Le concept « de Groupe d’Entraide et d’Affinité » (GEA) est un concept développé en Inde, fondé sur l’organisation de groupes solidaires, au sein de communautés ou de populations cibles. Le principe de base du GEA est de dynamiser des compétences latentes, stimulé des populations autour d’une approche participative et d’une économie solidaire.

Cette approche participative favorise la constitution de groupes sur la base d’affinités naturelles facilitant l’entraide et permettant de réduire la vulnérabilité des personnes concernées. Les bénéficiaires de ce programme s’inscrivent logiquement dans le grand projet de l’ADDS de la Réduction de la Pauvreté Urbaine (PREPUD) à Djibouti et dans les cinq régions.

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L’approche participative des « GEA », reposant sur la constitution de groupes d’entraide sur la base d’affinité, est utilisée par l’ADDS dans le cadre de ses projets

Ce concept porte sur l’empowerment de groupes vulnérables par le renforcement de leurs compétences, la consolidation ou la création d’activités génératrices de revenus, et l’amélioration de leurs conditions de vie. Le regroupement par affinité, qui minimise les risques de friction et facilite l’entraide des membres, réduit la vulnérabilité de chaque membre grâce à la solidarité et à l’entraide mutuelle. Les membres des GEA deviennent en quelque sorte garants les uns des autres, ce qui a pour effet de réduirede façon substancielle l’échec dans les projets d’entreprenariat et d’activités génératrices de revenu dans lesquels les membres s’engagent. La réussite d’un GEA attire plus de soutien et de financement par le biais des CPEC ou de subventions octroyées par le bailleur de fonds à l’ADDS, à savoir la Banque Mondiale.

Comment fonctionne un GEA dans la pratique ?

Le Groupe d’Entraide et d’Affinité composé de 15–20 membres homogènes sociologiquement (’âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle) utilise l’épargne qu’il génère, le crédit qu’il octroie et l’engagement social qu’il suppose, comme des instruments d’autonomisation et de valorisation des populations soutenues, en particulier des femmes non scolarisées. C’est là un exemple plus que probant de l’intérêt et de l’utilité de l’approche participative et de la dynamisation sociale et économique de la franche la plus vulnérable de la société.

Pour qu’une GEA obtienne le soutien de l’Agence, celui-ci doit remplir les conditions suivantes :

1. La tenue de réunions hebdomadaires régulières ;

2. La réalisation d’épargne et le placement de la somme d’argent épargnée par chacun des membres dans une caisse commune ; le montant de l’épargne à verser étant fixé par le groupe ;

3. L’octroi de prêts internes sans intérêt au bénéfice des membres du groupe ;

4. Le remboursement des prêts accordés aux membres dans les délais impartis ;

5. L’entreprise et la participation à des activités communautaires telles que le nettoyage des mosquées, la distribution d’habits aux orphelins etc.

6. La tenue, par le groupe, de registres pour effectuer le suivi des cotisations, de l’assiduité dans la participation aux réunions, des prêts internes augroupe ainsi que l’enregistrement des procès-verbaux des réunions, des photos liées aux activités communautaires, etc.

L’ONG MYRADA a enregistré des progrès significatifs en termes de lutte contre la pauvreté dans les localités rurales de l’Inde, grâce à l’application de ce concept innovant. Et nous observons qu’à Djibouti aussi, les résultats sont extrêmement significatifs et encourageants : à Obock, nous avons 259 personnes réparties dans 20 GEA, et 190 AGR ont été créées ou renforcées depuis 2017, avec une épargne réalisée à ce jour de 2 288 450 FDJ. Cette épargne permet de soutenir la création ou le renforcement d’autres AGR sous la forme de prêts. A Holl-Holl, 12 GEA ont été créées depuis 2018, avec 162 membres et ont généré depuis une épargne de 2 045 050FDJ, et à Ali-Adde, il y a eu également la création de 12 GEA depuis 2018, avec 175 membres au total, lesquels ont réalisé une épargne de 3 525 050 FDJ.

Dans le tableau ci-dessous, nous avons un récapitulatif de l’ensemble des AGR créées ou renforcées dans les trois villes pilotes de cette nouvelle approche que sont les Groupes d’Entraide et d’Affinité (GEA) :

Des exemples concrets de la réussite des GEA :

Exemple 1 : A Holl-Holl

Il s’agit d’une mère de famille qui vendait des légumes devant chez elle à Holl-Holl.  Grâce au GEA, elle a pu contracter un 1er prêt de 100 000 FDJ pour renforcer son activité déjà existante et diversifier ses produits. Elle s’est installée dans un local et a ensuite pris un 2ième crédit d’un montant de 120 000 FDJ qui lui a permis d’acheter un réfrigérateur lui permettant de vendre des glaces, des sodas… et du beurre (« subag»). Elle a enfin un troisième prêt de 300 000 FDJ avant la fête de l’Aïd pour acheter des vêtements pour femmes et des matelas pour les revendre. Dans les photos ci-dessous, nous pouvons voir comment Mme Choukriest passée d’un modeste petit étale de légumes dans chez elle à une boutique aux produits diversifiés :

Exemple 2 : A Obock

Madame Madina a contracté un 1er prêt de 20 000 FDJ à travers son GEA, pour créer sa première activité. Elle vendait des robes (des

« chides »), des parfums, des bijoux de fantaisie, des sacs à main, etc. Ensuite, elle a pris un 2ème prêt de 100 000 FDJ pour diversifier son activité et vendre du matériel de pêche. Après avoir renforcé son affaire, elle a finalement contracté un 3ème prêt de 250 000 FDJ, lui permettant de s’acheter un moteur de 15 chevaux pour exercer elle-même une activité de pêche.