A l’occasion de la Journée internationale des migrants, l’OIM Djibouti a organisé mercredi soir un grand concours sous le thème « Migrants got Talent » à l’Institut français de Djibouti. Au terme de ce concours le groupe éthiopien « Qerro et Qarree »,  a remporté la 1ère place et les artistes « Mabina », « Tshimanga » et « Majed Adnan », se sont classés respectivement 2ème, 3ème et 4ème.

Ce concours, financé par l’Union Européenne a réuni autour de plusieurs activités artistiques; des migrants vivant à Djibouti et des djiboutiens pour promouvoir les bénéfices de la migration à travers le partage d’expériences culturelles et la promotion de la cohésion sociale.

Cette célébration a vu la participation de 12 représentations dont 44 migrants, issus de Madagascar, de la République démocratique du Congo, des Philippines, de l’Éthiopie, du Yémen. Plusieurs artistes djiboutiens ont pris part à cette soirée. Devant un public surchauffé, les concurrents ont interprété des danses traditionnelles, des chansons, certains ont joué d’un instrument de musique et d’autres ont récité des poèmes sur la migration ou présenté  des dessins. Chacun a pu mettre en valeur son talent en faisant la promotion de la culture de son pays. Le groupe Qeerro et Qarree, composé de 16 jeunes Ethiopiens ont présenté une démonstration de Shaggoyee, une danse traditionnelle oromo. Les quatre sœurs de Freemag ont chanté une chanson malgache. Un jeune réfugié yéménite à Djibouti n’a pas hésité à monter sur scène et à livrer un beau dessin. Qu’ils soient africains ou asiatiques, hommes ou femmes, issus du regroupement familial, de la migration de travail ou de la migration forcée, qu’ils soient professeur d’université, serveur ou ingénieur, sur scène, ils ont présenté devant les invités présents en nombre, leur talent. Devant le public, les artistes en herbe ont démontré l’étendue de leurs compétences artistiques.

Pour Stéphanie Daviot, chef de mission de l’OIM à Djibouti, «Ce concours est une excellente occasion de mettre en lumière l’aspect positif de la migration et de mettre en évidence la contribution des migrants à la vie économique, sociale et artistique à Djibouti».

Cette soirée a également vu le lancement du clip vidéo de la chanson sur la migration irrégulière, qui a été également interprétée en direct.

Fafi Haroun, Gessod Abdo, Mouhsein Ali Ahmed, Ibrahim Hamoda, Abdi Chou, Saad et Abdo Med Hagayta ont chanté respectivement en afar, somali, arabe, tigré, oromo, français et amhara afin de sensibiliser  les jeunes et le public aux dangers de la migration irrégulière.

N.Kadassiya

Le Point avec Christos Christodoulides – Chargé d’affaires a.i OIM Djibouti« Chacun est le véhicule d’une identité qui lui est propre, le représentant d’une culture qui est le fruit de la rencontre de plusieurs mondes »

« Afin de célébrer ensemble cette journée internationale des migrants, cette année nous avons souhaité apporter une touche différente et plus positive à cette manifestation en nous interrogeant ensemble autour de la question « qu’est-ce qu’un migrant ? » La réponse à cette question renvoie trop souvent à une image de vulnérabilité, traversant désert et mer, dans l’espoir de trouver chez les autres ce qui manque dans leur pays. Aussi, parce que cette situation est une réalité, l’OIM a préparé un clip sur les dangers de la migration irrégulière qu’on voudrait vous présenter ce soir, après un petit concert des artistes qui y ont participé. Mais ce soir, je vous propose d’élargir cette réponse à la question qui est migrant, de comprendre ensemble qu’un migrant ne se résume pas exclusivement à cette image vulnérable et que la migration est avant tout une immense richesse et une chance pour les pays d’accueil et les individus. Une richesse d’abord dans les cultures qui se rencontrent autour d’un repas, de la musique ou même sur une piste de danse comme nous le verrons ce soir.

Une richesse également dans les expériences qui se partagent, dans les échanges de compétences qui œuvrent ensembles pour le développement du pays. Une richesse enfin, car la migration porte en elle l’histoire de nos sociétés, qui se construisent et se façonnent. Aujourd’hui, plus que jamais, il faut se tourner vers nous-mêmes, prendre le temps de réfléchir sur la terminologie de la migration. À Djibouti ceux qui transitent ne sont pas les seuls migrants. Chaque jour, on interagi avec un migrant lorsque l’on va chez un coiffeur indien, chez le bijoutier sénégalais ou dans un restaurant européen ou asiatique. Qu’on se définisse soi-même expatrié, coopérant, migrant, qu’on soit issu de la migration forcée, du regroupement familial, de la migration de travail, qu’on soit un descendant de migrant de deuxième ou troisième génération, chacun est le véhicule d’une identité qui lui est propre, le représentant d’une culture qui est le fruit de la rencontre de plusieurs mondes.

C’est en se mélangeant que l’on apprend à se connaitre, à se comprendre, à voir dans l’étranger cet autre qui n’est que le représentant d’une réalité à laquelle nous appartenons tous. Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des migrants, je vous propose de voyager dans cinq pays différents. Devant vous, parmi nous et en backstage ce soir, 44 candidats répartis en 12 groupes vont nous emmener au Yémen, à Madagascar, en République démocratique du Congo, en Éthiopie et aux Philippines.

Nous reviendrons également à Djibouti pour comprendre la migration du point de vue de ceux qui en sont le fruit, ou qui l’observe et la reçoive.

Ces candidats, d’horizons aussi variés que leurs nationalités, hommes, femmes et enfants, sont ici professeur d’université, ici infirmière, ici femme de ménage, laveur de voiture ou encore ingénieur. Quelles que soient leurs origines, modestes ou non, asiatiques ou africaines, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, toutes ces différences, qui font partie des vies de chacun, d’une identité qui leur est propre, s’effacent ce soir sur scène pour laisser place à la compétition. »