
Dans la localité de Randa, dans la région de Tadjourah, un mouvement associatif porté par une jeunesse engagée réinvente l’accès au savoir. Le Réseau Associatif de Randa (RAR), guidé par le docteur Aboyta Amoyta, fait circuler une bibliothèque nomade dans les régions reculées du nord de Djibouti. Entre lectures sous les arbres, salles équipées et rêves éveillés, ces jeunes bâtissent une oasis de culture et de solidarité, loin des projecteurs mais au cœur du changement.

Dans les hauteurs aux reliefs doux et au climat frais de Randa, un souffle nouveau circule. Là où les montagnes caressent le ciel et où le vent transporte des souvenirs de pluie, une jeunesse engagée écrit une nouvelle page de l’histoire locale. Ce n’est pas dans les manuels scolaires que cette histoire s’écrit pour l’instant, mais dans les regards émerveillés des enfants qui découvrent un livre pour la première fois, dans les mots que l’on partage sous les arbres, et dans les rêves que l’on nourrit entre les collines. Cette histoire, c’est celle du Réseau Associatif de Randa (RAR).
Très jeune, ce réseau citoyen a déjà érigé les fondations d’un avenir prometteur. Le bâtiment qui abrite leur siège social, entièrement construit par ses membres, est à lui seul un manifeste : une salle de lecture, une salle informatique équipée, et même un espace vert aménagé avec soin. Oui, à Randa, où le climat est doux mais fragilisé par les effets du changement climatique, ils ont su faire naître un coin de verdure — une respiration dans un monde en mutation. Mais c’est surtout la bibliothèque nomade, perle du projet, qui témoigne de leur vision : celle d’un accès équitable au savoir, même dans les localités les plus reculées de la République.

De Madgoul à Balho, de Mouddo à Waydarim, ce projet traverse les distances, franchit les obstacles, et apporte à dos d’engagement des livres, des histoires, et un peu d’âme. Cette bibliothèque voyage, comme une caravane de lumière, dans des régions où les pages d’un livre sont parfois aussi rares qu’une pluie d’été.
Ce mouvement, initié par une jeunesse instruite, lucide et enracinée dans ses valeurs, ne cherche ni gloire ni récompense. Il puise sa force dans la mémoire du village, dans l’amour de la terre natale, et dans la volonté de transmettre. Ce n’est pas un simple projet : c’est un pacte silencieux entre des jeunes et leur communauté. Une promesse de ne pas oublier, de ne pas laisser les enfants de demain sans repères ni rêves.
À la tête de ce réseau, une figure discrète mais essentielle : le docteur Aboyta Amoyta. Écrivain, formateur au CFN, et enfant de Randa, il incarne cette alliance entre la plume et l’action. Sous son impulsion, le réseau s’est structuré, consolidé, professionnalisé. Il veille à ce que chaque initiative, aussi modeste soit-elle, s’inscrive dans une vision durable, humaine et solidaire.
Le Réseau Associatif de Randa n’est pas un mirage passager. C’est une réalité enracinée, qui avance sans fanfare, mais avec la certitude que le savoir est un droit et que la culture est une semence. Et à Randa, aujourd’hui, cette semence germe.
Ali Salfa