Face à l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA) et aux défis croissants liés à la désinformation, l’Institut français de Djibouti (IFD), en partenariat avec l’Union de la Presse Francophone (UPF), a lancé lundi dernier un atelier de formation de trois jours à destination des journalistes djiboutiens. Intitulé « Introduction à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour les journalistes », cet événement s’est tenu du 2 au 4 juin dans les locaux de l’IFD et a rassemblé une vingtaine de participants issus de la presse écrite du journal « La Nation », de l’agence Djiboutienne d’information (ADI), de la RTD ainsi que des étudiants en journalisme de l’Université de Djibouti.

L’objectif de cette formation était clair : renforcer les compétences des professionnels des médias face aux bouleversements engendré par les technologies d’IA, notamment dans la production, la vérification et la diffusion de l’information. À l’ère des contenus générés automatiquement, il devient crucial pour les journalistes de comprendre les mécanismes de ces outils, mais aussi de savoir les détecter et les utiliser de manière éthique.

La cérémonie d’ouverture a été marquée par les interventions de M. Éric Chevreuil, conseiller de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Djibouti, et de M. Kenedid Ibrahim Houssein, président de la section Djibouti de  l’UPF et directeur de publication du journal La Nation. Tous deux ont souligné l’importance de doter les journalistes des moyens nécessaires pour faire face aux mutations du paysage médiatique. Animée par la journaliste et experte en IA, Mme Ange Kasongo, la formation a tourné  apports théoriques et cas pratiques. La première journée a permis d’explorer l’impact de l’IA sur divers secteurs professionnels, en mettant l’accent sur les transformations du métier de journaliste. La deuxième journée a été consacrée à la sensibilisation aux enjeux de la désinformation, avec un appel à l’esprit critique et à la responsabilité sociale des journalistes. Enfin, la dernière journée a donné lieu à des échanges approfondis sur les risques de manipulation de l’information et les moyens de préserver l’intégrité du discours public.

La formatrice a souligné l’importance de nourrir la réflexion afin de mieux préparer les individus, en particulier les journalistes, qui jouent un rôle clé en tant qu’acteurs sociaux. Chargés de faire le lien entre les décideurs et la communauté, ils doivent être pleinement aptes à informer le public et à éclairer l’opinion.

Au cours de cette formation, les professionnels des médias ont découvert divers outils dédiés à la vérification des images et vidéos dans le cadre du fact-cheking, tels que Hive Modération, Fake Image Detector, Deepware et WinstonAI. Une séance de travaux de groupe leur a permis de s’exercer à la rédaction d’un article de fact-cheking, consolidant ainsi leurs compétences en matière de vérification de l’information.

Au-delà de la formation, une conférence ouverte au grand public a prolongé la réflexion, soulignant le rôle central du journaliste comme médiateur entre les décideurs et la société. Cette initiative, portée par l’ambassade de France, s’inscrit dans une volonté de long terme d’accompagner les médias djiboutiens dans leur transition numérique et les armer face aux défis de demain.

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