L’Institut national de la statistique de Djibouti (INSTAD) a réuni, cette semaine, décideurs, experts et partenaires techniques pour un atelier inédit consacré à l’élaboration de projections démographiques jusqu’en 2064. Objectif : anticiper les effets de la croissance de la population sur les services sociaux de base et orienter les politiques publiques vers un développement durable et inclusif.

La salle de conférence de l’Institut de la statistique de Djibouti a abrité, cette semaine, des échanges stratégiques autour d’un sujet crucial : la démographie et ses implications sur l’avenir du pays. En initiant cet atelier, l’INSTAD a voulu placer la réflexion prospective au cœur de la planification nationale, avec un horizon fixé à 2064.

Réunissant des responsables institutionnels, des experts nationaux et des partenaires techniques, la rencontre s’est donnée pour mission de mieux comprendre comment la dynamique démographique — croissance, structure par âge, urbanisation — influence directement les secteurs clés tels que l’éducation, la santé ou l’emploi.

Au centre des travaux, un instrument méthodologique a retenu l’attention : le module RAPID. Cet outil, reconnu au niveau international, permet de modéliser les interactions entre les tendances démographiques et le développement socio-économique.

Grâce à RAPID, les participants ont pu visualiser, chiffres et scénarios à l’appui, comment les choix de politiques publiques d’aujourd’hui peuvent influencer la qualité de vie des générations futures. Par exemple, une hausse rapide de la population en âge scolaire sans planification adéquate pourrait entraîner une saturation des infrastructures éducatives. À l’inverse, une gestion maîtrisée de la croissance démographique pourrait offrir à la jeunesse un accès élargi à l’éducation et à l’emploi.

L’atelier ne s’est pas limité à l’analyse technique.  Les discussions ont rapidement pris une dimension stratégique, en lien direct avec les grandes ambitions du pays et du continent. Les participants ont été invités à réfléchir sur la manière de renforcer le plaidoyer auprès des décideurs, afin de promouvoir une gestion proactive et éclairée des enjeux démographiques.

Cette approche s’inscrit dans le cadre de la Vision Djibouti 2035, qui place le capital humain au cœur du développement, mais aussi dans la perspective des Objectifs de développement durable (ODD) et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Les débats ont montré que la maîtrise de la transition démographique est l’un des leviers essentiels pour atteindre ces objectifs.

Des projections validées jusqu’en 2064

L’un des points forts de cet atelier a été la validation officielle des projections démographiques couvrant la période 2024-2064. Ces prévisions, fruit de plusieurs mois de collecte et d’analyse de données, permettent d’anticiper avec précision l’évolution de la population djiboutienne en termes de taille, de répartition géographique et de structure par âge. Ces données constituent un outil de référence pour les décideurs et planificateurs publics. Elles serviront à orienter les investissements, adapter les politiques nationales et anticiper les besoins en infrastructures scolaires, sanitaires et en opportunités d’emploi.

L’INSD, par cet exercice prospectif, met à disposition du gouvernement et de ses partenaires un tableau clair de l’avenir démographique du pays.

Cette vision à long terme permet non seulement de prévenir d’éventuels déséquilibres, mais aussi d’identifier les opportunités qu’offre une population jeune et dynamique, à condition que cette dernière bénéficie d’une éducation de qualité, d’un accès aux soins et d’un marché de l’emploi inclusif.

Dans une déclaration à l’issue des travaux, les organisateurs ont souligné que la démographie constitue un paramètre stratégique à gérer avec lucidité et anticipation. Les projections à l’horizon 2064 offrent désormais une boussole aux décideurs pour que Djibouti puisse, dans les décennies à venir, transformer sa croissance démographique en un véritable moteur de développement.

L’atelier marque ainsi une étape importante dans la construction d’une gouvernance basée sur les données, où la statistique devient un outil clé pour préparer un avenir durable et prospère pour tous les Djiboutiens.