« Les djiboutiens doivent se montrer plus méfiants car ce délit est sévèrement réprimé »

Déclare la procureure de la République

Au cours d’un procès qui s’est déroulé le jeudi 26 mai dernier, la Chambre Correctionnelle du Tribunal de première Instance a condamné plusieurs personnalités djiboutiennes, dont notamment l’ancien directeur général de la police nationale, le colonel Abdillahi Abdi Farah, et M. Bodeh Ahmed Robleh, ancien ministre du budget, accusés d’une affaire d’atteinte au secret des correspondances. Pour un complément d’infos, nous avons interrogé la procureure de la République, Lamisse Mohamed Saïd, sur les tenants et les aboutissants de cette affaire.

La Nation : En quoi réside l’intérêt, pour la société, de punir un tel délit ?

La procureure de la République, Lamisse Mohamed Said :

Je vous remercie de me donner l’occasion d’éclaircir certains points qui créent actuellement la polémique dans notre pays.

Pour revenir un peu sur les faits qui se sont produits courant l’année 2022, des correspondances téléphoniques ont été enregistrées illégalement par messieurs Yabeh Said Gueldon et Ibrahim Abdi Guelleh, personnes dépositaires de l’autorité publique agissant dans l’exercice de leur fonction, dans le but de les détourner et d’en tirer profit.

En effet, ils ont vendu ces enregistrements aux messieurs Abdillahi Abdi Farah et Bodeh Ahmed Robleh, personnes occupant de hautes fonctions dans le gouvernement et censées maintenir l’ordre et la sécurité du pays. Ces derniers ont violé le secret des correspondances en s’appropriant des communications privées en vue de les divulguer. Ces agissements sont considérés comme une atteinte à la vie privée, une violation flagrante du secret des correspondances voire de la sûreté de l’Etat. Ainsi, il est primordial pour la sécurité de Djibouti de punir un tel délit.

Nous observons que l’enregistrement de personnes à l’insu de leurs volontés est devenu une pratique de plus en plus répandue. Qu’est ce qui favorise ce phénomène ?

Les personnes qui se donnent à ce genre de pratiques manquent de confiance en soi, de foi et de reconnaissance. Elles souhaitent s’enrichir sur le dos des autres. Certaines même ne pensent qu’à détruire la stabilité du pays.

Est-ce que la condamnation de ce délit s’appliquera lorsque les faits incriminés mettent uniquement en cause de notions essentielles telles que la sûreté de l’Etat ?

La loi est claire. Les dispositions du code pénal djiboutien en ses articles 439 et 440 punissent ceux qui commettent ce délit, en d’autres termes ceux qui prennent connaissance de manière illégale toute correspondance afin de la détourner. Donc, il n’est pas uniquement question de la sûreté de l’Etat, mais de toute correspondance.

Que doivent faire les Djiboutiens pour éviter l’engagement de leurs responsabilités juridiques dans les faits d’atteinte au secret des correspondances ?

Tout d’abord les Djiboutiens doivent prendre connaissance des dispositions édictées par le code pénal concernant cette infraction. Ils doivent aussi se montrer plus méfiants car ce délit est sévèrement réprimé comme il est indiqué dans l’article 440 qui prévoit une peine de trois ans d’emprisonnement et de 3.000.000 de francs d’amende.