
Dans la pénombre feutrée de la Salle Khaima du Sheraton, à Djibouti, les néons jouent aux étoiles pour un public qui rêve encore debout. Ici, pas besoin d’être Pavarotti ni même karatéka du micro : une voix tremblante suffit parfois pour faire vibrer les cœurs meurtris. Avec un DJ aux commandes, maître alchimiste des playlists et conteur malicieux, le karaoké devient une cathédrale où l’on chante autant pour oublier que pour se souvenir. Entre classiques émouvants et tubes modernes, les âmes s’y rencontrent, se réparent ou simplement dansent avec leurs fantômes. Alors, prêts à entonner votre propre hymne à la vie ?

Si la ville de Djibouti s’illumine la nuit, les néons tamisés de la Salle Khaima du Sheraton opère de sa magie une fois par semaine. Là où les âmes fatiguées viennent chercher un refuge, où les cœurs brisés espèrent une réparation avec un air de Bobby Blue Bland avec le titre Members Only, et où les mélomanes s’abreuvent d’une musique qui transcende le temps.
Le dénominateur de tout cela l’univers karaoké du Sheraton, dirigé par un maître des platines, DJ Karim, et visité par des chanteurs professionnels qui transforment cette scène en un temple vivant de la mélodie.
Imaginez un instant : vous entrez dans cette salle, et déjà, l’atmosphère est électrique. Les tables sont remplies de rires étouffés, mais surtout, d’une attente palpable. Le public sait que ce soir, il va être témoin d’un spectacle unique, où chacun devient à son tour une star, même pour quelques minutes.
C’est ici que les classiques ressurgissent Djiboutiennes, comme des fantômes bienveillants. Les vieilles chansons, celles qui ont bercé notre enfance ou marqué nos premiers amours, reviennent hanter la nuit. Quand une voix tremblante entonne les premières notes de « Dawada Dikhil Taala » Said Xamar Qoodh de Fouad iyo Fadoun Doualeh avec leur titre mythique : «Tageero Makaa Helaa» Le temps se fige.
On sent les poils se dresser sur les bras, car ces chants ne sont pas seulement des morceaux de musique – ce sont des fragments d’âme. Mais attention, mes amis, car cette soirée n’est pas qu’un hommage aux souvenirs. C’est aussi une célébration de la modernité, une ode à la nouvelle vague qui secoue la scène musicale somalienne. Ici, les tubes actuels côtoient leurs aînés avec respect, et devrais-je dire aussi avec audace. Des refrains explosent dans la salle, entraînant certains invités sur la piste, tandis que d’autres restent assis, subjugués par la puissance des mots.
À la tête de cette symphonie nocturne trône DJ Karim, un homme dont les doigts semblent possédés par un génie invisible. Il n’est pas simplement là pour mixer des sons….il est un alchimiste. Avec une précision chirurgicale, il dose les rythmes, fait monter la tension, puis la relâche juste au bon moment. Un coup de baguette numérique, et voilà que la salle entière chante en chœur un titre oublié depuis des lustres. Un autre, et elle se laisse emporter par les beats contemporains qui font vibrer les murs jusqu’à l’aube. Il est plus qu’un DJ, c’est un conteur. Il raconte des histoires à travers ses playlists, créant un voyage émotionnel qui nous fait passer du sourire aux larmes en l’espace de quelques secondes. Et quand il annonce un invité surprise un chanteur professionnel venu performer pour la nuit, c’est comme si le ciel venait se poser sur terre. Oh, ces artistes ! Ils débarquent sans crier gare, souvent accompagnés d’un micro, mais leur présence suffit à transformer l’ambiance. Imaginez une jeune femme montant sur scène, sa voix fluette mais puissante qui donne la chair de poule.
Ou encore un chanteur établi reprenant un classique avec une telle maestria que l’on jurerait entendre l’original lui-même.Ce sont ces moments-là qui rendent cette salle magique.
Ces instants où les amateurs rencontrent les professionnels, où les souvenirs se mélangent aux innovations, où tout le monde partage un même amour pour la musique. Ce n’est pas seulement un karaoké, c’est une communion. Dans cette salle, il n’y a pas de frontières. Les langues, les cultures, les générations se fondent dans un même élan de passion. Vous avez autant de chance d’entendre une grand-mère chanter un vieux poème musical que de voir un adolescent s’attaquer aux derniers hits du moment. Tout le monde y trouve son compte, parce que la musique, ici, est une langue universelle.
Et puis, il y a ce public avide de détente, ces gens qui viennent chercher un peu d’évasion après une journée harassante. Ils applaudissent, ils chantent, ils pleurent parfois, mais surtout, ils vivent. Vivent pleinement, intensément, chaque note, chaque parole, chaque battement de tambour.
Alors, lorsque vous franchirez les portes de la Salle Khaima du Sheraton, rappelez-vous ceci : vous n’êtes pas simplement venu écouter de la musique. Vous êtes venu faire partie d’un rituel ancestral, d’une célébration de l’humain à travers les sons et les mots de notre pays. Que vous soyez amateur ou professionnel, que vous aimiez les classiques ou les nouveautés, cette nuit sera vôtre. Car ici, à chaque performance, à chaque refrain repris en chœur, quelque chose de profondément humain se joue. Et peut-être, juste peut-être, trouverez-vous, dans ces échos de voix et de mélodies, une réponse à cette question qui hante tous les cœurs : « Qu’est-ce que la vie sans musique ? »
Said Mohamed Halato