Il est des dates que l’histoire grave à l’encre indélébile dans la mémoire des peuples. Le 27 Juin en est une. Ce jour-là, en 1977, la République de Djibouti est venue au monde libre, « une et indivisible », selon la fameuse formule d’un de ses illustres fils, à qui revenait alors l’honneur de la proclamer. Cette liberté a été gagnée par la volonté populaire forgée dans les luttes, les sacrifices et les rêves communs. Depuis lors, le 27 Juin n’est pas une banale commémoration annuelle. C’est l’acte de foi renouvelé d’un peuple envers sa République chèrement acquise.
Et cette foi ne saurait être fragmentée par les aléas du débat politique. La République, en effet, ne se divise pas. Elle ne s’hérite pas et ne s’accapare pas. Elle se vit, se défend et se célèbre ensemble. Le 27 Juin ne connaît ni majorité ni opposition. Ni partisan ni exclusif, il est national, et donc inclusif par essence.
À ceux qui, tentés par une nostalgie mal placée ou guidés par l’aveuglement idéologique, voudraient faire de cette journée une occasion d’opposition ou d’oubli, il faut répondre avec la force tranquille de l’évidence : la République est notre bien commun et transcende nos divergences.
Nous pouvons ne pas être d’accord sur tout. Mais nous devons l’être sur l’essentiel : l’amour du pays, la fierté de notre souveraineté et, bien sûr, la volonté d’en faire une maison digne pour chaque Djiboutien et chaque Djiboutienne, quelles que soient ses convictions.
Le patriotisme véritable commence là, dans cette capacité à s’élever, au moins une fois l’an, au-dessus des joutes et des clivages, pour reconnaître ce que nous avons en partage. Le drapeau, l’hymne, la Constitution, le nom même de Djibouti, sont les symboles de cette appartenance irréductible qui fait de chacun de nous un maillon de la chaîne nationale.
L’anniversaire de l’Indépendance doit être un moment de trêve et d’unité. Un jour où l’on ne revendique rien pour soi, mais où l’on rend hommage à ce que nous avons en commun. Un jour où l’on n’oublie pas les combats d’hier, ni les défis d’aujourd’hui, mais où l’on choisit de les porter ensemble. Car c’est uni que nous serons à la hauteur de l’histoire, et jamais dans la dispersion.
Le 27 Juin doit donc rassembler. Il oblige moralement chaque citoyen, chaque force politique, chaque acteur social, à se rappeler que nous ne sommes pas des adversaires dans une lutte sans fin, mais des héritiers d’un combat harassant qui endeuillé d’innombrables familles. Un combat mené par d’autres pour nous tous. Nous sommes les dépositaires d’un legs, et non les propriétaires d’une rente. Car la République ne nous appartient pas. C’est nous qui lui appartenons.