
L’économie djiboutienne, après un léger ralentissement de croissance en raison des effets déstabilisants de la pandémie mondiale de COVID-19 et de la crise maritime en Mer Rouge, semble aujourd’hui renouer avec une trajectoire de croissance robuste et soutenue, comparable aux années d’or entre 2006 et 2019. Selon les dernières projections du Fonds Monétaire International (FMI), Djibouti se classe parmi les vingt pays présentant la plus forte croissance économique mondiale pour 2025 et 2026. Ce rebond est d’autant plus remarquable lorsque l’on considère que le Produit Intérieur Brut (PIB) du pays a été multiplié par 6,77 entre l’an 2000 et 2023. Il est passé de 98,3 milliards de DJF en 2000 à 665,26 milliards de DJF en 2023, un exploit qui témoigne d’une performance économique exceptionnelle.
Cependant, derrière cette réussite économique se cache un défi majeur : la croissance, bien que spectaculaire en termes de chiffres absolus, repose principalement sur une forte intensité capitalistique plutôt que sur une intensité en main-d’œuvre. Autrement dit, cette dynamique de croissance s’appuie principalement sur des investissements massifs en infrastructures et en capital technologique, souvent portés par de grands projets dans les secteurs du transport, de la logistique, des infrastructures portuaires, des télécommunications et des services, notamment dans le domaine du commerce international. Si ces investissements ont renforcé l’attractivité de Djibouti en tant que hub logistique et financier régional, leur impact direct sur la création d’emplois durables et sur la diversification du tissu économique demeure limité.
En effet, cette forte composante capitalistique, bien que nécessaire au développement des infrastructures et à l’amélioration de la compétitivité du pays, ne se traduit pas par une réduction significative du chômage ni par une amélioration substantielle de la qualité de vie pour l’ensemble de la population. La majorité des emplois générés par ces projets d’infrastructures concernent des secteurs à forte valeur ajoutée technologique ou des emplois peu qualifiés dans les secteurs de la construction et des services. Dès lors, la création d’emplois durables, à forte valeur ajoutée et à large échelle, en particulier pour les jeunes et les femmes, demeure un défi majeur.
Pour relever ce défi, Djibouti doit impérativement réorienter sa politique économique en faveur d’une diversification des secteurs productifs. Il est crucial de privilégier des investissements dans des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, tels que l’industrie manufacturière, le tourisme, l’agriculture, les technologies numériques et certains services où une croissance inclusive pourrait générer des emplois durables et contribuer à la réduction des inégalités sociales. Afin de maximiser le potentiel de cette croissance économique, Djibouti devra également renforcer ses efforts en matière de développement des compétences, de formation professionnelle et de promotion de l’entrepreneuriat local. L’accent doit être mis sur la création d’une économie plus inclusive et résiliente, où l’essor des infrastructures et les investissements en capital sont accompagnés d’une dynamique d’intégration des populations dans les processus économiques. Cela permettra de répondre aux défis mondiaux actuels tout en tenant compte des impératifs environnementaux.
L’évolution du PIB de Djibouti et sa position parmi les pays à forte croissance économique témoignent de perspectives prometteuses pour l’avenir. Toutefois, il est essentiel que le pays adapte son modèle de développement pour passer d’une croissance centrée sur les investissements lourds à une croissance inclusive, fondée sur une intensification de l’emploi, le développement de nouveaux secteurs économiques et l’amélioration de la productivité du travail. Un tel virage stratégique serait non seulement bénéfique pour l’économie djiboutienne, mais également pour le bien-être des citoyens à long terme. Il est impératif de donner des ailes à toutes les énergies capables de contribuer à cette nouvelle étape.
Ce virage économique est à la portée de la République et de ceux qui en portent la destinée. Depuis son accession à la Magistrature Suprême le 9 avril 1999, le Président de la République, M. Ismail Omar Guelleh, a démontré une gestion particulièrement habile et stratégique de l’équilibre interne du pays, en naviguant avec finesse et dextérité entre les défis politiques, sociaux et économiques. Son approche repose sur une compréhension approfondie des dynamiques sociétales et des besoins de cohésion nationale, ce qui lui permet de maintenir la paix et la stabilité au niveau interne. Grâce à une gouvernance inclusive et visionnaire, il a su renforcer la solidarité nationale et préserver l’unité de la population, tout en atténuant les risques de fragmentation sociale et politique.
Sur le plan extérieur, le Président veille scrupuleusement à protéger Djibouti des menaces émanant des conflits et des instabilités régionales. En adoptant une diplomatie proactive et pragmatique, il œuvre sans relâche pour gérer les tensions géopolitiques et sécuritaires qui affectent la Corne de l’Afrique. Djibouti a toujours fait les bon choix de bon sens et de mesure dans les enjeux de la région. Par le biais de partenariats stratégiques, notamment avec des grandes puissances telles que la France l’ami de toujours, les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, l’Italie et la Chine, ainsi qu’avec des pays amis comme l’Arabie Saoudite et l’Égypte, Djibouti a su se maintenir en position de force au cœur des enjeux régionaux. Cette posture lui permet de jouer un rôle clé de stabilité et de médiateur diplomatique, contribuant ainsi à la préservation de la paix dans une région en proie à de multiples tensions.
Cette réussite économique, sociale, politique et diplomatique explique en grande partie la stabilité remarquable qu’a connue Djibouti depuis sa création. Elle atteint son apogée avec l’ascension d’un Djiboutien à la présidence de la Commission de l’Union Africaine. Ce résultat est le fruit des choix stratégiques faits par un leadership visionnaire, à la fois pour le bien-être de la population et pour l’avenir du pays, qui, bien que petit par sa taille et sa population, se distingue par sa politique ambitieuse et sa diplomatie influente.
La gestion de la sécurité nationale et de la diplomatie régionale reste au cœur de la vision du Président, visant à préserver les intérêts de Djibouti et des Djiboutiens.
Mohamed Said Seif
Économiste