
La région d’Arta connaît depuis deux décennies une transformation remarquable. De petite localité peu dotée en infrastructures, elle s’est progressivement affirmée comme un pôle de développement, attirant aussi bien des résidents que des visiteurs en quête de tranquillité et de paysages préservés. Pour mieux comprendre cette dynamique, La Nation est allée à la rencontre de Mohamed-Fozi Ahmed Assoweh, Préfet intérimaire de la région d’Arta, qui nous livre sa vision et dresse un état des lieux des projets en cours.

Monsieur le préfet intérimaire, merci de nous avoir accordé cet entretien. Première question : comment évaluez-vous la situation générale de la région d’Arta en termes de développement et de qualité de vie des habitants ?
Mohamed-Fozi Ahmed Assoweh : Tout d’abord, je vous souhaite la bienvenue à Arta. Je peux vous dire qu’il y a eu énormément de changements au cours des dix dernières années. Cette région, qui était à l’origine une petite localité avec peu de moyens et d’infrastructures, est devenue une ville à vocation touristique. La qualité de vie s’est considérablement améliorée. L’environnement est propre, les espaces publics sont entretenus quotidiennement par les équipes de la préfecture. Vous avez sans doute remarqué les flamboyants qui embellissent les artères principales de la ville. Tout cela contribue à faire d’Arta un lieu agréable, où il fait bon vivre.
Comment la préfecture renforce-t-elle la gouvernance locale et la proximité avec les citoyens afin de mieux répondre à leurs besoins quotidiens ?
Les habitants d’Arta bénéficient de l’ensemble des services publics. La préfecture et le conseil régional travaillent en synergie, chacun dans son domaine. La préfecture supervise la sécurité publique et l’administration, tandis que le conseil régional gère notamment l’état civil.
Ce partenariat permet d’assurer une tranquillité et une harmonie sociale appréciées par les habitants. Malgré des ressources limitées, nous faisons en sorte de répondre efficacement aux besoins quotidiens des citoyens.
Quels sont les principaux projets d’infrastructures réalisés dans le domaine de l’éducation ?
De nombreux établissements scolaires ont été construits au cours des dix dernières années : écoles, lycées et surtout le centre Sunny Hill, inauguré en 2018. Ce centre forme les jeunes aux métiers de l’hôtellerie, de la restauration, de la cuisine, mais aussi du tourisme.
C’est une réponse à l’augmentation du taux de scolarisation et à la croissance démographique. L’offre éducative s’est élargie aussi bien dans la ville d’Arta que dans les zones rurales, ce qui permet de donner aux jeunes plus d’options et des compétences mieux adaptées au marché.
Et dans le domaine de l’énergie ?
La région d’Arta a bénéficié de plusieurs projets nationaux. Le parc éolien du Ghoubbet, dont une partie se trouve dans notre région, est un exemple phare. Il mobilise une main-d’œuvre locale et participe à la transition énergétique du pays.
Il y a aussi le barrage de l’Amitié, premier ouvrage hydraulique du pays, réalisé avec l’appui du gouvernement turc. Il a pour rôle d’atténuer les inondations au niveau de la capitale. À cela s’ajoutent des projets agricoles à venir, notamment en hydroponie, qui utiliseront les terres déjà préparées.
Comment les travaux sur la route nationale 1 vont-ils améliorer la vie des Djiboutiens et des habitants d’Arta ?
La RN1 est vitale : elle relie la capitale aux régions de l’intérieur. Les travaux de modernisation, avec le passage à deux voies, vont réduire drastiquement les risques d’accidents et améliorer la fluidité de la circulation.
Arta n’est qu’à 42 km de Djibouti-ville, soit 20 à 25 minutes de trajet. Avec la nouvelle route, ce temps sera réduit, encourageant de nombreux habitants à s’installer ici. C’est un facteur décisif pour le développement économique futur de la région.
Vous avez évoqué le tourisme. Quelles initiatives sont mises en place pour développer ce secteur et créer des emplois ?
Arta dispose d’un potentiel touristique considérable. Chaque week-end et durant l’été, de nombreux vacanciers viennent profiter du climat et des paysages. Cela crée des opportunités pour les femmes artisans qui commercialisent leurs produits, mais aussi pour des centres comme Sunny Hill qui organisent des événements. De nouveaux projets sont en préparation, notamment à Arta Plage. Le tourisme ne se limite pas à l’hébergement : il englobe aussi des activités de loisirs et de découverte. Notre vision est de développer ce secteur progressivement, mais de manière durable.
Arta est connue pour avoir accueilli la conférence de réconciliation somalienne en 2000. Que représente cet épisode historique pour vous ?
C’est un moment inoubliable et une immense fierté pour les habitants. J’étais jeune à l’époque, mais je me souviens très bien de la solidarité et de l’hospitalité dont a fait preuve notre ville. Tous les habitants ont accueilli les délégations somaliennes, certains ont même contribué financièrement. Cette conférence a été un succès retentissant, qui a permis la mise en place d’un gouvernement somalien. Depuis, Arta est considérée comme une ville symbole de paix et de fraternité. Pour immortaliser cela, un Mémorial de la paix a été érigé et sera inauguré prochainement par les présidents de Djibouti et de Somalie.
Enfin, quel message souhaitez-vous adresser aux habitants de la région d’Arta et plus largement aux Djiboutiens ?
Je voudrais rappeler aux habitants d’Arta la chance qu’ils ont de vivre dans un climat agréable et dans un environnement paisible. L’entraide et la solidarité doivent rester des valeurs quotidiennes. Nos jeunes, pleins de potentiel, doivent s’impliquer dans le développement local en créant des projets dans le tourisme, la pêche ou les services. Plus largement, le développement du pays repose sur deux piliers : la jeunesse et la paix. Nous ne disposons pas de richesses naturelles abondantes, mais nous avons des ressources humaines exceptionnelles. La paix et la sécurité dont nous jouissons sont précieuses, et c’est à nous tous de les préserver par la solidarité et la créativité.
Interview réalisée par Lloyd Doré Green, stagiaire