Ce qui devait être un coup d’éclat diplomatique pour le président américain s’est mué en piège politique redoutable pour le génocidaire Netanyahou. L’« accord du siècle », conçu comme une camisole pour les Palestiniens et un triomphe pour l’entité sioniste, s’est retourné contre son principal bénéficiaire attendu. Le Hamas, loin de réagir par le rejet instinctif et la rhétorique guerrière, a préféré la subtilité à la brutalité. Et dans ce jeu d’échecs, c’est le fugitif de la CPI qui s’est retrouvé acculé.

Là où on attendait une condamnation immédiate, le Hamas a choisi de saluer Trump pour ses « efforts ». Une manœuvre de communication millimétrée : flatter un président américain friand d’éloges, tout en déplaçant la pression. En quelques jours, Washington n’a plus désigné le Hamas comme le fauteur de troubles, mais a retourné son regard vers Tel-Aviv.

En acceptant le principe central — l’échange de prisonniers — tout en posant des conditions claires, le Hamas a réussi un coup de poker diplomatique. Dire « oui, mais… » a suffi à renverser les rôles. Dès lors, celui qui bloquait la paix n’était plus à Gaza mais à la tête du gouvernement israélien. Pour Netanyahou, céder revenait à renier sa base ultra-nationaliste, et refuser, à porter le fardeau d’un échec diplomatique majeur.

Le président Trump lui-même a reconnu la position « raisonnable » du Hamas. En louant publiquement ses réponses, il a placé Netanyahou dans une posture intenable : seul, fragilisé, miné par la suspicion de son opinion publique et l’impatience de son allié américain.

Au-delà du coup tactique, le mouvement nationaliste a esquissé une métamorphose, en évoquant un organe technocratique pour administrer Gaza et en affichant des signaux d’ouverture. Une tentative réussie de se refaire une image politique dans un Moyen-Orient où chaque signe d’évolution est scruté.

La leçon est cruelle pour Netanyahou. Sa rhétorique et sa propagande n’ont guère eu d’impact que ses divisions blindées. Ce qui devait être l’ultimatum du siècle s’est transformé, pour lui, en défaite politique. Au Proche-Orient, la guerre des mots est parfois plus implacable que celle des bombes.