Les institutions sont la mémoire vivante d’une nation. Elles portent les traces de son histoire, de ses choix politiques, de ses ambitions collectives et des femmes et des hommes qui les ont bâties, souvent dans des contextes complexes et exigeants. Pourtant, leur parcours, leurs mutations et leur apport au développement national restent parfois méconnus des nouvelles générations. À travers la rubrique « Mémoire des institutions », notre journal se propose de revisiter l’histoire des grandes structures publiques et parapubliques de Djibouti, en particulier celles qui ont joué – et continuent de jouer – un rôle central dans la construction de l’État, le développement humain et la cohésion nationale. Cette rubrique entend retracer leur genèse, leurs évolutions, leurs réussites, mais aussi les défis auxquels elles ont été confrontées. En donnant la parole aux acteurs, en croisant les sources historiques et en mettant en perspective les politiques publiques, « Mémoire des institutions » se veut un espace de transmission, de réflexion et de reconnaissance. Elle s’adresse à tous : décideurs, professionnels, étudiants et citoyens soucieux de mieux comprendre les fondements institutionnels de la République.

Préserver la mémoire institutionnelle, c’est non seulement rendre hommage au travail accompli, mais aussi éclairer les choix présents et futurs. Car connaître l’histoire de nos institutions, c’est mieux préparer leur avenir.  Pour ouvrir le bal, cette rubrique se penche sur une institution clé de l’histoire nationale : le centre de formation des enseignants, de ses origines coloniales à son rôle actuel au cœur de l’éducation nationale.

60 ans d’évolution du centre de formation des enseignants de Djibouti : du cours normal au CFEN

Le centre de formation des enseignants, connu sous diverses appellations au fil des décennies, représente un pilier historique de l’éducation à Djibouti. Initialement conçu comme “cours normal” sous l’ère coloniale française, il a évolué pour devenir l’École normale, puis le CFPEN (Centre de Formation des Personnels de l’Education Nationale), le CFEEF (Centre de Formation des Enseignants de l’Enseignement Fondamental) et enfin le CFEN (Centre de Formation de l’Education nationale).

Contexte de Création

À l’époque coloniale, administrée par la France de 1896 à 1977, l’éducation de Djibouti était largement influencée par le modèle français, avec un système centralisé qui reposait dans un premier temps sur un personnel enseignant et d’encadrement composé d’expatriés français. Dans les années 1950-1960, la décolonisation en Afrique et les mouvements d’indépendance ont poussé la France à investir dans l’éducation pour préparer les élites locales, tout en maintenant une influence culturelle. Pour répondre aux besoins d’une population en constante augmentation, et alors que de nouvelles écoles sont ouvertes chaque année, l’administration coloniale décide de la création d’un centre dédié à la formation des enseignants locaux.

Le centre de formation des enseignants de Djibouti, renommé aujourd’hui sous l’acronyme CFEN, a une histoire riche et évolutive, marquée par plusieurs changements de dénomination et une adaptation constante aux besoins du système éducatif national.

Le « cours normal »

Le “cours normal” a été officiellement créé en 1962 en réponse à la loi française de 1951 sur l’enseignement en outre-mer. Sa mission principale était de former des instituteurs primaires locaux pour remplacer progressivement les expatriés français. Dans un premier temps (1960), le cours complémentaire a été transformé en Lycée (Lycée d’Etat actuel). Le cours complémentaire est l’équivalent du secondaire mis en place dans les années 1950. Puis, une section normale (avant le cours normal) a été créée mais qui restait, provisoirement, rattachée au Lycée. On peut considérer que la section normale est l’ancêtre du cours normal. Les élèves qui suivaient la section normale devaient satisfaire à l’examen d’entrée en 6ème et l’obtention du Certificat de fin d’études primaire. Après leur formation dans la section normale, ils obtenaient le titre d’élèves-instituteurs adjoints. En outre, les élèves bénéficiaient d’une bourse pendant la durée de leur scolarité. Ils devaient souscrire l’engagement de servir pendant cinq ans dans les cadres du personnel de l’enseignement du premier degré. Il faut souligner qu’il y’avait très peu d’élèves djiboutiens à cette époque-là à la section normale. Le recrutement des premiers élèves instituteurs se faisaient sur dossier et non sur concours.

A partir de 1965, La section normale devient le cours normal qui est un centre qui a son propre personnel et son propre fonctionnement. Il est installé dans les locaux actuels du service de base de l’éducation nationale. L’accès à la formation des enseignants se faisait désormais sur concours. Ce concours était ouvert aux titulaires au minimum d’un BEPC (Brevet d’Études du Premier Cycle). Par exemple, en 1976, le centre a enregistré neuf candidats admis : sept titulaires d’un BEPC et deux d’un baccalauréat. Les élèves instituteurs ont été accueillis par M. et Mme CASSANG, qui enseignaient dans l’établissement. M. CASSANG en était également le directeur. Il dispensait des cours de pédagogie générale et spécifique. Mme CASSANG enseignait la phonétique. M. Kassim Said, premier inspecteur d’académie du pays, enseignait la morale et l’éthique professionnelle. Ces formateurs français et djiboutiens, peu nombreux et avec des moyens très limités ont réalisé un travail remarquable dans le renforcement du centre de formation des enseignants.

Les élèves instituteurs titulaires d’un BEPC suivaient une formation de deux ans. À l’issue de cette formation, ils obtenaient le Certificat élémentaire d’aptitude professionnelle (CEAP) et sortaient de l’établissement en tant qu’assistants d’enseignement. Les titulaires d’un baccalauréat suivaient une seule année de formation et obtenaient le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP). La bourse d’un élève instituteur titulaire d’un BAC (futur instituteur principal) atteignait 105 mille FDJ (une somme très importante à l’époque !). Ces derniers sortaient du centre en tant qu’instituteurs préparés à être affectés dans les écoles primaires. Le nombre d’école primaire était très limité à cette époque-là.  

Les missions du centre reflétaient une approche coloniale d’influence culturelle, mais elles ont posé les bases d’un système éducatif autonome.

L’Ecole normale

L’école normale est une version plus structurée et plus développée que le cours normal. Le cours normal a changé de nom en 1980 pour devenir l’Ecole normale située dans les locaux actuels du service de base de l’éducation nationale.  L’accès à la formation des enseignants se faisait sur concours. Comme pour le cours normal, ce concours était ouvert aux titulaires au minimum d’un BEPC (Brevet d’Études du Premier Cycle). Par exemple, en 1983, les candidats admis ont été accueillis par M. Gagneux, qui enseignaient dans l’établissement les mathématiques. Le directeur adjoint était un djiboutien M. Mohamed Hassan. Parmi les enseignants Mme Laurent, M. Trampon, M. Albertini, Mme Panosetti, M. Fouad Salem, M. Abdourahman Hassan…etc. Les disciplines enseignées : les mathématiques, le français, l’Histoire géographie, la pédagogie générale, psychopédagogie, les arts plastiques, l’éducation civique et morale, la pédagogie générale et spécifique. Les séances pratiques se déroulaient à l’école normale ou dans l’école annexe (école de la République). À l’issue de cette formation, selon leur niveau, les jeunes élèves enseignants obtenaient soit le Certificat élémentaire d’aptitude professionnelle (CEAP) ou soit le Certificat d’Aptitude Professionnelle (CAP). Ces derniers sortaient du centre en tant qu’instituteurs. Les élèves instituteurs percevaient une bourse de 75 mille FDJ par mois, une somme conséquente pour l’époque.

Dans le cadre des réformes éducatives majeures et de la politique de professionnalisation de l’enseignement lancée dans les années 1990 et surtout au début des années 2000, l’institution a connu plusieurs restructurations.

Le Centre de formation des personnels de l’éducation nationale (CFPEN)

L’Ecole normale a changé de nom pour devenir le Centre de formation des personnels de l’éducation nationale (CFPEN). Cette initiative visait à renforcer les capacités éducatives locales en réponse aux besoins croissants en formation professionnelle des enseignants.

Le Centre de Formation Professionnelle de l’Éducation Nationale (CFPEN) de Djibouti a été une institution clé dans le cadre d’un système éducatif pleinement géré par le ministère de l’éducation nationale. Il a joué un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de l’éducation, en collaboration avec des partenaires clés comme la coopération française.

Les missions principales du CFPEN incluaient la formation initiale et continue des enseignants : Offrir des programmes de formation pour les enseignants, en mettant l’accent sur les pédagogies modernes, l’enseignement en français et l’adaptation aux contextes locaux. Pour la première fois aussi la formation des professeurs du second degré (professeurs des collèges et lycées) a eu lieu au CFPEN.

Par exemple, dans les années 1990, le CFPEN a joué le rôle stratégique d’une université notamment sous la direction de M. BIDON (coopérant français, ancien directeur du CFPEN). Parallèlement à la formation classique des instituteurs, le centre a permis à des étudiants titulaires du BAC de suivre une formation initiale universitaire de 2 années en partenariat avec l’Université de Montpellier 3. Un défi organisationnel et logistique que le CFPEN a su remarquablement relever. Les étudiants, après l’obtention de leur diplôme (DEUG) ont été recrutés comme professeurs adjoints dans les collèges. Ce programme qui combine formation initiale des étudiants et préparation au métier d’enseignant a été un véritable succès et montre que le CFPEN a su s’adapter aux réalités du système éducatif djiboutien. Cette formation universitaire fournit dans les locaux du CFPEN, s’est arrêtée après la création du pôle universitaire de Djibouti au début des années 2000. Le pôle universitaire est l’ancêtre de l’Université de Djibouti. Ces années-là ont été marquées par une coopération très riche entre le CFPEN et l’Université de Montpellier 3 et d’une manière générale avec les experts coopérants français dans le domaine de l’éducation. Des relations durables se sont nouées entre les formateurs djiboutiens et leurs collègues français. On peut citer par exemple l’implication remarquable de M. Jean-Dominique Pénel dans la formation des enseignants djiboutiens.

Depuis sa création, le CFPEN a eu un impact significatif sur le système éducatif djiboutien. Il a formé des milliers d’enseignants, améliorant ainsi le taux de réussite scolaire et réduisant les inégalités éducatives. En favorisant une éducation bilingue, il a contribué au développement économique et social du pays, en préparant une main-d’œuvre qualifiée. De plus, il a renforcé les liens culturels avec la Francophonie, aidant Djibouti à s’intégrer dans les réseaux éducatifs internationaux. Malgré les défis comme les ressources limitées, le CFPEN a su jouer un rôle de pilier de l’éducation nationale.

A partir des années 2010, afin de mieux capitaliser sur les réussites du CFPEN, le ministère de l’éducation nationale a voulu doter le centre de plus de moyens et d’une plus grande autonomie d’action.

Le CFEEF

Le Centre de Formation des Enseignants de l’Enseignement Fondamental (CFEEF) a été créé officiellement en 2012. Le nouveau statut du CFEEF lui permettait d’être doté d’une autonomie administrative et financière. L’objectif était de permettre au centre de prendre des décisions efficaces et adaptées à ses besoins sans être soumis à des procédures administratives lourdes. L’autonomie permettait aussi au centre d’avoir une plus grande marge de manœuvre et d’établir des partenariats de manière autonome avec d’autres institutions pour renforcer sa capacité à atteindre ses objectifs.

Installé dans un nouveau bâtiment mitoyen du site du boulevard de Gaulle de l’Université de Djibouti, le CFEEF est une institution moderne qui apporte plusieurs innovations. Parmi les nouveautés, le centre accueillait des élèves professeurs titulaires au minimum d’un diplôme de licence. Cette évolution s’accompagne logiquement de la création du Cadre Unique des professeurs. L’objectif est de former des enseignants qui ont déjà un niveau académique élevé pour répondre aux besoins d’enseignants de plus en plus qualifiés.

Le centre a entrepris aussi de former son propre personnel et ses formateurs grâce notamment à un partenariat avec l’Académie de Montpellier. Il s’agit pour le centre de disposer d’un personnel suffisant et qualifié pour encadrer la formation d’environ 400 enseignants par an. Le CFEEF ambitionnait aussi de servir de pôle de formation continue pour l’ensemble du personnel de l’éducation nationale.

Le programme de formation des enseignants a été aussi innové avec une année de formation au centre et une année d’accompagnement sur le terrain. Par ailleurs, le centre gérait de manière autonome ses écoles annexes au nombre de 4.

Cette évolution montre une transition vers un modèle de centre de formation plus autonome, intégré aux politiques nationales d’éducation. Mais le CFEEF a été confronté à plusieurs difficultés. Parmi ces difficultés, la collaboration avec l’Université de Djibouti ou d’autres universités partenaires pour notamment lancer une formation initiale dans le cadre d’une filière de l’enseignement destinée aux enseignants des écoles fondamentales n’a pas pu être mise en œuvre. Ce type de cursus aurait permis, dans la poursuite des réalisations du CFPEN, de mieux adapter la formation des enseignants aux besoins du système éducatif djiboutien. En outre, le CFEEF n’a pas pu mobiliser suffisamment de ressources propres pour développer une plus grande autonomie financière et administrative.

Le CFEN

Le CFEEF est renommé CFEN (Centre de formation de l’éducation nationale) en 2024. « Il met en œuvre la formation initiale et continue des élèves professeurs, des personnels d’encadrement, d’administration et de gestion des établissements scolaires ». L’ambition d’un grand centre de formation de tout le personnel de l’éducation est ainsi renouvelée. Le CFEN poursuit donc sur la même lancée que le CFEEF. Pour le moment, son fonctionnement général reste similaire à celui du CFEEF. Mais un des changements les plus importants est la révision de son statut. Le centre a un nouveau statut qui acte sa perte d’autonomie administrative et financière.  

Aujourd’hui, le CFEN forme environ 500 enseignants par an. Ce nombre d’enseignants formés relativement important s’explique par les nouvelles constructions d’écoles et de salles de classes notamment dans le cadre du développement de l’enseignement préscolaire et des structures d’enseignement bilingue. Les efforts ont déjà donné des résultats très satisfaisants. En effet, le nombre d’élèves scolarisés est en constante amélioration. L’ensemble des établissements scolaires publics (du préscolaire au secondaire y compris l’enseignement technique) accueillent plus de 160 mille élèves en 2024. Le gouvernement de Djibouti s’engage désormais vers une éducation universelle et inclusive à court terme.

Rôle dans le développement de l’Éducation

Quelle que soit sa dénomination, la structure de formation des enseignants a joué un rôle central dans le développement de l’éducation à Djibouti. Avant 1958, l’enseignement était limité à quelques écoles missionnaires et françaises, avec un taux d’alphabétisation inférieur à 10 %. En formant des centaines d’enseignants chaque année, il a contribué à l’ouverture d’écoles primaires et secondaires dans tout le pays, augmentant considérablement le taux d’alphabétisation. Il a également introduit des méthodes pédagogiques modernes et a soutenu la transition vers un système national. L’impact du centre est profond et multidimensionnel : Il a produit des générations d’enseignants qualifiés. En promouvant l’éducation bilingue et multiculturelle, il a renforcé la cohésion sociale dans un pays multiethnique. Il a également stimulé l’émancipation économique, en formant des enseignants qui deviennent des leaders communautaires. Cependant, des défis persistent, comme le manque de ressources matérielles et la fuite des cerveaux. Certains critiques pointent une dépendance persistante aux modèles français, limitant l’innovation locale, et des inégalités d’accès pour les régions rurales.

Défis et pistes de développement

Les défis auxquels le CFEN est confronté sont liés à la mutation rapide du monde et aux exigences d’un enseignement de qualité. L’institution doit continuellement s’adapter aux réformes éducatives, assurer une formation de qualité face aux besoins croissants en personnel qualifié, et intégrer les nouvelles technologies. La gestion des effectifs et la consolidation financière du secteur restent des enjeux constants. La question de l’amélioration des moyens du Centre est essentielle. La bourse octroyée aux élèves enseignants a été diminué progressivement pour atteindre 15 mille francs en 2003 et a été totalement supprimé par la suite. Néanmoins, il faut souligner que Djibouti investit massivement dans l’éducation nationale en y consacrant près de 20 % de son budget annuel. Le développement futur s’inscrit dans un plan stratégique robuste du centre aligné sur la “Vision Djibouti 2035” et les schémas directeurs nationaux, visant une éducation de qualité alignée sur les besoins du marché de l’emploi.

Pour renforcer son rôle futur, le centre peut intégrer des plateformes en ligne pour former des enseignants à distance, atteignant les zones reculées et réduisant les coûts. L’intégration des outils numériques et des plateformes d’apprentissage en ligne (comme Moodle) est une piste de développement majeure.  Il peut aussi renforcer les formations en éducation inclusive (pour les élèves handicapés) et en pédagogie environnementale. Le centre peut aussi améliorer ses collaborations avec des institutions comme des centres de formation africains ou des universités européennes pour des échanges et des financements. Le CFEN peut aussi accélérer la création d’un centre de recherche pédagogique pour développer des méthodes adaptées au contexte djiboutien, comme l’enseignement en langues locales. Un renforcement du lien avec la recherche pédagogique, notamment via le Centre de Recherche, d’Information et de Production de l’Éducation Nationale (CRIPEN) et l’Université de Djibouti, est essentiel pour améliorer constamment les méthodes et les contenus.

Le centre peut aussi explorer la possibilité de développer des programmes payants ou des partenariats privés pour réduire sa dépendance budgétaire. Par exemple, pour renforcer son autonomie financière le CFEEF aurait pu nouer des partenariats pour former les personnels des établissements privés. L’enseignement du privé est en pleine expansion et il est nécessaire de l’accompagner.

Le rôle principal de l’institution a toujours été la formation initiale et continue des enseignants djiboutiens, jouant un rôle stratégique dans la professionnalisation du métier d’enseignant. Elle a permis la mise en place d’un corps enseignant national, essentiel pour l’autonomie du système éducatif post-colonial.

Le centre a formé des générations entières d’enseignants, contribuant directement à l’augmentation significative des effectifs scolarisés et aux progrès de l’instruction dans le pays. En formant des éducateurs issus de la société djiboutienne, l’institution a eu un impact majeur sur la construction nationale de l’identité djiboutienne, en favorisant l’accès à l’éducation pour tous. Pour renforcer son développement le centre a besoin d’une part de plus d’autonomie et de ressources (humaines, matériels, financières) et d’autre part de nouer des partenariats stratégiques avec des institutions nationales et internationales.

Le CFEN incarne l’histoire éducative de Djibouti, de ses racines coloniales à son rôle national dans le développement du système éducatif de Djibouti. Son évolution témoigne de sa résilience et de son adaptation, offrant potentiellement un modèle pour d’autres pays notamment dans la région.

Abdallah Hersi