Tôt dans la matinée du samedi 29 décembre 2018, les cinq milles refugies urbains vivant dans la capitale se sont donnés rendez-vous pour élire leurs nouveaux représentants pour une durée de deux années. Le scrutin s’est déroulé au centre de développement communautaire de Quartier 5.

Les communautés de réfugiés, issues de la Somalie, d’Éthiopie, d’Érythrée et du Yémen étaient appelés à élire leurs représentants légaux pour les deux années à venir selon les statuts et règlement régissant la vie des réfugiés urbains.

L’organisation de cet exercice de démocratie à grande échelle a été dirigée par l’ONARS avec le soutien du HCR. « Pour que nous puissions accéder aux communautés réfugiées et résoudre leurs problèmes, il est très important que nous ayons un leadership structuré et légitime», nous a confié le coordinateur des projets de l’ONARS, Houssein Mohamed Chardi. « Nous attendons de ces leaders qu’ils deviennent nos principaux interlocuteurs auprès de leurs communautés respectives afin qu’ils puissent jouer un rôle très actif dans les campagnes de sensibilisation et plus généralement faire respecter la loi du pays d’asile » a-t-il ajouté. L’ONARS agit sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et constitue le bras humanitaire du gouvernement. L’institution agit dans le souci de garantir aux refugies des conditions de vie décente tout en se conformant aux lois et règlements de la RDD. A ce titre, les réfugiés doivent s’abstenir de toute activité de nature à porter atteinte au caractère civil, humanitaire et apolitique de leur statut.

L’ONARS assure aux réfugiés les moyens de jouir pleinement de leurs droits fondamentaux qui découlent des instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux relatifs aux réfugiés. Le comité directeur des réfugiés, avec son président et son adjoint, est élu pour une durée d’une année renouvelable une fois, conformément aux standards internationaux et dans le respect du genre et de la diversité. Le comité directeur est composé à 50% d’hommes et 50% de femmes et chaque secteur doit être représenté. Le leader doit être âgé entre 40 et 60 ans, et jouir d’une bonne santé et d’une intégrité morale irréprochable. Avant l’élection du comité et du directeur et de son adjoint, une campagne électorale a été autorisée par l’ONARS pour tous les candidats éligibles. Chaque réfugié majeur de 18 ans ayant le droit de voter lors de ces élections.

Tout réfugié, à l’instar de tout citoyen, est responsable de ses actes et des préjudices qu’il aura causés, ainsi que ceux des personnes mineures à sa charge. L’ONARS, l’UNHCR et ses partenaires ne peuvent en être tenus pour civilement responsable. De même, il est responsable du préjudice que ses animaux ou ses biens divers auront causé à autrui.

Ainsi, les candidats ont fait campagne auprès de leurs communautés respectives. Puis, le scrutin s’est déroulé sous l’œil éveillé d’un huissier chevronné qui a fait le dépouillement et proclamé les résultats a la fin du vote. « Même si mon candidat perd l’élection, j’accepterai le verdict des urnes de ma communauté », nous a expliqué  Suldan, réfugié somalien de 57 ans et vivant à Djibouti depuis 1991. « Dans chaque élection, il y a toujours un gagnant et un perdant », a indiqué le quinquagénaire qui a fui le conflit armé et la déconfiture de la Somalie à cause justement de l’absence de démocratie et de respect de la règle de vie commune. Il s’est dit heureux de la façon dont les élections ont été organisées.

Munira, âgée de 32 ans, refugiée yéménite, a affirmé qu’elle attendaient des gagnants qu’ils défendent ardemment les droits des réfugiés, y compris pour améliorer l’éducation, les soins de santé et les moyens d’existence ainsi que la recherche des moyens de subsistance. Elle a fait part de son souhait de vivre paisiblement à Djibouti qu’elle a remercié vivement pour l’accueil et l’hospitalité aussi bien du gouvernement que du peuple.

Et, comme pour de nombreux réfugiés yéménites, elle considère Djibouti comme son second pays.

Responsabiliser les réfugiés pour qu’ils deviennent autonomes est essentiel pour la dignité de la communauté et pour assurer en continu les prestations de services.

Les leaders élus seront engagés dans la prise de décisions sur des problèmes communautaires tout en facilitant et soutenant le travail des agences humanitaires qui opèrent à Djibouti. Leur travail se fait une base volontaire et ils ne perçoivent pas de salaire.

MAS