L’avenir numérique de Djibouti est en marche. La Stratégie Nationale du Haut-Débit (SNHD), dévoilée récemment, marque une étape cruciale dans la quête de modernisation du pays. Cette initiative ambitieuse, alignée avec la vision Djibouti 2035, poser les jalons d’un progrès technologique qui trace la voie vers un développement socio-économique inclusif et durable. |
Désormais positionné à un tournant décisif, notre pays se dote d’une infrastructure numérique capable de propulser son économie et ses services publics dans une nouvelle ère. Le déploiement massif de la fibre optique et du haut-débit, fixe et mobile, est au cœur de cette stratégie. Avec un objectif clair : garantir l’accès équitable à tous les citoyens, qu’ils soient à Djibouti-Ville ou dans les régions reculées. Cette transformation va bien au-delà des télécommunications. Elle touche directement la santé, l’éducation et l’administration publique, ouvrant la voie à une digitalisation profonde de ces secteurs. Imaginez des écoles interconnectées, des centres de santé numérisés, des services publics accessibles en ligne, le tout grâce à une infrastructure hautement performante. Voilà l’ultime objectif visé. |
Mais pour que cette vision devienne réalité, plusieurs défis doivent être relevés. La disparité géographique est un obstacle de taille. Le nord du pays est encore sous-équipé en termes d’infrastructures, ne disposant que de liaisons hertziennes, tandis que le sud bénéficie déjà de plusieurs backbones optiques. Cette fracture numérique, source d’inégalité, est au cœur des préoccupations du gouvernement. C’est pourquoi la SNHD propose un déploiement ciblé et inclusif. Deux scénarios sont sur la table : l’un, plus ambitieux, vise à connecter dix villes d’ici 2027, tandis que l’autre, plus restreint, n’en dessert que sept. Il est judicieux que les autorités nationales optent pour la vision la plus ambitieuse, afin d’offrir un accès égal au numérique pour tous. |
Cependant, la stratégie ne s’arrête pas à l’aspect technique du déploiement. La question des tarifs est tout aussi primordiale. À l’instigation du gouvernement, Djibouti Télécom a déjà pris des mesures significatives en réduisant de manière notable les prix du haut-débit, doublant ainsi les débits offerts sans augmenter les coûts. Il s’agit maintenant, pour le gouvernement, de poursuivre l’élargissement de l’accès au numérique à tous, afin de faire bénéficier les foyers modestes et les petites entreprises des opportunités offertes par le numérique. |
Cependant, la stratégie ne se limite pas à la couverture technique. La question de la tarification est tout aussi cruciale. Actuellement, le coût du haut-débit reste prohibitif pour une grande partie de la population. Les offres de Djibouti Télécom, bien qu’améliorées en termes de qualité, ne sont toujours pas accessibles aux foyers modestes et aux petites entreprises. Une baisse significative des tarifs est indispensable pour démocratiser l’accès à internet. Des solutions existent, notamment en subventionnant les terminaux d’entrée de gamme ou en adoptant une politique tarifaire plus progressive. |
Le projet EARDIP (East Africa Region Digital Integration Project), en partenariat avec la Banque mondiale, apporte également un souffle nouveau en intégrant Djibouti dans l’initiative régionale de transformation numérique en Afrique de l’Est. Les financements internationaux associés à la mise en place d’un Fonds de Service Universel permettront de couvrir une grande partie des besoins en infrastructures. En outre, l’État djiboutien veille à encourager la concurrence, aujourd’hui balbutiante, en ouvrant le marché à de nouveaux opérateurs. Cette ouverture favorisera une baisse des prix et améliorera la qualité des services, tout en stimulant l’innovation. |
Au-delà des infrastructures et des tarifs, la véritable transformation viendra d’une gestion efficiente et d’une vision stratégique partagée entre tous les acteurs: ministères, opérateurs, régulateurs et investisseurs privés. En mettant en place l’Autorité de Régulation Multisectorielle de Djibouti (ARMD), le gouvernement entend garantir un développement équitable et harmonieux du secteur des télécommunications. Institution indispensable, l’ARMD devra rapidement être rendue opérationnelle pour jouer son rôle de gendarme indépendant du secteur. Car il est temps de penser le numérique comme un levier de justice sociale et de développement, et non comme un simple outil de profit. |
Avec l’accès universel au numérique, Djibouti se donne les moyens de diversifier son économie, d’améliorer la compétitivité de ses entreprises et de répondre aux besoins croissants de sa population. L’enjeu est de taille, mais les retombées seront immenses si cette stratégie est menée avec ambition et rigueur. |