
Chaque nation trace sa propre voie, guidée par des priorités qui évoluent au rythme de sa croissance et de ses aspirations. Pour Djibouti, carrefour stratégique au cœur de l’Afrique, farouchement attaché à la sauvegarde de sa souveraineté, les dernières décennies ont été consacrées à la construction de fondements solides et durables. La sécurité, la stabilité et le développement des infrastructures essentielles ont été primordiaux et ont dominé l’agenda national.

Dans une région souvent marquée par l’instabilité, cette approche était non seulement logique, mais aussi nécessaire. Certes, les progrès ont parfois semblé péniblement lents ; certains observateurs ont pu décrire l’administration comme engluée dans la tradition ou à la traîne par rapport aux avancées rapides observées ailleurs. Pourtant, de telles analyses passent à côté de l’essentiel. Il n’a jamais été question de manque de vision ou d’ambition. Les priorités étaient plutôt ancrées dans les réalités de la survie et dans la nécessité de jeter les bases indispensables à toute ambition future.
Aujourd’hui, cependant, le contexte a changé. Avec ces piliers essentiels désormais établis, le gouvernement djiboutien porté par un leadership présidentiel clair, courageux et déterminé fait preuve d’une maturité stratégique inédite. La nation se trouve à la croisée des chemins, à l’aube d’une nouvelle ère où elle doit se recentrer sur elle-même et affronter l’impératif urgent de la modernisation.

Loin d’être un mandat contraignant imposé d’en haut, cette nouvelle orientation représente au contraire une formidable opportunité de croissance et de transformation. Fière de ses réalisations, l’administration djiboutienne saisit cette occasion pour se réinventer. Elle n’élude aucunement les défis du passé qu’il s’agisse de la lenteur des procédures bureaucratiques, de la fragmentation de l’information ou de systèmes de communication défaillants. Au contraire, le gouvernement mène une démarche d’auto-évaluation franche et constructive. La récente table ronde nationale organisée par l’Association des experts en gestion de l’action publique (EMAP) illustre parfaitement cette nouvelle approche. L’objectif n’était pas de désigner des coupables, mais de réaliser un audit honnête : identifier les réussites, reconnaître les lacunes et tracer une voie réaliste pour l’avenir. La jeunesse djiboutienne, toujours plus connectée au monde et réclamant avec force de meilleurs services publics, est au cœur de cette transformation. Son énergie, ses attentes et ses aspirations façonnent l’agenda national. Le gouvernement non seulement l’écoute, mais s’engage activement, faisant de la transformation numérique une question de survie nationale et un puissant moteur de prospérité durable.
Dans cette dynamique de modernisation, le rôle du ministère délégué à l’Économie numérique et à l’Innovation apparaît central et déterminant. En un temps relativement court, ce département a su impulser une vision claire, structurée et pragmatique de la transformation numérique, en dépassant le stade des intentions pour engager des réformes concrètes. Son action se distingue par une approche transversale, associant modernisation des services publics, développement des compétences, innovation institutionnelle et accompagnement du changement au sein des administrations. En plaçant le capital humain au cœur de la transition numérique et en favorisant la coordination entre les différents acteurs publics et privés, le ministère a contribué à créer un cadre cohérent et crédible, aujourd’hui reconnu comme l’un des moteurs essentiels de la nouvelle phase de maturité stratégique du pays.

Innover : Convergence stratégique pour la nation
La réunion de L’Escale a marqué un tournant décisif dans le parcours de réformes de Djibouti. Bien plus qu’une simple rencontre, elle est devenue un symbole fort de l’engagement du gouvernement en faveur d’une stratégie inclusive et globale. Il ne s’agissait pas d’un simple exercice bureaucratique, mais d’un effort délibéré pour rapprocher les ministères, les secteurs et les disciplines. Cet événement a réuni un large éventail de talents nationaux : des hauts fonctionnaires garants du bon fonctionnement de l’État, des universitaires insufflant l’innovation par leurs idées novatrices, des entrepreneurs dynamiques prêts à saisir de nouvelles opportunités et des banquiers dotés du sens financier nécessaire pour transformer les idées en résultats concrets. Une telle convergence n’est jamais le fruit du hasard. Elle est le résultat d’une volonté politique résolue d’unifier et de concentrer l’énergie collective de Djibouti autour d’un projet commun. La véritable modernisation de l’État ne se résume pas à l’acquisition des dernières technologies ; elle repose fondamentalement sur les personnes, les institutions et les liens significatifs qui les unissent.
Chaque participant a joué un rôle unique et essentiel. L’Institut national d’administration publique (INAP) a souligné le rôle central du capital humain, affirmant clairement que l’investissement dans les compétences et le développement professionnel continu est au cœur de toute réforme significative. Les contributions de partenaires internationaux, tels que l’IRA Lille, ont apporté des perspectives nouvelles et précieuses, mettant en lumière l’intérêt de s’inspirer et de s’appuyer sur l’expertise internationale.
Parallèlement, la présence et la participation active d’institutions financières telles que East Africa Bank et GSSA ont renforcé la crédibilité de l’approche djiboutienne, validant ainsi sa conformité aux meilleures pratiques internationales. Leur engagement ne s’est pas limité à un soutien technique ou financier ; il a constitué une reconnaissance forte du modèle émergent de Djibouti sur la scène internationale. Cette combinaison dynamique de compétences et d’expérience, orchestrée avec minutie par les dirigeants du pays, témoigne de l’émergence d’un écosystème dynamique capable de transformer des défis de taille en véritables opportunités de progrès.
Numérique : De la vision à l’action
L’époque où la transformation numérique était perçue comme une ambition utopique ou inaccessible est révolue. Aujourd’hui, le gouvernement djiboutien, fort d’un leadership visionnaire et résolu, passe de la simple rhétorique à l’action. Avec la création du ministère délégué en charge de l’économie numérique et de l’innovation la transformation numérique en cours à Djibouti ne se limite pas à l’acquisition de nouveaux ordinateurs ou de gadgets dernier cri. Il s’agit d’une réforme globale et profonde visant à supprimer les obstacles administratifs obsolètes et à offrir des services publics plus accessibles, plus réactifs et plus efficaces à tous les citoyens. Les critiques précédentes, qui pointaient du doigt le décalage entre les équipements modernes et le manque de formation adéquate, sont désormais obsolètes grâce à une vague d’initiatives majeures de renforcement des compétences.
Le gouvernement a fait de la formation continue et du développement des capacités des piliers de sa politique, veillant à ce que l’adoption des technologies s’accompagne du développement du capital humain.
Pour le gouvernement djiboutien, la numérisation est bien plus qu’une simple mise à niveau. C’est le principal levier pour repenser le fonctionnement de l’État à tous les niveaux. Cette dynamique de transformation numérique s’accompagne d’efforts ambitieux pour rationaliser les lois et les procédures.
L’approche ne consiste pas simplement à transférer d’anciens processus inefficaces sur des plateformes numériques, mais à les repenser et à les refondre fondamentalement. En adoptant cette vision globale, Djibouti jette les bases d’un État plus intelligent, plus agile et plus inclusif, prêt non seulement à relever les défis d’aujourd’hui, mais aussi à saisir les opportunités de demain.
Said Mohamed Halato












































