Longtemps à la marge de l’économie mondiale, continent pauvre et sous développé, l’Afrique montre depuis le début du XXIème siècle des signes de redressement. Depuis 2000, la plupart des pays africains affiche une croissance économique positive et le continent est entré de plein pied dans la mondialisation. L’Afrique est également de plus en plus convoitée notamment pour ses ressources naturelles. Malgré cette apparente embellie, l’Afrique reste confrontée à de nombreuses difficultés.

Un fort potentiel économique. Les données sur les ressources naturelles montrent que le continent africain possède des atouts économiques indéniables. L’exploitation de ses ressources contribue à la croissance du continent. Preuve de ce fort potentiel, l’Afrique attire des acteurs importants de la scène internationale.

Dans un contexte où globalement la demande mondiale en matières premières est en augmentation et où parallèlement les ressources du sous-sol s’épuisent sur d’autres continents, le sous-sol du continent renferme de nombreux minerais (bauxite, phosphate, cuivre, cobalt, fer, uranium, or, diamant). Il possède également de grosses réserves d’hydrocarbures (gaz et pétrole). L’Afrique est un gros producteur de bois, coton, café, palme, cacao. D’importantes terres cultivables sont disponibles et le continent ne manque pas de ressources halieutiques.

L’exploitation des matières premières constitue un élément essentiel de l’attractivité de l’Afrique. Leur exportation contribue à la croissance moyenne du continent. Le continent affiche une croissance économique moyenne positive et constante depuis deux décennies. La croissance moyenne a été de l’ordre de 5% (FMI) entre 2000 et 2014 (à noter grâce en partie aux programmes d’allègement de la dette et de la hausse des prix des matières premières). Dans cette période, pour certains pays, la croissance a été supérieure à 10% (Ethiopie, Ghana) affichant ainsi les taux de croissance les plus élevés au monde. La croissance moyenne a été de l’ordre de 4% en 2019.

La Chine dont la demande en matières premières ne cesse d’augmenter, entend nouer entre autre des liens commerciaux privilégiés avec les pays africains. L’empire du milieu est le partenaire économique le plus entreprenant en Afrique avec une stratégie et une vision à long terme. L’intérêt croissant de Pékin pour l’Afrique s’est manifesté à l’occasion du lancement en 2013 du vaste programme de la Nouvelle route de la soie (One Belt, One Road). La Chine prévoit d’investir dans les infrastructures des pays africains dans une démarche « gagnant-gagnant » comme le disent les autorités africaines et chinoises.

Sur le continent, des processus d’intégration économique régionale sont en cours. Les communautés économiques régionales (CER) entreprennent des actions plus ou moins poussées afin de créer les conditions d’une véritable intégration économique. A titre d’exemple, la communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui compte 15 pays membres a décidé le 28 février 2018 de créer une monnaie unique, « l’Eco » (en principe qui était programmé pour 2020). L’Union Africaine (UA) (à travers l’agenda 2036) et surtout les CER souhaitent faciliter les échanges commerciaux entre pays africains.

Globalement, la situation économique de l’Afrique tend à s’améliorer. Le continent a noué des relations commerciales solides et durables avec des partenaires extérieurs et les communautés économiques régionales ont montré leur volonté de développer le commerce intra-africain. Malheureusement, l’Afrique est aussi confrontée à d’énormes difficultés qui empêchent la création d’un l’environnement propice à un véritable décollage de son développement économique.

Les freins au développement de l’activité économique. Il existe de nombreux et importants facteurs qui freinent durablement le développement du continent africain. On peut en traiter les principaux. L’Afrique cumule malheureusement entre autre une mauvaise gouvernance, une démographie mal maîtrisée, un manque important d’infrastructures et de graves problèmes d’ordre sécuritaires.

C’est ainsi que le continent africain se retrouve avec un manque d’infrastructures en raison de la mauvaise gestion et/ou à l’incapacité d’attirer des investissements. Les réseaux de transports (route, chemin de fer, aéroport, port) sont très limités malgré les investissements chinois. Le secteur énergétique est très peu développé (électricité). Or, le développement des infrastructures est très important pour le développement économique en particulier pour l’activité économique interafricain.

Les problèmes de mauvaise gouvernance et les difficultés structurelles de l’économie africaine contribuent à favoriser une pauvreté de masse. La plupart des Africains vivent dans la pauvreté. Dans certains pays 25% de la population vit dans l’extrême pauvreté. Or, les prévisions indiquent que d’ici 2050, la population africaine va doubler pour atteindre plus de 2 milliards. Les conséquences peuvent être lourdes pour les pays africains (problèmes d’accès aux services publics, de sécurité, de migration) et pour la communauté internationale. Cette démographie si elle n’est pas maîtrisée peut compromettre à long terme le développement économique du continent. A titre d’exemple, la politique démographique de « l’enfant unique » mise en œuvre en Chine a permis à ce pays de réussir la transition démographique et de continuer son développement. Il est vrai que l’Afrique n’est pas une seule entité, mais certains pays qui enregistrent une forte démographie (Nigéria, Ethiopie, Niger) peuvent mettre en place en priorité des politiques démographiques.

L’un des défis le plus sérieux auquel l’Afrique est confronté est le défi sécuritaire. « Plus de 80% des troupes de maintien de la paix des Nations Unies sont déployées en Afrique. La guerre touche 20% de la population africaine. Le continent concentre donc beaucoup de conflits. Certains pays n’arrivent pas à sortir du chaos en raison de la guerre civile et/ou du terrorisme (Somalie, Libye, Soudan du Sud, Centrafrique). D’autres sont instables politiquement (République Démocratique du Congo, Burundi, République de Guinée). La secte terroriste Boko Haram menace la stabilité de plusieurs pays dans la région du Lac Tchad (Nigéria, Tchad, Cameroun). Le groupe terroriste AQMI (Al-Qaeda au maghreb islamique) opère dans toute la région du Sahel. Le G5 Sahel (Mauritanie, Niger, Mali, Burkina Faso et Tchad) avec l’appui de la France et de l’Union Européenne, dispose d’une force conjointe qui a pour mission d’assurer la sécurité de la bande sahélienne.

Néanmoins, on observe une amélioration de la situation sécuritaire en Afrique comparativement aux années 90 (contexte post guerre froide). Le continent africain reste cependant miné par les conflits qui compromettent largement son développement.

L’Afrique se redresse donc doucement, mais pas de décollage fulgurant en vue, en raison de la mauvaise gouvernance et de sa mauvaise situation sécuritaire à court et moyen terme. Le continent devra également se doter d’infrastructures indispensables pour son économie et également parvenir à maîtriser sa démographie.

L’Afrique est confrontée également à d’autres défis. Il risque de revivre une nouvelle crise de la dette. Par ailleurs, Le continent africain est déjà impacté par les changements climatiques (pluies rares, réchauffement, désertification). En outre, le continent fait régulièrement face à des épidémies (Choléra, Ebola, paludisme). Sans faire énormément de victimes (la population africaine est globalement jeune, et les africains sont plus habitués aux épidémies) comme en Europe ou aux Etats-Unis, la pandémie de Coronavirus fragilise sérieusement les économies africaines.

L’économie africaine montre des signes positifs depuis 2 décennies. La croissance moyenne du continent est de l’ordre de 5% sur cette période. L’Afrique peut donc profiter des opportunités offertes par la mondialisation : augmentation de la demande en matières premières, diversité des acteurs économiques, montée des IDE…etc. Néanmoins, le continent est lourdement handicapé par de nombreuses faiblesses: économie peu diversifiée, financement limité, situation politique instable, mauvaise situation sécuritaire, main d’œuvre peu qualifiée…Etc. Si le continent africain réussi à surmonter ces obstacles, il est probable qu’il connaisse le même essor que l’Asie.

Abdallah Hersi