L’Inde a célébré le 75e anniversaire de son indépendance en 2022. Le gouvernement indien s’est fixé pour objectif de devenir une économie développée d’ici 2047. La réussite de l’Inde est cruciale pour l’économie mondiale, car elle abrite environ un sixième de la population mondiale. L’enthousiasme suscité par les perspectives de croissance de l’Inde est palpable, compte tenu du ralentissement de la croissance mondiale, récemment accentué par des facteurs défavorables tels que des niveaux d’endettement mondial par rapport au PIB sans précédent, l’inflation, le ralentissement de la croissance démographique mondiale et la stagnation du commerce mondial par rapport au PIB. Ces tendances ont été encore aggravées par la montée du protectionnisme dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.

L’Inde a atteint une masse critique et se classe désormais au cinquième rang mondial des économies, principalement grâce à ses politiques de libéralisation économique. Ces politiques l’ont orientée davantage vers le marché, ont permis un rôle accru du capital privé et, ce faisant, ont renforcé sa compétitivité mondiale. Les projections de croissance pour l’économie indienne sont les plus élevées de toutes les grandes économies au cours des prochaines décennies. L’Inde devrait franchir les seuils critiques de 5, 10 et 20 billions de dollars américains (en taux de change du marché) respectivement pour les exercices financiers 2028, 2036 et 2045.

Le magazine Economy a passé en revue la longue liste des pays les plus performants, mais a sélectionné l’Inde au hasard pour la première place. Cependant, l’Inde a récemment décroché la première place économique pour 2025 grâce à une croissance du PIB de 8,2 %, une réduction historique de la pauvreté et une révolution numérique. Il y a cinq ans, 80 % des transactions s’effectuaient en espèces ; aujourd’hui, ce chiffre s’est inversé. En Inde, 18,39 milliards de transactions via l’interface de paiement unifiée (UPI) ont été enregistrées pour le seul mois de juin 2025, représentant un volume mensuel de 285 milliards de dollars, soit plus que le volume mondial de Visa.

Le PIB indien a progressé de 7,8 % en glissement annuel au deuxième trimestre de l’exercice 2025-2026 (avril-juin), dépassant largement les prévisions du marché et le taux de croissance de 6,5 % enregistré l’année précédente, avant de s’accélérer à 8,2 % au deuxième trimestre. Après une croissance économique de 6,5 % en 2024-2025, le FMI prévoit une croissance du PIB réel de 6,6 % pour l’exercice 2025-2026. Alors que l’Allemagne a stagné, que la croissance chinoise a ralenti à 4,8 % et que les économies avancées ont subi les contrecoups de l’inflation, l’Inde s’est imposée comme le moteur incontesté de la croissance mondiale, parmi les grandes puissances.

Cette performance dépasse le simple calcul du PIB. Les résultats de l’Inde en 2025 représentent l’aboutissement de réformes entreprises des années auparavant et qui portent enfin leurs fruits : une histoire où la volonté politique rencontre une opportunité économique au moment opportun. De la refonte de la TPS à la mise en œuvre du code du travail, de la démocratisation de la fintech à l’accélération des infrastructures, voici comment l’Inde a mérité d’être désignée Économie de l’année 2025.

Parmi les 50 plus grandes économies mondiales, l’Irlande arrive en tête avec une croissance de 9,11 %, suivie de l’Inde (6,65 %) et du Vietnam (6,46 %). Le rythme soutenu de la croissance indienne sur plusieurs trimestres consécutifs, ainsi que la composition sectorielle, révèlent une expansion équilibrée plutôt qu’une forte dépendance. Le secteur des services affiche une croissance de 9,3 %, tirée par les services financiers, les technologies de l’information et l’hôtellerie-restauration ; le secteur secondaire (industrie manufacturière et construction) enregistre une expansion de 7,6 % ; l’agriculture, avec une croissance de 2,9 %, est freinée par la variabilité climatique mais tend à se stabiliser. Notamment, la croissance de la valeur ajoutée brute (VAB) a atteint 7,6 % entre avril et juin 2025. L’Inde devrait atteindre un PIB de 5 000 milliards de dollars d’ici 2027 et devenir la troisième économie mondiale avec un PIB projeté de 7 300 milliards de dollars d’ici 2030.

Selon les Perspectives de l’économie mondiale du FMI, le revenu national brut (RNB) par habitant de l’Inde est estimé à 2 878 dollars en 2025 (aux prix courants). En 2023, le RNB par habitant de l’Inde a progressé de 6,72 % pour atteindre 2 540 dollars. Au cours des trois dernières années, le revenu par habitant a augmenté de 35,12 % en termes constants, ce qui représente une amélioration tangible du niveau de vie pour 1,4 milliard de personnes.

Pour maintenir une forte croissance et atteindre le statut de pays à revenu élevé d’ici 2047, l’Inde doit porter l’investissement total de 33,5 % du PIB actuellement à 40 % d’ici 2035. Les bases sont posées : le programme d’incitation à la production, lancé en 2020 dans 14 secteurs, a attiré 1 760 milliards de roupies d’investissements engagés et créé plus de 1,2 million d’emplois d’ici mars 2025, pour des décaissements publics dépassant 215 milliards de roupies. Les entrées d’IDE en actions pour l’exercice 2026 (avril-juin 2025) ont bondi de 13 % pour atteindre 18,62 milliards de dollars, avec des investissements importants dans les services et les logiciels. La productivité de l’économie numérique indienne est cinq fois supérieure à celle des autres secteurs, et sa part dans la valeur ajoutée brute (VAB) devrait atteindre 20 % d’ici 2029-2030, contribuant potentiellement jusqu’à 1 000 milliards de dollars au PIB d’ici 2030.

Le secteur de la fintech, en particulier, devrait atteindre 990,45 milliards de dollars d’ici 2032, avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 30,26 % à partir de 2024. En 2024, plus de 10 000 entreprises fintech opéraient en Inde, levant plus de 28 milliards de dollars grâce à 1 486 accords conclus entre 2014 et 2023, donnant naissance à 26 licornes, dont une décacorne. Les introductions en bourse de Groww et Pine Labs en 2025 ont démontré la confiance du marché public dans les modèles fintech à grande échelle, tandis que des entreprises comme Razorpay et Cashfree se sont développées dans le domaine des transferts de fonds internationaux, ciblant le marché indien des transferts de fonds sortants, estimé à 29 milliards de dollars par an.

Les investissements en cybersécurité devraient atteindre 35 milliards de dollars d’ici 2025, contre 4,5 milliards en 2018, témoignant d’une prise de conscience accrue de la nécessité d’une protection robuste des infrastructures numériques. Le cadre réglementaire expérimental mis en place par la RBI permet une expérimentation contrôlée, favorisant l’innovation tout en maîtrisant les risques.

Des accords de libre-échange sont en cours de négociation avec 50 pays, dont les États-Unis, l’Union européenne et l’Eurasie. L’accord avec le Royaume-Uni devrait être conclu en juillet 2025. Ces négociations reconnaissent l’importance du marché indien, sa gouvernance démocratique et son rôle stratégique dans un monde de plus en plus multipolaire. L’Inde ambitionne d’accéder au statut de pays à revenu élevé d’ici 2047, ce qui requiert une croissance moyenne de 7,8 % sur les 22 prochaines années – un objectif ambitieux, mais réalisable compte tenu de l’accélération récente de la croissance.

On a récemment constaté une forte hausse des réserves de change de l’Inde au cours de la troisième semaine de décembre. Selon les données de la Banque de réserve de l’Inde (RBI) publiées le 26 décembre 2025, ces réserves ont progressé de près de 4,4 milliards de dollars pour atteindre 693,3 milliards de dollars au cours de la semaine se terminant le 19 décembre.

Cette forte augmentation s’explique par l’opération d’achat-vente de swaps USD/INR (roupie nationale indienne) menée par la banque centrale le 16 décembre, d’un montant de 5 milliards de dollars, afin d’injecter des liquidités dans le système bancaire. Les banques ont vendu des dollars américains à la RBI en échange de roupies et se sont simultanément engagées à racheter le même montant de dollars à l’échéance de l’opération. Le règlement de la transaction a eu lieu le 18 décembre. Les réserves de change de l’Inde, parmi les plus importantes au monde, peuvent couvrir les importations pendant plus de 11 mois.

La valeur des réserves d’or a augmenté de 2,6 milliards de dollars pour atteindre 110 milliards de dollars au cours de la même semaine. Les droits de tirage spéciaux (DTS) ont également progressé de 8 millions de dollars pour s’établir à 18,7 milliards de dollars. Les réserves de l’Inde auprès du FMI ont légèrement progressé pour atteindre 4,8 milliards de dollars. La RBI a annoncé qu’elle procéderait à une opération d’achat/vente de swaps USD/INR d’un montant de 10 milliards de dollars sur trois ans, le 13 janvier 2026.

Des centres de données en Inde : les géants technologiques américains investissent des milliards

Le PDG de Microsoft, Satya Nadella, s’est exprimé à New Delhi, vantant l’investissement de 17,5 milliards de dollars (22 milliards de dollars singapouriens) de son entreprise dans l’intelligence artificielle (IA) et les bénéfices qu’elle apporterait aux 1,4 milliard d’habitants de son pays. Au même moment, Amazon faisait une annonce concurrente, promettant d’investir 35 milliards de dollars dans des projets d’IA à travers l’Inde.

Un afflux massif de capitaux se déverse en Inde dans les centres de données, le cloud computing et autres équipements informatiques. Deux mois avant les annonces quasi simultanées de Microsoft et d’Amazon, Google s’est engagé à investir 15 milliards de dollars dans des centres de données, en partenariat avec deux des plus grands conglomérats indiens : le groupe Adani et Bharti Airtel. Ces 67,5 milliards de dollars, qui seront dépensés au cours des cinq prochaines années, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Un quatrième géant américain de la technologie, Meta, fait construire une usine près de celle de Google, tout comme les autres grands groupes industriels indiens, Reliance et Tata.

Ces investissements sont colossaux, proportionnellement à tous les autres investissements, à l’exception de ceux liés à l’IA. Des milliers de milliards de dollars sont en jeu dans ce boom mondial. En Inde, les entreprises perçoivent un marché au potentiel immense. L’Inde héberge près de 20 % des données mondiales, mais seulement 3 % de son stockage. Les États-Unis possèdent beaucoup plus de centres de données que l’Inde, mais la population indienne, déjà la plus importante au monde, continue de croître et son économie se développe encore plus rapidement.

Les investissements colossaux de Microsoft, Amazon, Google et Meta en Inde soulignent la portée apparemment illimitée du boom de l’IA. Malgré la décision surprenante du président américain Donald Trump d’imposer des droits de douane de 50 % à l’Inde à l’été 2025, les capitaux investis dans l’IA continuent d’affluer. Les centres de données nécessitant des terrains bon marché, de l’électricité et de l’eau en abondance, l’Inde a tout intérêt à y contribuer grâce à ses vastes terres agricoles, sa main-d’œuvre peu abondante et son rendement élevé.

Depuis 2018, l’Inde examine des projets de loi qui imposeraient que les services numériques soient hébergés sur des serveurs situés en Inde. Pour des raisons de sécurité nationale, le gouvernement exige déjà que les banques et WhatsApp, propriété de Meta, conservent leurs données localement. Jusqu’à récemment, la plupart des données indiennes étaient stockées sur des serveurs à Singapour, à 2 900 km de là, de l’autre côté du golfe du Bengale.

Les centres de données de Google, Microsoft, Amazon et Meta viendront s’ajouter à un nombre croissant de centres plus petits répartis dans les principales zones urbaines du pays. La plupart sont situés le long des côtes, où ils peuvent être connectés par des câbles sous-marins. La première politique indienne en matière de centres de données a été élaborée en 2016 et Hyderabad a été la première ville à y implanter des centres de données, construits avant même que l’intelligence artificielle n’exige davantage de capacité. Aujourd’hui, elle en compte quatre.

Les parcs de données d’Hyderabad sont connectés à de multiples sources d’énergie et bénéficient d’une électricité abondante à prix de gros. Le réseau électrique indien est certes capricieux, mais globalement, il produit désormais plus d’électricité qu’il n’en consomme, et la majeure partie de cette électricité est renouvelable. Aux États-Unis, l’électricité coûte en moyenne 18 cents US le kilowattheure, tandis que les centres de données d’Hyderabad ne paient que 7 cents US.

L’accès à l’eau constitue un autre défi pour la construction de centres de données en Inde. En 2019, un barrage gigantesque a détourné l’eau de deux rivières afin d’irriguer la majeure partie de l’État autour d’Hyderabad. Et il en reste encore suffisamment pour les nouveaux centres de données, grands consommateurs d’eau, qui utilisent des tonnes pour refroidir leurs serveurs.

Coforge, entreprise indienne de services informatiques, va acquérir Encora pour 2,35 milliards de dollars afin de renforcer son offre en IA

Le fournisseur indien de services informatiques Coforge a annoncé le 26 décembre l’acquisition de la société spécialisée en intelligence artificielle (IA) Encora pour une valeur d’entreprise de 2,35 milliards de dollars. Cette acquisition permettra de renforcer ses compétences internes en IA et d’étendre sa présence aux États-Unis et en Amérique latine. Les entreprises informatiques indiennes étudient actuellement les possibilités de financement de projets liés à l’IA. Encora, soutenue par Advent International et Warburg Pincus, propose des solutions d’IA pour l’ingénierie produit, cloud et données. Coforge prévoit un chiffre d’affaires annuel de 2 milliards de dollars d’ici mars 2027.

L’entité issue de la fusion devrait dégager une marge de 14 % avant intérêts et impôts, l’acquisition étant censée avoir un effet positif sur le bénéfice par action dès l’exercice 2027. Selon Pareekh Jain, fondateur du cabinet de conseil technologique EIIR Trend, les revenus générés par la fusion permettraient à Coforge de dépasser Persistent, Mphasis et Hexaware et de devenir la septième plus grande entreprise informatique d’Inde.

Coforge financera l’opération, valorisée à 1,89 milliard de dollars, par l’émission d’actions préférentielles à 1 815,91 roupies l’unité, soit une prime de 8,5 % par rapport au cours de clôture de vendredi. Les actionnaires d’Encora recevront quant à eux une participation de 20 % dans la nouvelle entité. L’entreprise prévoit de rembourser la dette de la société californienne grâce à une levée de fonds pouvant atteindre 550 millions de dollars, soit par le biais d’un prêt-relais, soit par un placement institutionnel qualifié d’actions Coforge.

La société indienne, qui réalise 58 % de son chiffre d’affaires en Amérique du Nord et du Sud, renforcera sa présence dans l’Ouest et le centre-ouest américains grâce à cette acquisition et bénéficiera de l’accès aux effectifs d’Encora, qui compte environ 3 100 employés en Amérique latine. L’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 120,51 milliards de roupies (1,34 milliard de dollars) au cours de l’exercice 2025, en hausse de 32 % par rapport à l’année précédente, tandis qu’Encora a réalisé un chiffre d’affaires de 516 millions de dollars. Coforge a indiqué que la transaction devrait être finalisée dans un délai de quatre à six mois et que BDA Partners a agi en tant que banque d’affaires pour cette opération.