Le Secrétaire général du ministère de l’Environnement et du Développement durable, M. Dini Abdallah Omar, a porté haut la voix de Djibouti à la 30ᵉ Conférence des Parties sur le climat (COP30), qui se tient cette année à Belém, au Brésil. À la tribune onusienne, le responsable djiboutien a livré un message empreint d’urgence et de réalisme, rappelant que dix ans après l’Accord de Paris, le monde se trouve « face à une grave escalade des risques et des dommages climatiques », comme l’a récemment souligné le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement.

Dès l’entame de son allocution, il a constaté que si les politiques climatiques engagées par de nombreux États ont permis une réduction relative des émissions mondiales, le rythme des progrès demeure insuffisant pour maintenir la hausse de la température moyenne en dessous de 2 °C. Le Secrétaire général a ainsi exhorté les pays développés à accélérer drastiquement la réduction de leurs émissions, soulignant que le respect de l’Accord de Paris dépend de la capacité collective à sortir progressivement des énergies fossiles et à investir massivement dans les énergies renouvelables.

Le responsable djiboutien a également rappelé que le changement climatique n’est plus une hypothèse abstraite, mais « une réalité dramatique » qui frappe déjà les populations les plus vulnérables, exposées à des phénomènes extrêmes : vagues de chaleur, sécheresses, inondations, ouragans, feux de forêt, montée du niveau des mers. Djibouti, a-t-il précisé, partage pleinement l’esprit du multilatéralisme, convaincu qu’aucune nation ne peut surmonter seule une crise d’une telle ampleur. Il a insisté sur l’importance de s’appuyer sur la science, en particulier les travaux du GIEC, pour orienter les politiques d’adaptation et d’atténuation.

Un plaidoyer pour l’Afrique et une présentation des efforts nationaux

S’exprimant au nom d’un pays particulièrement vulnérable, Dini Abdallah Omar a rappelé une réalité arithmétique implacable : l’Afrique ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais elle subit déjà l’essentiel des impacts climatiques. Djibouti illustre tristement ce déséquilibre, ayant récemment traversé une sécheresse longue et sévère, suivie d’inondations détruisant terres agricoles, habitations et infrastructures. Le Secrétaire général a détaillé les efforts entrepris par notre  pays pour honorer ses engagements au titre de l’Accord de Paris. Djibouti concentre ses actions d’atténuation autour de trois piliers : le développement massif des énergies renouvelables, la promotion de pratiques agricoles et forestières durables capables d’accroître la séquestration du carbone, et la transformation du secteur des déchets, axée sur la réduction, la valorisation et le recyclage.

Dans ce cadre, plusieurs investissements structurants ont déjà été réalisés. Le pays a importé de l’hydroélectricité propre depuis l’Éthiopie, mis en service un parc éolien de 60 MW et installé des mini-centrales solaires dans de nombreuses localités. Ces efforts cumulés permettent aujourd’hui à Djibouti de produire 70 % de son électricité à partir de sources renouvelables.

Parallèlement, pour faire face au stress hydrique, notre  pays a étendu les adductions d’eau transfrontalières, renforcé le dessalement de l’eau de mer, mobilisé les ressources souterraines et construit digues et barrages pour protéger les zones côtières. Mais, a rappelé le représentant djiboutien, ces réalisations ont un coût financier très élevé, amené à croître avec l’aggravation des impacts climatiques. Le potentiel national en matière d’éolien, de solaire et de géothermie est immense, mais son exploitation nécessite des moyens colossaux dépassant largement la capacité budgétaire d’un pays classé parmi les plus vulnérables. Dans cette perspective, Djibouti a réaffirmé une demande claire : que les pays développés tiennent enfin leurs promesses financières, notamment à destination des pays les moins avancés et des petits États insulaires.

Le Secrétaire général a insisté sur la nécessité de renforcer le financement de l’adaptation, de mobiliser des ressources dédiées aux pertes et dommages et de garantir des financements publics prévisibles, additionnels et durables. Il a rappelé que l’Afrique ne réclame pas la charité, mais l’équité, soulignant que la justice climatique impose que les nations les plus émettrices soutiennent celles qui, bien que peu responsables du réchauffement, en subissent les conséquences les plus graves. Djibouti, qui a soumis sa Contribution déterminée au niveau national (CDN), s’engage à réduire de 65 % ses émissions à condition d’obtenir un appui financier national et international suffisant. Le pays plaide pour un soutien innovant, incluant notamment les mécanismes de taxe carbone et les crédits carbone, afin de financer durablement les projets prévus dans sa CDN.

En conclusion, Dini Abdallah Omar a rappelé que la réussite de l’action climatique mondiale dépend de la solidarité internationale et de la cohérence entre engagements et actes. À Belém, Djibouti a ainsi voulu réaffirmer sa volonté de contribuer, selon ses capacités, à l’effort global, tout en rappelant que les pays vulnérables ne peuvent ni avancer ni se protéger sans un soutien financier massif, rapide et structurant.