Il y a 48 ans, jour pour jour, les voix de tout un peuple ont résonné plus fort que les chaînes du colonialisme. En effet, le 8 mai 1977, les habitants de ce que l’on nommait alors « Territoire français des Afars et des Issas », ont dit « oui » à l’indépendance. Ils étaient exsangues mais debout. Ce fut un « oui » clair, franc et irrémédiable. La 3e fois aura donc été la bonne.
Car avant ce jour fatidique, deux tentatives infructueuses avaient laissé des cicatrices béantes. En 1958, sous couvert d’un référendum constitutionnel, la France coloniale esquivait le vrai débat de l’autodétermination. Puis vint mars 1967, où l’élan populaire pour la liberté fut brutalement réprimé dans un silence plombé par les balles et les magouilles électorales. Deux rendez-vous manqués, deux échecs historiques.
Mais le 8 mai 1977, le destin a enfin changé de camp. Ce jour-là, ce n’était pas qu’un scrutin. C’était un cri. Le cri d’une nation encore sans nom, mais déjà pleine de bouillonnement. Un peuple multiple et aux origines entremêlées qui choisissait, dans un même souffle, de devenir maître de son avenir. Ce n’était pas une victoire contre la France, c’était une victoire contre la résignation. Une déclaration de dignité face à l’histoire longue et méprisable du colonialisme.
Depuis ce jour, le monde connaît notre nom : République de Djibouti. Ce 8 mai-là, les urnes n’étaient pas des boîtes de papier, mais des sanctuaires de mémoire. Chacune contenait les espoirs de ceux qui avaient rêvé de liberté, de ceux qui étaient tombés sans l’avoir vue et de ceux qui allaient enfin la bâtir. C’est avec la tête haute que les Djiboutiens entraient dans le concert des nations, porteurs d’une légitimité acquise non par la guerre mais par le vote, non par la haine mais par la volonté commune.
Aujourd’hui, 48 ans plus tard, que reste-t-il de ce souffle fondateur ? Reste une République que l’on aime avec exigence. Une nation jeune encore, mais solide. Certes, les défis n’ont pas manqué. Ils sont parfois rudes et toujours complexes. Mais à chaque étape, c’est ce 8 mai 1977 qui nous sert de boussole. Car nous savons, par cette date, que rien ne nous a été donné, mais que tout a été conquis à force de patience, de courage et d’unité.
Et si la 3e fois fut la bonne, c’est parce qu’elle fut celle du peuple. Alors, en ce 8 mai, souvenons-nous. Non pas comme on feuillette un vieux livre jauni, mais comme on ravive une flamme. Celle de l’émancipation et celle de la souveraineté. Celle de la fierté d’être Djiboutien et Djiboutienne aussi.
Oui, le 8 mai 1977, la 3e fois était la bonne. Et elle le restera tant que nous saurons honorer cet héritage par l’action, le respect de nos institutions et la fidélité à nos idéaux.