Le 30 mai dernier, à Hong Kong, la Convention portant création de l’Organisation internationale pour la Médiation (OIMed) a été signée par 33 pays, dont la Chine et Djibouti. Cette nouvelle structure vise à promouvoir la médiation comme outil de résolution pacifique des différends internationaux. À travers cet entretien, l’ambassadeur de Chine à Djibouti, S.E.M. Hu Bin, revient sur l’importance de cette organisation, son rôle dans la gouvernance mondiale, et les perspectives qu’elle ouvre pour la coopération sino-djiboutienne.

La Nation : Monsieur l’Ambassadeur, pouvez-vous nous présenter l’OIMed et ce que représente sa création ?

Ambassadeur Hu Bin : La cérémonie de signature de la Convention créant l’Organisation internationale pour la Médiation (OIMed) s’est tenue le 30 mai à Hong Kong. Ce moment marque l’établissement officiel de cette nouvelle organisation internationale. Trente-trois pays, dont la Chine et Djibouti, y ont apposé leur signature, devenant ainsi membres fondateurs. Une cinquantaine d’autres pays et une vingtaine d’organisations internationales étaient également présents pour témoigner cet événement. La médiation est un moyen pacifique de règlement des différends internationaux, reconnu par la Charte des Nations Unies. Elle repose sur le respect de la volonté des parties et l’intervention d’un tiers impartial. Jusqu’à présent, il n’existait pas d’organisation internationale spécifiquement dédiée à ce mode de résolution. L’OIMed comble donc un vide institutionnel, en proposant une plateforme structurée pour traiter, par la médiation, des différends entre États, entre États et investisseurs étrangers, ainsi que des litiges commerciaux internationaux. Elle représente un bien public précieux au service de la paix et d’une gouvernance mondiale plus équilibrée.

Le siège permanent de l’OIMed sera installé à Hong Kong, une ville dont l’environnement juridique avancé et l’ouverture internationale en font un lieu idéal pour accueillir ce type d’institution.

La Chine et Djibouti font partie des membres fondateurs. Quelles perspectives cette nouvelle organisation offre-t-elle à leur coopération bilatérale ?

La Chine et Djibouti partagent des valeurs fortes en matière de politique étrangère : indépendance, autonomie, attachement au multilatéralisme et volonté de promouvoir la paix par le dialogue. La création de l’OIMed enrichit ces convergences, en ajoutant un nouveau champ de coopération autour de la médiation.

Djibouti possède une solide expérience dans ce domaine. Son Président, S.E.M. Ismaïl Omar Guelleh, est reconnu comme un acteur clé de la médiation régionale. Il y a 25 ans, sous son impulsion, la Conférence d’Arta a permis de réconcilier les parties somaliennes et de tourner une page sombre de l’histoire de la Somalie. Plus récemment, Djibouti s’investit activement dans la résolution des crises au Soudan et au Soudan du Sud, notamment à travers l’IGAD que le Président Guelleh préside actuellement. L’élection récente de S.E.M. Mahmoud Ali Youssouf, ancien ministre djiboutien des Affaires étrangères, à la tête de la Commission de l’Union africaine, témoigne aussi de la reconnaissance africaine pour l’approche djiboutienne de la diplomatie : celle de la paix, du dialogue et de la médiation.

Quel rôle la Chine entend-elle jouer dans la promotion de la médiation à l’échelle mondiale à travers l’OIMed ?

Nous vivons une époque marquée par des bouleversements profonds et des tensions croissantes. Dans ce contexte, la communauté internationale a besoin de dialogue, de coopération et de solutions pacifiques plus que jamais. La Chine est déterminée à travailler, avec ses partenaires comme Djibouti, pour que l’OIMed devienne une plateforme efficace, représentative et inclusive.

L’objectif est de renforcer le rôle des pays en développement dans la gouvernance mondiale, d’encourager le règlement pacifique des différends, de promouvoir l’équité et la justice internationales, et de faire triompher les logiques de coopération sur celles de confrontation. Nous croyons que l’OIMed contribuera à bâtir un monde plus harmonieux, où la voix de chaque nation, quelle que soit sa taille, sera entendue.