La troisième édition du Forum Africain sur le Renforcement de la Chaîne d’Approvisionnement des Produits de Santé (FARCAPS) s’est ouverte hier, mardi 18 novembre 2025, au Palace Kempinski, confirmant une nouvelle fois la place de Djibouti comme carrefour stratégique des grandes rencontres africaines dédiées au développement. Pendant trois jours, experts, responsables politiques, industriels du médicament, organisations internationales, institutions financières et acteurs de la société civile échangeront autour d’un enjeu central : l’avenir de la chaîne d’approvisionnement en produits de santé sur le continent et les conditions nécessaires pour en faire un levier de souveraineté et de sécurité sanitaire.

Dans son allocution d’ouverture, le ministre de la Santé, Dr Ahmed Robleh Abdilleh, s’est exprimé au nom du Président de la République, Son Excellence Ismaïl Omar Guelleh, du gouvernement et de l’ensemble du personnel de santé pour souhaiter la bienvenue aux nombreuses délégations africaines présentes. Selon lui, l’ampleur de la participation témoigne de l’importance accordée à cette thématique essentielle pour l’avenir sanitaire de l’Afrique. Le ministre a rappelé que la chaîne d’approvisionnement en produits de santé représente « l’épine dorsale invisible mais absolument vitale » de tous les systèmes de santé, soulignant que même les politiques les plus ambitieuses ou les infrastructures les plus modernes ne peuvent être efficaces sans un approvisionnement fiable, continu et de qualité en médicaments, vaccins, consommables et équipements.

Il a regretté que les ruptures de stock, les pénuries de vaccins, les retards de prise en charge, les pertes liées aux péremptions ou encore les achats d’urgence à coûts élevés demeurent des réalités trop fréquentes, notamment parce que la dimension logistique est longtemps restée sous-estimée dans les investissements en santé. Pour Dr Ahmed Robleh Abdilleh, cette partie essentielle du système sanitaire a été trop peu explorée dans les débats sur la souveraineté pharmaceutique africaine, d’où la pertinence d’un forum dédié à son renforcement. Il a encouragé les participants à s’impliquer pleinement dans les échanges, à poser les questions cruciales et à partager librement leurs expériences afin de bâtir des solutions adaptées et durables pour le continent.

Une chaîne logistique devenue un enjeu vital pour la santé africaine

Les discussions se sont orientées vers les vulnérabilités mises en lumière par les crises sanitaires récentes, du COVID-19 à Ebola en passant par le choléra, qui ont révélé la fragilité des chaînes d’approvisionnement africaines. Les participants ont examiné la dépendance persistante du continent aux importations, les pistes de production régionale, la nécessité d’une meilleure préparation aux pandémies, l’approche One Health ou encore le rôle de structures comme l’ACAME dans la dynamique continentale.  Les échanges ont également mis en avant l’importance de l’harmonisation réglementaire, du renforcement des capacités, du financement local et de la transformation des centrales d’achats, considérées comme des acteurs-clés d’une modernisation efficace du système de santé africain.

En début d’après-midi, le ministre djiboutien de la Santé, accompagné de son homologue algérien, Mohamed Seddik Alt Messaoudène, a visité les stands des entreprises pharmaceutiques et des institutions présentes, témoignant du rôle croissant de l’industrie dans la recherche de solutions concrètes pour renforcer l’autonomie sanitaire du continent.

Par son hospitalité et par la qualité des échanges accueillis, Djibouti confirme une fois de plus son engagement dans les grandes initiatives africaines en faveur de la santé publique et de la souveraineté pharmaceutique.

Djibril Abdi Ali