalisée et adoptée, offrant au pays un cadre juridique et institutionnel modernisé, capable de répondre aux défis migratoires tout en répondant aux besoins du marché du travail.

Par cette initiative, le ministère du Travail confirme sa volonté d’inscrire la question migratoire dans une perspective durable, inclusive et respectueuse des droits humains, en collaboration étroite avec ses partenaires internationaux et les institutions nationales.

Sadik Ahmed