
À l’heure où la mondialisation efface peu à peu les identités locales, Djibouti fait un choix audacieux : celui de préserver et célébrer son patrimoine. Alors que la Semaine Nationale du Patrimoine se profile à l’horizon, le gouvernement marque un tournant décisif en plaçant la mémoire collective au cœur de sa stratégie nationale. Un projet ambitieux qui, entre digitalisation des archives et accès citoyen à l’histoire, promet de réconcilier le passé et l’avenir de la nation.

Lors de la rentrée politique 2024-2025, le président de la République a, dans une adresse qui se voulait à la fois solennelle et prospective, annoncé le lancement de la Semaine Nationale du Patrimoine en décembre prochain. Une initiative d’envergure, pourtant passée sous les radars médiatiques.
Pourquoi ce choix stratégique ? À l’heure où la mondialisation impose ses diktats, uniformisant les modes de vie et brouillant les identités culturelles, il devient impératif pour Djibouti de se recentrer sur ce qui fait son essence.
La préservation du patrimoine, en particulier, est aujourd’hui une urgence, une priorité que le chef de l’État a voulu inscrire au cœur de l’action publique. Sa conviction: la mémoire collective, souvent reléguée au second plan dans les projets de développement, doit être reconnue comme un levier majeur de la stratégie nationale.

Car en effet, la richesse d’une nation ne se mesure pas uniquement à ses ressources économiques, mais aussi à sa capacité à se souvenir, à cultiver ses racines et à transmettre un héritage vivant aux générations futures. C’est dans cet esprit que le Journal Officiel de la République, témoin immuable de l’histoire djiboutienne, a été le premier à faire l’objet d’une vaste opération de numérisation. Une mission d’envergure confiée au Secrétaire Général de la Présidence, M. Almis Mahamoud, qui, avec son équipe, a accompli un travail de titan.
Le 1er février 2024, l’Agence Nationale pour la Promotion de la Culture (ANPC) réceptionnait, le premier lot des archives définitives, tant physiques que numérisées, de la Présidence de la République.
Ce projet d’envergure, collaboratif entre le Secrétariat Général du Gouvernement et le Ministère de la Jeunesse et de la Culture, avait concrétisé le premier lot du transfert des archives définitives présidentielles. Une cérémonie officielle avait marqué cette étape, incluant la signature du bordereau détaillant les termes des versements par les dirigeants des entités impliquées dans le processus.
Mais cette première étape ne constitue qu’un début. La semaine prochaine, un second lot de documents sera versé aux Archives nationales, marquant une avancée significative dans la préservation de la mémoire collective du pays. Bien plus qu’un acte purement administratif, cette démarche s’inscrit dans une dynamique de transparence et de gouvernance éclairée, des principes désormais ancrés dans l’ADN de l’état. Le Lot 2 des archives présidentielles représente une manne historique inestimable. Ces documents retracent des moments forts du parcours national: décisions politiques cruciales, négociations diplomatiques délicates, et réflexions stratégiques sur l’avenir du pays. En ouvrant ces archives au public, Djibouti fait le choix d’une gouvernance participative, offrant à ses citoyens l’opportunité de comprendre plus en profondeur le fonctionnement de ses institutions, tout en s’appropriant son patrimoine historique.
La digitalisation de ces archives, ambition portée par les nouvelles technologies, vise à rendre ces trésors accessibles au plus grand nombre.
Par le biais de plateformes numériques, ces documents deviennent de véritables passerelles entre passé et présent, favorisant une culture de la mémoire qui ne soit plus statique, mais vivante et partagée. C’est ainsi que Djibouti entend renforcer son identité, tout en s’ouvrant aux défis de demain.