Sous l’impulsion de la Loi n°113/AN/24/9ème L, adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée le 12 août 2024, le Centre de Formation de l’Éducation Nationale (CFEN) a ouvert ses portes, marquant une étape majeure dans la modernisation du Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFOP). Héritier d’une tradition pédagogique qui remonte au premier Cours Normal des années 1960, le CFEN se positionne comme un acteur central dans la refonte du système éducatif national, intégrant formation initiale, continue, recherche et innovation.Ce nouvel établissement a pour ambition de former les enseignants de demain, garantissant l’homogénéité et la montée en compétences du corps enseignant, tout en se projetant comme un centre régional de référence en matière de formation et de recherche pédagogique. La Nation a rencontré Madame Neima Ismail Hassan, Directrice Générale du CFEN, pour un entretien exclusif.
La Nation : Madame la Directrice Générale, pouvez-vous revenir sur la genèse du CFEN et nous parler de l’équipe qui en constitue aujourd’hui la force motrice ?
Neima Ismail Hassan : Née à Djibouti en 1972, j’ai commencé ma carrière comme enseignante de français en 1993, avant de devenir conseillère pédagogique puis, en 2017, membre de la direction générale de la formation professionnelle. En 2024, j’ai été nommée Directrice Générale du CFEN par le Ministre Moustapha Mohamed Mahamoud.
Le CFEN s’inscrit dans la continuité de plusieurs institutions de formation des enseignants, depuis la Section Normale de 1962 jusqu’au CFEEF de 2012. Aujourd’hui, il regroupe la formation des professeurs du primaire au secondaire, général et professionnel, dans un cadre unique de niveau licence ou plus. La réussite de cette mission repose sur notre équipe : 12 docteurs, 13 formateurs titulaires de Masters de recherche, 22 formateurs avec un Master professionnel en ingénierie de formation, ainsi que des experts associés. Cette excellence humaine est le pilier de notre crédibilité.
Quels sont les objectifs et l’organisation du CFEN dans le cadre de la réforme éducative nationale ?
Le CFEN est structuré autour de trois directions : la Formation Initiale et Continue, qui prépare enseignants et personnels administratifs ; les Innovations et Partenariats, qui impulsent la modernisation pédagogique et les collaborations internationales ; et la Recherche-Action et Ressources Documentaires, qui assure la production et la diffusion de savoirs en sciences de l’éducation.
Nos missions englobent la formation initiale et continue du personnel du MENFOP, la formation professionnelle pour le secteur privé, le développement de l’ingénierie de formation, l’intégration des TICE et de l’intelligence artificielle, ainsi que la recherche appliquée via le laboratoire LABRA et nos partenariats internationaux, notamment avec l’AUF et l’Institut des Hautes Études et de la Formation de Poitiers.
Comment se déroulent concrètement la formation initiale et continue ?
Chaque année, le CFEN accueille entre 250 et 300 élèves-professeurs pour l’ensemble des degrés du système éducatif. Leur formation repose sur un référentiel de compétences et une maquette pédagogique articulée autour de cours théoriques, travaux dirigés et stages pratiques. La première année se concentre sur l’observation et la pratique semi-accompagnée, la seconde année place les élèves-professeurs en responsabilité de classe, avec la rédaction d’un mémoire professionnel.
Pour la formation continue, nous travaillons en étroite collaboration avec l’Inspection Générale, avec un plan annuel adapté aux besoins des enseignants et cadres. Elle favorise l’intégration des TICE, la co-construction de savoirs et un environnement moderne stimulant, dans des infrastructures équipées de salles intelligentes, d’amphithéâtres et de centres documentaires riches.
Quelle est votre vision pour le CFEN à long terme ?
Former autrement pour atteindre l’excellence : telle est notre ambition. Nous voulons faire du CFEN un centre d’influence régional, avec des partenariats solides en Afrique et en France, et des initiatives concrètes comme l’accueil de jeunes enseignants rwandais en immersion.
Notre objectif est de professionnaliser l’ensemble du personnel de l’éducation nationale, de renforcer la recherche doctorale et l’expertise des formateurs, et de consolider notre réseau national et régional. Grâce à l’appui du MENFOP et la vision du Président de la République, le CFEN porte fièrement le nom d’Omar Guelleh Ahmed et s’inscrit dans une tradition éducative noble et humaniste.