Bien plus qu’un espace d’apprentissage académique, l’école est devenue un lieu de formation intégrale de l’enfant. A Djibouti, depuis les États Généraux de l’éducation de décembre 1999, elle devient non seulement un lieu où se construisent à la fois le savoir être et le savoir-vivre mais aussi un espace de construction globale de l’enfant. En ayant vocation à former les enfants dans toutes leurs dimensions – intellectuelle, culturelle, morale, physique, sociale, etc. –, l’école prépare certes une génération capable de relever les défis d’un monde en perpétuelle mutation et de contribuer pleinement au développement de la société mais s’impose aussi comme un véritable laboratoire où l’enfant apprend à devenir un adulte éclairé, responsable et épanoui. Depuis les États Généraux de l’éducation de décembre 1999, l’école djiboutienne a été pensée non seulement comme un lieu d’instruction académique, mais surtout comme un espace de formation intégrale de l’enfant. En plaçant l’élève au centre du système éducatif, ces assises ont apporté des changements significatifs sur le système éducatif djiboutien qui tente de dépasser l’acquisition des savoirs scolaires pour former l’enfant dans toutes ses dimensions intellectuelle, culturelle, civique, morale, etc.

L’école djiboutienne, longtemps centrée sur la seule transmission des savoirs fondamentaux, se transforme en un véritable creuset de formation intégrale de l’enfant. Certes, la mission de l’école est évidemment de transmettre les savoirs de base ou les fondamentaux – lire, écrire, calculer – pour assurer le développement intellectuel et cognitif de l’enfant. Mais elle ne se limite plus à l’enseignement des disciplines classiques. Ainsi, elle devient le lieu où se façonne l’identité djiboutienne, dans le respect d’une diversité culturelle qui constitue l’une des plus grandes richesses du pays.

« Nous avons compris que former un enfant, c’est bien plus que lui apprendre à lire et à compter », explique Aicha Mohamed, institutrice de l’école primaire de Balbala 2.

« Chaque jour, j’essaie d’inculquer à mes élèves des valeurs comme le respect, la solidarité, les valeurs du vivre-ensemble, le respect des anciens, mais aussi l’ouverture sur le monde. Car l’école est leur première véritable expérience de la vie en société. » Au-delà des matières : une éducation aux valeurs citoyennes Au-delà des savoirs académiques, l’école djiboutienne joue un rôle essentiel dans la formation civique et morale en transmettant à l’enfant des valeurs fondamentales.

C’est dans cet esprit que s’inscrivent les cours d’éducation morale, civique et islamique (l’EMCI). Figurant parmi les matières enseignées dans le cursus de l’enseignement du secondaire, l’EMCI a pour but de former les élèves à être des citoyens responsables et éthiques, tout en développant le sens moral, le respect des normes sociales, la compréhension des principes civiques, mais aussi de favoriser une meilleure cohésion sociale. « A travers les cours d’éducation morale, civique et islamique, nous apprenons aux enfants à devenir respectueux des règles et conscients de leurs devoirs », raconte Aden Houmed, prof d’histoire-géo au Collège du Stade. Préparer les enfants à la découverte des métiers : un tremplin En sensibilisant les enfants aux réalités du marché du travail, l’école devient un espace de découverte et d’orientation vers les métiers. Ainsi, l’introduction récente du manuel de découverte des métiers au collège montre cette approche globale de l’éducation qui permet non seulement aux enfants de mieux comprendre les débouchés disponibles, mais aussi de nourrir leurs ambitions personnelles en découvrant très tôt des horizons professionnels variés. A travers des modules, elle prépare les élèves à s’intégrer dans un monde professionnel en mutation, où les secteurs comme le portuaire, la logistique, le numérique ou encore l’énergie prennent une importance croissante.  « Nous préparons les élèves aux métiers de leur choix. Autrement dit, nous essayons de montrer aux enfants que chaque matière peut déboucher sur une vocation. Les mathématiques ouvrent la voie aux métiers d’ingénierie, les sciences aux professions médicales, et les activités manuelles relèvent parfois de véritables talents techniques », souligne Mme Hawa Abdi, professeure de français.

En plaçant la découverte des métiers au cœur du parcours éducatif, l’école devient un tremplin qui aide les jeunes à construire leur projet d’avenir et à contribuer activement au développement du pays. En présentant des parcours professionnels diversifiés et en valorisant l’entrepreneuriat local, il encourage les jeunes à développer leur esprit d’initiative et leur capacité d’adaptation. « L’important n’est plus seulement de savoir, mais de savoir apprendre, de savoir s’adapter, de savoir créer », poursuit-elle. Une éducation physique et sportive valorisée

Enfin, l’école est aussi un lieu privilégié de formation en éducation physique et sportive, d’autant qu’elle permet à l’enfant de développer ses capacités physiques et son endurance. Les activités sportives – football, athlétisme, jeux traditionnels, etc. – permettent aux enfants de développer discipline, esprit d’équipe et persévérance. « Le sport à l’école joue un rôle important. C’est même un pilier de la formation. Car il ne s’agit pas seulement de développer des muscles, mais d’apprendre l’esprit d’équipe, l’endurance et le dépassement de soi. Je pense que le sport enseigne autant que les mathématiques ou la langue », affirme Ahmed Robleh, professeur d’éducation physique à Djibouti-ville. «Il forme le caractère autant que le corps, renforce la confiance en soi et prépare les élèves à relever les défis de la vie. Bref, un esprit sain dans un corps sain », ajoute-t-il. Cette approche s’inscrit dans la tradition djiboutienne de valorisation de l’effort physique et de la résistance, mais participe également à la formation citoyenne et personnelle. Au demeurant, l’école djiboutienne est conçue comme un espace de formation intégrale, où l’élève est accompagné dans ses dimensions intellectuelle, citoyenne, culturelle et morale. L’éducation n’est donc plus un outil de savoir, mais un véritable levier de construction de l’enfant considéré dans sa globalité. L’école devient ainsi à Djibouti le symbole d’un pays qui, fidèle à ses traditions d’hospitalité et d’ouverture, prépare ses enfants à être les citoyens du monde de demain.

SOG