Pionnière dans le secteur du paiement numérique, la plateforme SycaPay connaît un essor fulgurant en Afrique de l’Ouest. À la tête de ce succès, Abdillahi Osman, entrepreneur djiboutien et membre actif de la diaspora, incarne une nouvelle génération d’innovateurs africains engagés pour une inclusion financière durable. De passage à Djibouti pour lancer la plateforme dans son pays d’origine, il revient sur son parcours, les spécificités de SycaPay et ses ambitions pour le continent.
Bonjour M. Abdillahi Osman, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, et merci pour cette opportunité. Je suis Abdillahi Osman, Djiboutien et membre actif de la diaspora. Je suis le cofondateur de SycaPay, une plateforme panafricaine de paiement numérique. Mon parcours est ancré dans les domaines de la technologie, de l’inclusion financière et de l’innovation digitale. Depuis toujours, je suis passionné par les solutions capables de transformer le quotidien, en particulier sur le continent africain.
Être à l’origine d’une plateforme qui s’est imposée à l’échelle panafricaine n’est pas anodin. Quel est le secret de ce parcours que beaucoup qualifieraient d’atypique ?
Je dirais que le secret repose sur trois piliers : vision, résilience et collaboration. J’ai toujours eu la conviction que l’Afrique, et mon pays Djibouti en particulier, devait être au cœur de l’innovation technologique mondiale. Le chemin n’a pas été simple. Il a été jalonné de défis, de remises en question, mais aussi de précieuses leçons. Nous sommes aujourd’hui fiers, avec mon associé M. Diop, d’avoir fondé la première Fintech agréée par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). C’est une étape majeure qui témoigne de la solidité et de la crédibilité de notre projet. Ce succès est le fruit d’un travail collectif, d’une bonne connaissance du terrain, et d’une volonté constante de proposer des solutions simples, inclusives et sécurisées pour tous.
SycaPay est aujourd’hui une plateforme incontournable du paiement numérique. Qu’est-ce qui la distingue des autres services disponibles sur le marché africain ?
SycaPay se distingue par sa flexibilité et son approche inclusive. Alors que beaucoup de services se concentrent sur les zones urbaines ou les populations déjà bancarisées, nous avons conçu SycaPay pour être accessible au plus grand nombre, notamment dans les zones rurales et pour les personnes non bancarisées. Notre technologie permet les transactions via smartphone, mais aussi via USSD, ce qui rend le service utilisable même sans connexion Internet. Nous couvrons tous les segments : grands comptes, PME/TPE, mais aussi le secteur informel. En matière de conformité et de sécurité, nous ne faisons aucun compromis : nous sommes certifiés PCI DSS Level 4, partenaires de Visa et certifiés PayFac. Notre API ouverte permet une intégration rapide par les commerçants, startups et institutions, ce qui contribue à dynamiser l’écosystème entrepreneurial local. La sécurité et la transparence restent nos priorités absolues.
Votre plateforme est déjà présente dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. Peut-on espérer voir bientôt SycaPay à Djibouti ? Et comment comptez-vous capter l’attention du public djiboutien ?
Absolument. Djibouti occupe une place très spéciale dans ma vision personnelle et professionnelle. Je suis d’ailleurs actuellement à Djibouti pour faire avancer le processus de lancement officiel de SycaPay dans le pays. J’ai déjà rencontré plusieurs partenaires locaux : institutions financières, opérateurs économiques, ainsi que la Banque centrale dans le cadre des démarches d’agrément réglementaire. Notre objectif est clair : proposer à Djibouti une solution adaptée aux réalités locales, à la fois accessible, inclusive et sécurisée. Nous allons mettre en place une stratégie d’implantation progressive, reposant sur des partenariats solides et une communication ciblée pour favoriser l’appropriation par les usagers. Ce qui a fait notre force ailleurs, c’est notre capacité à écouter le terrain et à co-construire avec les acteurs locaux — c’est cette même approche que nous adoptons ici.
Un mot de conclusion ?
Je dirais que l’Afrique a aujourd’hui tous les atouts pour devenir un leader mondial de l’innovation inclusive. En tant que membres de la diaspora et entrepreneurs africains, nous avons la responsabilité de ne pas manquer le tournant de l’intelligence artificielle, qui va transformer tous les secteurs. Il est temps de croire en notre potentiel et de bâtir des solutions par nous, pour nous. Avec SycaPay, nous voulons activement contribuer à cette dynamique. Merci encore pour cette tribune, et à très bientôt à Djibouti, inshallah.
Propos recueillis par Sadik Ahmed