Le réseau associatif de Randa a pris une initiative de développer la lecture dans les régions nord du pays par la mise en place de bibliothèques nomades qui fait référence au mode de vie des populations vivant dans les localités les plus reculées. Avec le soutien du PNUD, il a lancé jeudi dernier à Dougoum, dans la région de Tadjourah, la première bibliothèque nomade en vue de créer un intérêt pour la lecture auprès des populations et de faciliter l’accès aux ressources éducatives pour tous.
A un moment où les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont bouleversé la marche du monde, où les réseaux sociaux et autres sites de chat et de rencontre permettent aux jeunes de communiquer et de « papoter» à longueur de journée à l’aide de leur ordinateur ou téléphone portable, la place de la lecture dans le monde commence à se réduire comme peau de chagrin.
Et les Djiboutiens qui n’étaient pas très portés sur la lecture même avant l’apparition de l’internet, de face book, de twitter et des Smartphones, ont pris la fâcheuse habitude de tourner le dos au livre et à la lecture.
Peuple d’oralité comme partout en Afrique, la société djiboutienne traverse aujourd’hui un stade très inquiétant car du plus petit au plus grand, l’aversion pour la lecture est palpable. On préfère plutôt surfer sur internet, jouer aux jeux vidéo mais aussi passer le plus clair de son temps devant la télévision.
Si les anciennes générations avaient toujours chacun son livre de chevet et prenaient d’assaut les bibliothèques et les lieux du savoir, les jeunes d’aujourd’hui et même les adultes manifestent un désintéressement total à la lecture.
Dans les régions de l’intérieur du pays, on enregistre un manque crucial de bibliothèques et des coins destinés à la lecture. C’est le constat établi par le Réseau Associatif de Randa qui a décidé de palier cette situation en lançant un projet de bibliothèque nomade qui fait particulièrement référence au mode de vie des populations rurales djiboutiennes. Ce projet soutenu par le PNUD vise à toucher le plus de personnes avec l’objet-livre dans les localités les plus excentrées de Djibouti.
De nombreuses visites ont été effectuées par cette association dans les établissements des localités rurales et de nombreuses doléances ont été recueillies auprès des parents, des enseignants et des acteurs de la société civile. La mise en place d’une bibliothèque ambulante se déplaçant dans les différentes localités et dans les écoles aura pour objectif de créer un intérêt pour la lecture auprès des populations, notamment les plus jeunes. Ce projet facilitera surtout l’accès aux ressources éducatives dans les zones où leur accès est extrêmement limité voire impossible. Le projet s’inscrit dans la stratégie du PNUD visant à ne laisser personne pour compte en ce qu’il cible les populations marginalisées, dont l’accès aux ressources éducatives est difficile.
Faire découvrir le livre aux enfants et susciter leur intérêt pour la lecture
Cette initiative vise aussi à faire découvrir le livre aux enfants et susciter leur intérêt pour la lecture. Il créera un environnement propice pour la pratique de la lecture ainsi que des dynamiques autours de la lecture en motivant les populations à lire. Il entend contribuer à la réussite des élèves en les formant à la lecture, et ainsi, agir positivement sur le taux d’analphabétisme et sur le taux de scolarisation des enfants. Il promouvra le livre tant comme un outil d’apprentissage que de distraction. L’accent sera également mis sur les ressources digitales où les populations auront l’occasion de s’initier à leur manipulation. Il attira l’attention des parents sur l’importance du livre et de la lecture comme facteur de réussite. Il facilitera également la cohésion locale grâce à l’organisation de séances de lecture. Selon Mohamed Ahmed Ali , Président du Réseau associatif de Randa « La bibliothèque nomade est une initiative de l’Association RAR dont le but est de donner accès aux élèves issus des écoles rurales. C’est un projet de lecture qui se veut national, mais pour cette édition, nous nous sommes focalisés sur la région de Tadjourah et d’Obock. La lecture est une injonction divine et nous constatons que peu des gens lisent, et en commençant par les localités, nous cherchons à encourager cette pratique essentielle et nécessaire pour la réussite de nos enfants. Au total 7 localités seront concernées à savoir Sagallou, Dougoum, Randa et Dorra pour la région de Tadjourah et Daleyaf, orobor et Assassan pour la région d’Obock. Je tiens à remercier le PNUD pour ce soutien à notre association afin d’organiser cet évènement dans de bonnes conditions. Diverses activités seront réalisées dans les écoles, les centres de développement communautaires ou parfois même au centre des villages, sous les arbres ou dans les jardins. Une manière d’encourager la lecture et de familiariser les communautés rurales avec la lecture. Nous allons utiliser des moyens de transport traditionnels (dromadaires, chameaux ect) et modernes (voitures, tricycles ect…). ».
La représentante résidente du PNUD à Djibouti, Mme Fatouma Elsheikh a déclaré : « Nous sommes fiers de ce partenariat qui permet d’atteindre et inclure les personnes les plus éloignées et ne laisser personne de côté. Cela n’a peut-être pas de sens dans la plupart des contextes de développement où nous travaillons, mais je suis très fier de cette initiative qui, malgré les obstacles naturels et les infrastructures routières permet aux nomades d’atteindre les ODDs sur un chameau avec des tablettes numériques. »
La première bibliothèque nomade est une initiative qui fera date, car elle permet de démocratiser la lecture et de toucher les régions les plus reculées du pays. Nous disons bravo à cette jeune association très engagée dans la promotion du livre et de la lecture.
Kenedid Ibrahim