Il est des moments où une société doit faire une pause, mesurer le chemin parcouru et reconnaître, avec lucidité, celui à parcourir. La Semaine Nationale de la Justice, organisée par le ministère de la Justice et des Affaires pénitentiaires, offre précisément cette occasion de suspendre le cours ordinaire des procédures pour interroger le sens même de la justice rendue au nom du peuple djiboutien.
Parce que la Justice n’est pas un secteur parmi d’autres. Elle est le socle moral et institutionnel sur lequel repose la confiance du citoyen envers l’État. Lorsque cette confiance se fissure, ce n’est pas seulement une administration qui vacille, mais l’idée même de vivre ensemble.
Nous le savons : aucune justice ne peut être respectée si son impartialité est suspectée. L’indépendance de la Justice n’est pas un slogan que l’on ressort à l’occasion des cérémonies. C’est un engagement quotidien, exigeant, qui suppose de préserver le magistrat de tout ce qui pourrait entraver son discernement. Pressions économiques, influences politiques, tentations corporatistes : la justice doit en être protégée comme un sanctuaire.
Cette indépendance n’est pas un privilège pour les juges. Elle est une garantie pour les justiciables. Elle est la condition de décisions à la hauteur des attentes, de sanctions proportionnées et de procès équitables. Bref, du respect de l’État de droit, non comme idéal abstrait, mais comme pratique quotidienne.
Les réformes engagées ces dernières années — numérisation des procédures, mise à niveau des infrastructures, professionnalisation accrue des acteurs judiciaires — témoignent d’une volonté politique réelle. Mais l’ambition doit aller plus loin encore. Car une justice lente est une justice qui faillit. Une justice inaccessible est une justice qui exclut.
La justice, pour être légitime, doit être comprise. Pour cela, elle doit sortir de ses murs pour expliquer son fonctionnement et ses rouages, qui peuvent parfois dérouter le citoyen justiciable. Et c’est précisément le but de la «conférences-débat » et de la « journée portes ouvertes », qui ont eu lieu durant cette Semaine. À l’heure où les réseaux sociaux amplifient tout, le vrai comme le faux, la justice doit réaffirmer sa pédagogie : expliquer ses décisions, ses procédures, ses contraintes.
Car la justice n’est pas qu’une mécanique institutionnelle. Elle est un lien moral unissant l’État et les citoyens. Et ce lien doit être constamment nourri et protégé. Rien n’est plus prometteur qu’une justice qui accepte de se transformer pour demeurer fidèle à sa mission première : protéger les faibles, sanctionner les abus, garantir les libertés.
En cette semaine dédiée à la Justice, puissions-nous rappeler cette vérité simple : une justice forte n’est pas une justice qui domine, mais une justice qui rassure. Et c’est à cette exigence d’exemplarité qu’il nous faut collectivement répondre.












































