Dans un discours prononcé jeudi dernier à l’occasion de l’ouverture  du Deuxième Congrès Médical International de Djibouti, le Président de la République M.Ismail Omar Guelleh a souligné l’importance de la coopération scientifique et du partage des connaissances pour relever les défis sanitaires. Il a affirmé que l’Afrique doit développer sa propre recherche médicale afin de renforcer sa souveraineté sanitaire et d’apporter des réponses adaptées à ses réalités. Il a mis en avant la position géographique stratégique de Djibouti, qui l’expose à des enjeux épidémiologiques spécifiques nécessitant une recherche nationale renforcée. Le Chef de l’État a rappelé les réformes engagées pour moderniser le système de santé et améliorer la surveillance épidémiologique. Il a insisté sur les impacts du changement climatique sur la santé publique et la nécessité d’en faire une priorité de recherche. Enfin, il  a appelé à une coopération régionale accrue et au développement d’une production pharmaceutique africaine pour garantir un accès équitable et durable aux soins. Voici l’intégralité du discours du chef de l’Etat.

Mesdames et Messieurs

C’est avec un  sentiment mêlé  de joie et de satisfaction  que je prends la parole aujourd’hui devant vous à l’occasion de ce deuxième Congrès Médical de Djibouti.

Permettez-moi en premier de souhaiter la bienvenue à l’ensemble des éminents scientifiques, experts, chercheurs, cliniciens, soignants, institutions et partenaires internationaux présents parmi nous. Votre participation à ce congrès  démontre que l’avenir  se construit toujours dans la coopération, la mutualisation des connaissances et le partage des expériences.

 Mesdames et Messieurs,

Aucune nation, aucun continent ne peut bâtir un système de santé solide s’il dépend exclusivement des connaissances et des solutions produites ailleurs. Le XXIe siècle doit être celui où l’Afrique produit sa propre science, développe ses propres protocoles, documente ses propres pathologies et conçoit ses réponses en fonction de sa propre réalité.

Ce congrès est une illustration que la Recherche médicale panafricaine n’est pas une utopie mais une réalité. Un impératif politique, un levier de souveraineté, et en même temps un investissement stratégique pour notre Avenir.

Comme vous le savez, les défis sanitaires de notre continent sont multiples et polymorphes. Ce sont des maladies infectieuses persistantes, des maladies chroniques en croissances. Ce sont aussi hélas des mortalités maternelles ou encore des émergences de nouvelles zoonoses pour ne citer que celles-la. Ces défis  ne peuvent être surmontés , ni résolus par les seules approches venues d’ailleurs. Ces défis  nécessitent une intelligence scientifique africaine, enracinée dans les réalités sociales et environnementales  de notre continent.

« Aucune nation, aucun continent ne peut bâtir un système de santé solide s’il dépend exclusivement des connaissances et des solutions produites ailleurs. »

Mesdames et messieurs

Notre position géographique particulière – au croisement de l’Afrique, du monde arabe et de l’océan Indien – fait de notre pays un véritable carrefour sanitaire.

Cette situation, eu égard à la mobilité intense des populations, nous expose à des réalités épidémiologiques spécifiques, comme la présence simultanée de pathologies tropicales infectieuses et chroniques,ou encore l’exposition accrue aux maladies émergentes ou importées.

Pour répondre à ces défis complexes, notre pays doit renforcer une recherche capable d’anticiper les risques, d’étudier les particularités de notre environnement sanitaire et d’adapter nos stratégies de prévention et d’intervention. Djibouti doit analyser ses propres données, produire ses propres modèles et former ses propres experts.

C’est pourquoi nous avons mis en œuvre des réformes pour moderniser nos institutions, renforcer les capacités de surveillance épidémiologique, améliorer la formation continue et consolider la couverture sanitaire universelle.

Mais soyons clairs : nous n’avancerons pas seuls.

La coopération régionale et continentale est indispensable pour faire face aux défis transnationaux.

« Ce congrès est une illustration que la Recherche médicale panafricaine n’est pas une utopie mais une réalité. »

Mesdames et Messieurs,

Les transformations climatiques que nous observons ne sont pas seulement un enjeu environnemental. Elles sont aussi un enjeu de santé publique majeur.

L’évolution des températures, la modification des écosystèmes et les dérèglements environnementaux provoquent déjà  la résurgence de maladies vectorielles, la propagation de nouvelles infections, l’apparition de maladies liées au stress thermique ou à la pollution. C’est pourquoi pour un pays comme le nôtre– situé dans une zone  particulièrement vulnérable aux dérèglements environnementaux, la recherche sur les effets du climat sur la santé devient une priorité nationale.

Mais il y a un autre défi dont nous devons parler avec lucidité : le coût des médicaments.

Aujourd’hui encore, l’Afrique importe plus de 95 % de ses produits pharmaceutiques. Cette dépendance crée une vulnérabilité structurelle, rend les traitements coûteux et limite l’accès équitable aux soins. La recherche africaine doit déboucher sur une production pharmaceutique africaine, localisée, adaptée et durable. Une production capable de  réduire les coûts, de sécuriser les approvisionnements, et de permettre une réactivité face aux crises.

Cette vision exige que nos universités, nos laboratoires, nos agences de régulation et nos industries travaillent ensemble. Le savoir ne doit pas rester dans les publications scientifiques : il doit se traduire en  médicaments, en  vaccins ou encore dans des  outils de diagnostic fabriqué en Afrique, pour les Africains.

« Aujourd’hui encore, l’Afrique importe plus de 95 % de ses produits pharmaceutiques. »

Mesdames et Messieurs,

Je formule le vœu que les recommandations issues de ces trois jours de travaux soient traduites en actions concrètes, qui bénéficieront à Djibouti, à la région et au continent.

Je vous remercie de votre attention.