
« En choisissant Ali Sabieh comme point de départ, cette édition marque une volonté claire de renforcer l’inclusion des régions dans la dynamique nationale »
Dans une interview qu’elle nous accordée à l’occasion de la semaine nationale de la solidarité que son département lancera la semaine prochaine à Ali Sabieh, la Ministre des Affaires Sociales et des solidarités dresse le bilan de la solidarité nationale. Elle rappelle que les actions du ministère reflètent une volonté affirmée de bâtir une solidarité nationale forte, en mettant en place des outils adaptés pour répondre aux besoins des populations les plus démunies et en investissant dans des solutions durables pour leur autonomisation. Interview.

Madame la ministre, pouvez-vous nous faire un bilan des principaux programmes exécutés par votre département dans le cadre de la solidarité nationale avec les plus démunis?
Le Ministère des Affaires Sociales et des Solidarités de Djibouti, chargé de l’application de la politique sociale du gouvernement, a pour mission première la lutte contre la pauvreté et la promotion de la solidarité nationale. Depuis sa création, il s’appuie sur un fonds de solidarité destiné à financer des initiatives en faveur des populations les plus vulnérables, avec pour objectif de réduire les inégalités sociales et de renforcer la cohésion nationale. Plusieurs programmes phares ont marqué l’action du ministère ces dernières années.
Parmi ces initiatives, le Programme National de Solidarité Famille (PNSF) occupe une place centrale. Lancé en 2016 sous l’égide du Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, ce programme vise à fournir des transferts monétaires réguliers aux ménages les plus démunis. En garantissant leur sécurité alimentaire et nutritionnelle, il constitue un filet de sécurité essentiel pour des milliers de familles à travers le pays. Grâce à sa couverture nationale, incluant toutes les régions et sous-préfectures, le PNSF est devenu un levier crucial dans la lutte contre la pauvreté et la réduction des disparités sociales.
Le ministère a également initié le Programme d’Assistance Sociale de Santé (PASS), dont l’objectif est de garantir une couverture maladie universelle. Depuis 2016, ce programme permet à des milliers de familles, y compris dans les régions les plus isolées, d’accéder à des soins de santé de qualité sans craindre de lourdes charges financières. En facilitant l’accès aux services de santé pour les populations vulnérables, le PASS contribue à améliorer le bien-être général des communautés et à réduire les disparités en matière de santé.
Pour soutenir les jeunes issus des régions de l’intérieur, le Programme d’Assistance pour les Étudiants des Régions Intérieures (ASERI), lancé en 2013, offre une aide précieuse aux étudiants contraints de se rendre dans la capitale pour poursuivre leurs études. En leur accordant des bourses et diverses formes d’assistance, ce programme vise à atténuer les contraintes économiques, à pallier l’éloignement familial et à garantir une équité dans l’accès à l’éducation supérieure.
Les projets communautaires de développement constituent un autre volet clé des actions du ministère. Ces projets, élaborés en concertation avec les communautés locales, répondent de manière spécifique et adaptée aux besoins des populations. Ils incluent la construction ou la réhabilitation d’infrastructures essentielles : locaux communautaires favorisant les échanges sociaux, ouvrages hydrauliques pour améliorer l’accès à l’eau potable, postes de santé pour garantir des soins de proximité, écoles pour encourager l’éducation des enfants, ainsi que des infrastructures économiques telles que des marchés et galeries marchandes. Ces initiatives participent non seulement à l’amélioration des conditions de vie, mais également au renforcement des dynamiques locales.
Enfin, le programme d’autonomisation s’inscrit dans une démarche de long terme pour encourager l’indépendance économique des populations vulnérables. Grâce à des dispositifs tels que les caisses rurales d’épargne et de crédit (CRECs) et les formations en gestion de projets, ce programme permet aux bénéficiaires de développer des activités génératrices de revenus et d’améliorer durablement leurs conditions de vie.
En somme, les actions du ministère reflètent une volonté affirmée de bâtir une solidarité nationale forte, en mettant en place des outils adaptés pour répondre aux besoins des populations les plus démunies et en investissant dans des solutions durables pour leur autonomisation. Ces programmes témoignent d’un engagement constant en faveur d’un développement inclusif et équitable pour tous.
Qu’en est-il des projets sociaux et des programmes d’activités génératrices de revenus que vous avez initiés dans les régions ?
Dans les régions, notre ministère a mis en place des projets sociaux et des programmes d’activités génératrices de revenus (AGR) pour répondre aux besoins spécifiques des populations rurales et favoriser leur autonomisation économique. Ces initiatives, au cœur de notre stratégie de lutte contre la pauvreté, s’adressent à la fois aux individus et aux groupements communautaires, avec deux dispositifs principaux : les Caisses Rurales d’Épargne et de Crédit (CRECs) et les Groupements d’Entraide et d’Affinités (GEA).
Les CRECs jouent un rôle clé dans le développement économique des zones rurales. Elles permettent aux membres, notamment les femmes, les jeunes et les agriculteurs, d’accéder à des microcrédits pour financer des projets générateurs de revenus. Chaque CREC repose sur un système de cotisations communes, qui constituent une caisse pouvant octroyer des prêts adaptés aux besoins locaux. Ces caisses offrent non seulement un soutien financier mais aussi des formations en gestion financière et comptable, assurant un cadre transparent et structuré. À ce jour, les CRECs implantées dans les différentes régions ont bénéficié à des centaines de membres, permettant la création d’opportunités économiques dans des secteurs variés tels que l’agriculture, l’artisanat et le commerce. Elles renforcent également la cohésion sociale en encourageant un travail collectif autour d’objectifs communs.
Les Groupements d’Entraide et d’Affinités (GEA), quant à eux, sont une solution innovante pour promouvoir les AGR en milieu rural. Ces groupements rassemblent des individus ayant des affinités ou des objectifs communs pour développer ensemble des projets économiques. En mutualisant leurs ressources, compétences et outils, les membres des GEA sont en mesure de réaliser des projets collectifs dans des domaines comme l’élevage, l’agriculture ou l’artisanat. Ces initiatives participent à l’autonomisation des communautés locales tout en favorisant la dynamique participative.
Les résultats combinés de ces dispositifs sont significatifs. De nombreux bénéficiaires ont pu créer leur propre activité ou renforcer leur entreprise existante, ce qui a contribué à la création d’emplois locaux. Les revenus générés ont permis à de nombreuses familles d’améliorer leurs conditions de vie, notamment en répondant à des besoins essentiels en matière d’éducation, de santé et d’alimentation.
Ces projets s’inscrivent dans une vision globale visant à créer un écosystème économique et social favorable en milieu rural. Ils incarnent la volonté du ministère de construire des bases solides pour l’autonomisation des communautés, tout en répondant aux défis structurels liés à la pauvreté. En investissant dans ces dispositifs, nous jetons les bases d’un développement inclusif et durable, où chaque individu peut contribuer au progrès collectif.
Quels sont les grands projets structurants exécutés par votre agence de tutelle, l’ADDS ?
L’Agence Djiboutienne de Développement Social (ADDS) s’est engagée dans l’exécution de grands projets structurants visant à améliorer les conditions de vie des populations et à soutenir le développement économique et social à travers le pays. Ces initiatives, déployées dans diverses régions, couvrent plusieurs domaines stratégiques.
L’ADDS a concentré ses efforts sur la mise en place d’infrastructures sociales de base pour répondre aux besoins fondamentaux des communautés. Dans le secteur de l’éducation, l’agence a supervisé la construction et l’extension de nombreuses écoles et collèges, à l’instar de l’école primaire de Damerjog inaugurée en 2019, et du collège d’Ali Addeh. Dans le domaine de la santé, l’ADDS a réhabilité et étendu plusieurs centres de santé, notamment à Obock et Holl-Holl, tout en les équipant de matériel moderne. Par ailleurs, des projets d’extension des réseaux d’adduction d’eau ont été menés dans des villes comme Ali Sabieh, Dikhil et Obock, garantissant un meilleur accès à l’eau potable pour des milliers de ménages.
En parallèle, des initiatives de développement économique et communautaire ont été mises en œuvre pour dynamiser les économies locales et renforcer la cohésion sociale. Cela inclut la construction et la réhabilitation de marchés, comme ceux d’Ali Sabieh et d’Obock, ainsi que la création de gares routières à Arta et Dikhil. Ces infrastructures favorisent les échanges commerciaux et stimulent les activités économiques locales. De plus, des projets liés aux activités génératrices de revenus (AGR) ont permis de former et de soutenir des jeunes entrepreneurs. L’ADDS a encouragé la création de comités de développement local et de groupes d’entraide pour favoriser une dynamique communautaire proactive.
Dans le domaine de l’énergie durable, l’ADDS a piloté des projets d’électrification rurale, notamment l’installation de lampadaires solaires dans les régions d’Arta, Ali Sabieh et Obock. Ces infrastructures offrent un éclairage public durable et améliorent la sécurité des communautés. L’extension des réseaux électriques a également permis à des milliers de ménages d’accéder à l’électricité, renforçant ainsi leur confort et leur qualité de vie.
L’agence a également joué un rôle clé dans le renforcement des capacités locales et la mise en place de filets sociaux. Elle a organisé des formations nutritionnelles et distribué des compléments alimentaires, comme les cartons de plumpy-doz, pour lutter contre la malnutrition auprès de milliers de bénéficiaires. De plus, l’ADDS a soutenu des associations communautaires locales et financé divers projets collectifs, renforçant ainsi les capacités des acteurs locaux à gérer leurs propres initiatives.
Enfin, l’artisanat et l’employabilité figurent parmi les priorités de l’ADDS. Des formations ont été dispensées aux femmes pour leur permettre de développer de nouveaux designs de produits artisanaux et pour renforcer les capacités des coopératives. L’agence a également organisé des programmes d’insertion professionnelle pour les jeunes, avec des concours de plans d’affaires pour stimuler leur esprit entrepreneurial. Ces projets structurants reflètent l’engagement de l’ADDS à réduire les inégalités et à promouvoir un développement inclusif et durable. Grâce à une approche intégrée, ces initiatives contribuent à améliorer les conditions de vie, à dynamiser les économies locales et à renforcer les communautés à travers tout le pays.
Cette année, la semaine de la solidarité nationale sera lancée dans la région d’Ali Sabieh, quelles sont les grandes nouveautés de cette édition ?
Cette année, la Semaine de la Solidarité Nationale sera officiellement lancée dans la région d’Ali Sabieh lors d’une cérémonie placée sous le haut patronage du Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh. Cet événement incarne l’engagement renouvelé du gouvernement à promouvoir la solidarité nationale tout en répondant aux besoins spécifiques des populations les plus vulnérables. Cette édition 2025 se distingue par plusieurs nouveautés et une approche stratégique, visant à maximiser l’impact des actions sociales et économiques sur le terrain.
Un des éléments majeurs de cette édition est l’accent particulier mis sur les régions, avec un focus spécifique sur les réalisations en matière de développement dans les localités rurales et semi-rurales. Cette approche met en valeur les projets déjà accomplis, tout en dressant une feuille de route claire pour les interventions futures.
La particularité de cette édition réside également dans son approche participative.
Les communautés locales joueront un rôle central dans la mise en œuvre et le suivi des initiatives. Cette démarche vise à renforcer l’appropriation des projets par les populations, à garantir leur durabilité et à favoriser une dynamique collective. Des séances de concertation seront organisées pour recueillir les avis et suggestions des habitants, afin de mieux adapter les actions à leurs besoins réels. Cela inclut également la sensibilisation sur l’importance de la solidarité et des efforts communautaires pour le développement durable.
La Semaine de la Solidarité Nationale sera aussi l’occasion de mettre en lumière les avancées déjà réalisées grâce aux politiques de développement du ministère. Des infrastructures, telles que les marchés, les écoles ou encore les ouvrages hydrauliques construits dans les régions, seront présentées comme des témoignages concrets des efforts engagés pour améliorer les conditions de vie des populations. En parallèle, les défis restants seront mis en évidence, avec des engagements précis pour les surmonter dans les années à venir.
En choisissant Ali Sabieh comme point de départ, cette édition marque une volonté claire de renforcer l’inclusion des régions dans la dynamique nationale. Elle reflète l’engagement du gouvernement à réduire les disparités, à promouvoir la cohésion sociale et à faire de la solidarité un véritable moteur de progrès collectif. Cette semaine sera non seulement une célébration des réalisations passées, mais aussi un tournant vers un développement plus inclusif et durable pour tous.
Votre ministère travaille avec de nombreux partenaires pour atteindre ses objectifs. Sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
Le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités (MASS) collabore avec de nombreux partenaires institutionnels, internationaux et locaux pour atteindre ses objectifs en matière de lutte contre la pauvreté, de promotion de la solidarité et d’amélioration des conditions de vie des populations les plus vulnérables. Ces partenariats jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre et le succès des initiatives du ministère, et, dans l’ensemble, ils se révèlent être à la hauteur des attentes.
Toutefois, comme dans toute collaboration, certains défis subsistent. Le besoin d’une meilleure coordination et d’une harmonisation des approches est parfois ressenti, notamment lorsque plusieurs partenaires interviennent sur un même projet.
Ensemble, ces collaborations reflètent une volonté commune de bâtir un avenir plus inclusif et solidaire, où chaque citoyen a la possibilité de contribuer au développement durable du pays.
Enfin, quel message voulez-vous lancer à la population à l’occasion de cette semaine qui sera sans nul doute très chargée ?
Le ministère des Affaires Sociales et des Solidarités s’engage dans une tournée des régions, avec une approche de proximité centrée sur l’écoute des populations. Cette initiative vise à recueillir directement leurs doléances, à démontrer que le ministère est présent à leurs côtés, et à souligner l’importance de travailler ensemble pour leur propre autonomisation. Le rôle du ministère est avant tout d’accompagner, d’apporter un soutien en matière de nutrition, de renforcer les compétences et de fournir les outils nécessaires. Cependant, l’objectif ultime est de permettre aux populations de devenir autonomes et de prendre en main leur développement.
C’est avec une grande satisfaction que le ministère a choisi d’organiser l’édition SNS25 en mettant à l’honneur les régions de l’intérieur. Placée sous le thème « Solidarité et développement social : le socle de notre cohésion nationale », cette édition reflète l’unité et la mobilisation des Assajogs et Binijogs, tous unis et solidaires pour construire un avenir commun.
Propos recueillis par KI