Le métier de travailleur social commence à prendre forme à Djibouti. Il est mis en place par le ministère des affaires sociales et des solidarités (MASS), en collaboration avec le bureau local de l’UNICEF. Les travailleurs sociaux opèrent dans les guichets sociaux situés dans les différents arrondissements de la capitale et dans les 5 régions de l’intérieur. Formés puis placés au centre de l’appareil de lutte contre la pauvreté, ils sont la clé de voûte de la mise en œuvre des actions sociales. Ils représentent également des acteurs incontournables permettant d’assurer le bien-être de la population en cas de crise.

Pour parvenir aux missions qui lui sont attribuées, à savoir la conduite des actions de solidarité en matière d’assistance humanitaire, de promotion et de protection sociale des personnes âgées, des personnes handicapées, des personnes défavorisées et de toutes les personnes nécessiteuses, le Ministère des affaires sociales et des solidarités a, mis en place une stratégie visant à professionnaliser le métier de travailleurs sociaux à Djibouti. Avec la collaboration de ses partenaires onusiens dont notamment l’UNICEF, le MASS a d’abord procédé à outiller durant deux ans, ces jeunes gens afin qu’ils puissent jouer convenablement leurs rôles.

Selon des hauts responsables de ce ministère en charge du dossier des travailleurs sociaux, ce personnel social se déploie à la fois sur terrain, pour réaliser des enquêtes ou des services de proximité, aux guichets sociaux des quartiers ou des localités pour recueillir et enregistrer les doléances des citoyens et dans les bureaux pour opérer l’enrôlement biométrique des demandeurs de services.

Selon Mohamed Awaleh Miguil, alors responsable des guichets sociaux, «Ils reçoivent plus d’une cinquantaine de doléances par jour. Outre la distribution des bons alimentaires mensuels, l’orientation, les récoltes d’informations fiables sur les demandeurs d’aides, le traitement des dossiers et l’accompagnement des plus vulnérables figurent parmi les tâches que ces jeunes gens effectuent pour dans ce guichet pour mieux servir cette tranche de nos concitoyens». Mais c’est surtout lors de l’inondation du mois de décembre 2019 et la crise sociale et sanitaire due à la pandémie de la COVID-19 que, sur le sol djiboutien, le travail social a commencé à être reconnu comme indispensable.  

En effet, dès le déclenchement de la pandémie du COVID-19, le Ministère des Affaires Sociales et des Solidarités (MASS) a mobilisé quelque 150 travailleurs sociaux qui ont été déployés sur terrain pour exécuter la stratégie de riposte sociale mise en œuvre par ce département ministériel. Pour pallier aux besoins alimentaires immédiats et nécessaires, des couches les plus vulnérables de notre population impactées par cette crise, y compris les enfants, le MASS à travers les travailleurs sociaux a procédé à distribuer des milliers de coupons alimentaires.

«Ce sont près de 3942 ménages des communes de Boulaos et Balbala qui ont pu bénéficier des distributions et qui, ainsi, ont été pris en charge dans la capitale, avec le concours de l’UNICEF sous forme de coupons alimentaires», selon le responsable des guichets sociaux, Mohamed Awaleh Miguil. Conscient de la complexité de ces tâches, c’est en collaboration avec l’UNICEF que le MASS a procédé en septembre 2019 à lancer une formation certifiant de deux ans (2019-2020) destinée à  professionnaliser le métier des travailleurs sociaux à Djibouti.

Il s’agit pour ce département ministériel de notre pays, concepteur de ce programme, de parvenir à un modèle social construit autour des principes de promotion des droits humains et du renforcement du capital humain, notamment dans le domaine de la santé nutritionnelle et la résilience des populations.

Composé de 12 modules, le programme de formation est conçu  selon une méthodologie participative permettant aux travailleurs sociaux bénéficiaires de connaître les fondements scientifiques du travail social et des politiques sociales, de connaître les fonctions du service social et sa contribution au développement, de connaître les différents champs des pratiques en service social et les conditions à faire respecter pour bénéficier des services fournis dans le cadre des programmes gérés par les différents départements, de maîtriser les techniques d’accueil, de communication, de bien assimiler la déontologie du métier et la méthodologie d’intervention.

Bref, il s’agit de moderniser leur travail pour qu’ils puissent assumer avec adéquation les défis sociaux de plus en plus variés que traverse la société Djiboutienne.

Rachid Bayleh