
Pour notre institution, chaque séance solennelle et protocolaire a ses particularités : celle de cette matinée ne déroge aucunement à la règle puisqu’il s’agit par votre participation de renforcer la coopération entre nos deux pays en rendant hommage, de prime abord, aux moments de fraternité et de solidarité djibouto-somaliens.

Comme nous le savons, les liens entre Djibouti et la Somalie sont uniques et profonds. Ce sont des relations nouées dans la nuit des temps, des relations entre deux peuples liés par un vécu similaire, des liens forgés par des origines, des ancêtres et une langue que nombre d’entre nous partagent communément.
Et ces relations de solidarité et de fraternité ont déjà été mises à l’épreuve des aléas du temps, dans une période pas si lointaine que ça, durant la crise existentielle que la Somalie a dû endurer, dans son essence même de nation libre et pays souverain. Dès le début de la tragédie des années 90 à nos jours, le Peuple djiboutien a toujours été profondément et particulièrement touché par les épreuves traversées par leurs frères et sœurs somaliens. Depuis les initiatives, précurseurs de Djibouti à l’image de la première Conférence d’Arta en juillet 1991, notre pays a mis à la disposition de la stabilité et de la sécurité du Peuple frère de la Somalie, ses institutions, ses maigres ressources et infrastructures.
Sous l’égide de S.E.M. Ismail Omar Guelleh, Président de la République, qui reprenait le flambeau de son prédécesseur, Al Hadj Hassan Gouled Aptidon, que Dieu ait pitié de son âme, nous avons été les premiers à accompagner nos frères et sœurs somaliens sur la longue route de la paix et de la réconciliation.
Tout au long de cette longue, âpre et ardue traversée du désert, jusqu’à l’avènement d’une entente pacifiée du peuple somalien dans un Etat de droit, moderne et renforcé, notre pays a toujours encouragé le dialogue entre les différentes parties puis les négociations qui ont duré plusieurs années et qui ont permis d’obtenir les accords de Djibouti de janvier 2009. Ces dernières ont permis de mettre sur pied non seulement un gouvernement de transition soutenu par un large soutien politique, mais aussi de formaliser un paysage institutionnel capable d’arrimer la nation dans la consolidation de la stabilité.
La nécessité de faire participer toutes les sensibilités politiques somaliennes au processus de réconciliation et à la conduite collective des affaires publiques, vision portée par le président de la République de Djibouti, S.E.M. Ismail Omar Guelleh, a pu déboucher à la mise en place d’un parlement somalien plus fort, plus inclusif, donc plus résilient.
Grâce à ces efforts continus, au soutien ferme et inconditionnel de Djibouti, et de la communauté internationale, grâce aux engagements de nos frères et sœurs somaliens, à leur détermination, à leur attachement aux espoirs que seule la paix peut faire naître, la Somalie a retrouvé la stabilité, elle a instauré un climat de sécurité, malgré les menaces récurrentes posées par le terrorisme et autres risques de déstabilisation.
Il est vrai que les difficultés de la Somalie ne se sont pas évaporées avec les accords de Djibouti, mais en Somalie, les efforts successifs de tous les gouvernements qui se sont succédés jusqu’à celui de Hassan Cheikh Mohamoud ont tracé un sillon irréversible.
Un retour en arrière est dorénavant impossible.
Notre pays, pour sa part, a orienté sa coopération solidaire avec la république fédérale de Somalie, vers le développement durable de cette cohésion et des acquis de la paix. Sous le leadership de son Président, Djibouti et sa diplomatie se sont efforcés de faire passer inlassablement auprès des organisations internationales et des pays amis, un message de sensibilisation et de mobilisation des ressources devenues nécessaires pour soutenir les piliers fondateurs de la pacification.
Pour évoquer brièvement les différents aspects de la diplomatie active de la république de Djibouti, nous avons pu inciter la communauté internationale à élaborer le code de conduite de Djibouti et à mobiliser des flottes navales internationales dans le cadre de l’opération Atlanta pour lutter contre la piraterie.
Pour citer un autre axe, je voudrais revenir sur la contribution de la république de Djibouti sur le déploiement des forces armées djiboutiennes pour sécuriser les zones dont elles ont la charge dans le cadre du mandat de l’Union Africaine.
Est-il nécessaire de rappeler que pour la république de Djibouti, malgré le sacrifice sur le champ d’honneur, le sacerdoce sacré que conduit le Bataillon Hill quotidiennement, avec fierté, avec dignité et avec responsabilité minutieuse, reflète l’esprit de solidarité qui nous lie à la destinée des frères et sœurs somaliens. Cela symbolise aussi la détermination profonde du peuple djiboutien de se trouver du bon côté de l’histoire entre nos deux nations.
Votre pays va de l’avant. La Somalie est dorénavant une nation unie, qui entreprend de propager la paix et la concorde là où le besoin se fait encore sentir. Djibouti demeurera à vos côtés dans ces efforts. Et bien entendu, la représentation nationale se doit d’être en première ligne.
Je le soulignais tantôt dans mes propos, votre venue à Djibouti et votre séjour parmi nous s’inscrivent dans le cadre d’une diplomatie renouvelée et renforcée, que ce soit pour le rapprochement entre nos deux pays, et dans le cadre de la diplomatie parlementaire. Je demeure convaincu qu’aujourd’hui, il est venu le temps d’enraciner davantage la relation fraternelle de symbiose entre nos peuples respectifs, et la rendre porteuse d’une coopération bilatérale revigorée au service du progrès socio économique de Djibouti et de la Somalie.
Bien sûr, il nous faut faire plus dans notre quotidien pour consolider cette relation de partenariat aussi séculaire que fécond. Disons le haut et fort, si le champ fertile de nos actions est sans limites, notre ambition se doit d’être à la hauteur de l’ouvrage.
Et c’est sur la foi et la conviction de notre interdépendance, de notre solidarité, que nous pourrons nous y atteler avec une forte probabilité de réussite.
Dans cette optique, la contribution des membres du Parlement et en étroite coordination avec nos gouvernements respectifs, peut jouer un rôle de catalyseur.
De concert, nous pouvons œuvrer pour décupler les opportunités de business existantes, ou pour défricher des domaines inédits et innovateurs tels que les investissements mixtes dans les infrastructures et secteurs rentables, l’établissement de zones économiques conjointes, etc.
Nous pouvons aussi réfléchir en commun sur comment tirer profit à terme des expériences que d’autres avant nous, ont réussies en matière de développement communautaire intégré. Je pense ici, aux mécanismes incitatifs et multi sectoriels dans plusieurs parties du globe, se sont entendus de concert, pour favoriser l’essor socio-économique des États membres.
Ces dernières années, et je conclurais mes propos là-dessus, une tendance positive semble augurer du positif, en matière d’intégration : de nombreux entrepreneurs somaliens et djiboutiens s’appuient sur la force et la vitalité de notre relation pour venir s’installer et participer aux efforts de développement, que ce soit en Somalie ou à Djibouti.
Les résultats sont là. Ils doivent nous encourager. Ils doivent nous pousser à poursuivre, à continuer et amplifier nos efforts.
Et aujourd’hui plus qu’hier, il me semble nécessaire de raffermir davantage, les liens entre l’assemblée nationale de Djibouti et le parlement somalien.
Dans ce monde globalisé avec ses défis multiples et variés, nous devons comme représentant du Peuple, faire plus pour impulser une nouvelle dynamique à notre entente, au niveau de la coopération parlementaire notamment.