M. Albasse Abdallah Youssouf, président de l’Association EMAP, est titulaire d’un Master 2 en Administration Publique. Haut cadre au Ministère de l’Intérieur, il a également exercé plus de dix ans comme directeur des ressources humaines à EAD Camp Lemonnier. Spécialiste des conflits d’intérêts, de la gestion du personnel et des enquêtes administratives, il met aujourd’hui son expertise au service de l’EMAP pour renforcer et moderniser l’action publique au bénéfice du citoyen djiboutien.

La Nation : Monsieur le président, L’EMAP se consacre au Management de l’Action Publique. Quelle est la mission centrale de l’Association et en quoi s’inscrit-elle concrètement dans la Vision Djibouti 2035 ?

Albasse Abdallah Youssouf : L’Association des Experts en Management de l’Action Publique est née d’une exigence partagée : celle de placer la qualité du management au cœur de la performance de l’État. Sa mission essentielle consiste à accompagner l’administration dans sa modernisation, en renforçant les compétences stratégiques, managériales et organisationnelles, tout en promouvant une culture de résultats, de transparence et d’efficacité. Cette orientation trouve un écho direct dans la Vision Djibouti 2035, qui fait de la bonne gouvernance, de la valorisation du capital humain et de l’efficacité administrative des piliers du développement national. L’EMAP agit ainsi comme un relais opérationnel entre l’ambition stratégique portée par les autorités publiques et sa déclinaison concrète sur le terrain administratif.

Quel rôle joue l’EMAP et comment parvient-elle à conjuguer partenariat institutionnel et dynamique de transformation ?

L’EMAP se positionne comme un partenaire engagé et responsable de l’État, fondant son action sur la loyauté institutionnelle et la compétence technique. Constituée de hauts cadres formés aux standards internationaux du management public, notamment à travers le programme GMOP en partenariat avec l’IRA de Lille, l’Association bénéficie d’une compréhension fine des enjeux administratifs contemporains.

Cette posture lui permet d’être à la fois un appui stratégique et un moteur de transformation. Sans se substituer aux institutions, l’EMAP contribue à faire émerger des approches nouvelles, anticipe les mutations et accompagne les administrations dans la conduite du changement, toujours dans le respect des orientations nationales.

L’atelier organisé à l’hôtel Escale a illustré une convergence stratégique remarquable. Comment l’EMAP réussit-elle à rassembler des acteurs aussi variés autour d’une vision commune ?

Cette convergence repose avant tout sur une méthode inclusive et structurée. L’EMAP privilégie le dialogue, la complémentarité des expertises et la recherche de synergies durables. En réunissant responsables publics, universitaires, acteurs du secteur privé, partenaires financiers et institutions de formation, l’Association crée un espace de confiance propice à l’intelligence collective.

L’atelier de l’hôtel Escale en a été une illustration concrète, en fédérant ces acteurs autour d’un enjeu majeur : la modernisation de l’action publique à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. Ce succès tient autant à la crédibilité de l’EMAP qu’à la clarté de sa vision et à la rigueur de son organisation.

Dans un contexte mondial en mutation, quelle est la singularité de l’approche djiboutienne du management public et comment l’EMAP y contribue-t-elle ?

L’approche djiboutienne se distingue par sa capacité à conjuguer réformes structurelles, stabilité institutionnelle et ouverture à l’innovation. Le pays a fait le choix stratégique d’investir dans la formation de ses cadres et dans l’adaptation progressive de son administration aux défis contemporains, notamment numériques.

L’EMAP s’inscrit pleinement dans cette dynamique en favorisant l’expérimentation maîtrisée, la valorisation des retours d’expérience et l’appropriation locale des meilleures pratiques internationales. À travers ses actions, elle contribue à positionner Djibouti comme un véritable laboratoire de modernisation administrative, fondé sur des compétences nationales solides.

Comment l’EMAP entend-elle garantir la continuité et la durabilité de la réforme administrative?

La continuité constitue l’un des principes fondateurs de l’EMAP. L’Association s’inscrit dans une logique de long terme, loin des initiatives ponctuelles. Elle mise sur la capitalisation des travaux, la production de recommandations stratégiques et le renforcement continu des capacités de ses membres.

Cette rigueur permet d’inscrire chaque action dans une trajectoire cohérente et durable, en parfaite adéquation avec les priorités nationales. L’EMAP ambitionne ainsi de contribuer à une réforme administrative progressive, structurée et pérenne, conforme à l’exigence de discipline et de constance portée par la vision gouvernementale.

Après l’atelier de l’hôtel Escale, quelles sont les prochaines étapes pour maintenir la dynamique engagée ?

L’atelier organisé à l’hôtel Escale marque le point de départ d’un cycle d’actions ambitieux. L’EMAP prévoit de multiplier les panels thématiques, les cycles de formation et les espaces de dialogue entre secteurs public et privé, tout en développant des travaux de réflexion appliquée sur les grands enjeux de l’action publique.

À moyen terme, l’Association entend également produire des notes stratégiques et formuler des propositions concrètes à destination des décideurs. L’objectif est clair : entretenir l’élan de modernisation et installer durablement l’EMAP comme un acteur de référence du management public à Djibouti.