Classement au-delà des attentes

a République de Djibouti se hisse en 2025 dans le top 2 des économies les plus dynamiques du monde arabe, avec une croissance projetée de 6%. Seule la libye la devance avec une croissance spectaculaire de plus de 13%.  Ces projections, plutôt flatteuses, ne sortent pas des tiroirs du MEFI. Ce sont les économistes de la Banque mondiale qui l’affirment dans le dernier rapport de l’institution.

Ce succès économique de notre pays n’est pas tombé du ciel. Il est le fruit d’une continuité politique assumée et d’investissements colossaux dans les infrastructures, notamment portuaires et ferroviaires. On le doit aussi à une diplomatie fine qui a su tirer parti de la position géostratégique unique de Djibouti. Être le trait d’union entre l’Afrique et le Moyen-Orient, entre l’océan Indien et la Méditerranée, est un avantage considérable. Mais c’est l’intelligence de l’exploiter qui transforme cet atout géographique en richesse nationale.

Loin des mirages du pétrole ou des rentes faciles, Djibouti s’impose comme un hub logistique incontournable, adossé à l’une des routes maritimes les plus stratégiques du globe. Ports modernisés, zones franches innovantes et corridors de transport vitaux constituent autant de facteurs qui transforment l’exigu territoire djiboutien en un carrefour inévitable pour les flux commerciaux mondiaux. Ce positionnement, loin d’être le fruit du hasard, est la traduction d’une stratégie patiente d’investir dans l’avenir, portée par une volonté politique au plus haut niveau de l’Etat.

La Banque mondiale ne fait pas autre chose que de saluer une « performance fondée sur la stabilité politique et des investissements massifs dans les infrastructures ». Au moment où des poids lourds du monde arabe, et non des moindres, stagnent à des niveaux plus modestes, Djibouti démontre qu’une économie de taille réduite peut rivaliser par la clarté de ses choix et la rigueur de sa gouvernance.

Cette réussite appelle cependant à la lucidité. Car une croissance de 6%, si enviable soit-elle, ne saurait suffire sans redistribution équitable et sans ancrage social solide. Le défi de l’emploi, notamment pour la jeunesse, reste immense. L’enjeu de la diversification est crucial pour ne pas demeurer prisonnier de la seule rente logistique.

Mais aujourd’hui, notre pays est loin d’avancer à contre-courant. Il surfe sur les tendances régionales, il inspire confiance aux investisseurs et il se projette au cœur des grands équilibres mondiaux. En ce sens, 2025 pourrait bien marquer le début d’un cycle inédit, celui où une nation à la géographie modeste s’affirme néanmoins comme grande puissance par sa stratégie.