Le parcours de Lula Ali Ismaïl illustre celui d’une artiste qui a su transformer une passion intime en un langage universel. Cinéaste et actrice djiboutienne, elle a vu son engagement artistique et culturel reconnu lors d’une cérémonie officielle organisée à la résidence de France à Djibouti, où elle a été élevée au rang de Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres.

Entourée de représentants du monde diplomatique, culturel et artistique, Lula Ali Ismaïl a reçu cette distinction des mains de l’ambassadeur de France à Djibouti, Jérôme Bresson, qui a souligné la portée de son œuvre et son apport au rayonnement culturel. À travers cette reconnaissance, c’est l’ensemble du cinéma djiboutien émergent qui se trouve mis en lumière.

Le parcours de la réalisatrice est marqué par la persévérance et le refus des chemins tracés d’avance.

Après ses premières expériences sur les scènes théâtrales à Montréal dans les années 1990, elle se tourne vers la télévision avant de s’imposer progressivement derrière la caméra. En 2011, elle réalise Laan, un film engagé abordant les conséquences sociales du khat à Djibouti, un projet mené avec des moyens limités mais porté par une forte conviction artistique. La reconnaissance s’élargit avec Dhalinyaro (Jeunesse), son premier long métrage de fiction, tourné intégralement à Djibouti. À travers le destin croisé de trois adolescentes issues de milieux différents, la cinéaste explore les dilemmes de la jeunesse, les pressions sociales et les espoirs d’émancipation. Le film rencontre un écho notable auprès du public local tout en circulant dans plusieurs festivals internationaux, confirmant la capacité du cinéma djiboutien à raconter des histoires universelles à partir d’un ancrage local fort.

Au-delà de ses propres réalisations, Lula Ali Ismaïl s’est également illustrée par son engagement en faveur de la création cinématographique nationale, notamment en tant que productrice exécutive du film La Femme du fossoyeur, œuvre saluée à l’international et réalisée par Khadar Ayderus Ahmed.

Lors de la cérémonie, l’artiste a exprimé son émotion face à cette distinction, rappelant que le cinéma n’avait pas été, à l’origine, une évidence.

Elle a évoqué un cheminement personnel fait de découvertes et de rencontres, et a insisté sur la responsabilité que représente, selon elle, l’acte de filmer : celle de montrer Djibouti, ses réalités, sa culture et ses traditions, loin des clichés.

Lula Ali Ismaïl a également partagé des souvenirs marquants liés à la réception de ses films à l’étranger, soulignant combien certaines histoires locales peuvent trouver un écho inattendu auprès de publics très éloignés géographiquement et culturellement. 

Tournée vers l’avenir, la réalisatrice a profité de l’événement pour présenter les jeunes actrices de son prochain projet cinématographique, Ayane, confirmant sa volonté de transmettre et de faire émerger une nouvelle génération de talents féminins.

À travers cette distinction, la France rend hommage à une artiste dont le travail contribue à inscrire Djibouti sur la carte du cinéma international, tout en rappelant que la création artistique demeure un puissant vecteur de dialogue entre les cultures.