À Bruxelles, les 9 et 10 octobre derniers, la République de Djibouti s’est illustrée au cœur des débats mondiaux sur la connectivité et l’innovation. À la tête d’une délégation de haut niveau, la ministre de l’Économie numérique et de l’Innovation, Mariam Hamadou Ali, a pris part à la deuxième édition du Forum Global Gateway 2025, une initiative phare de l’Union européenne destinée à repenser les infrastructures mondiales à travers des partenariats équitables et durables.

La présence djiboutienne à ce rendez-vous stratégique n’était pas anodine. Elle a incarné, de manière concrète, la vision du président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, qui ambitionne de faire de Djibouti un pôle régional incontournable, à la fois dans le domaine du numérique, de la logistique et du développement durable. Pour le pays, cette participation témoigne d’une volonté claire : celle de s’inscrire pleinement dans les dynamiques internationales qui façonnent l’économie de demain.

Le Forum, lancé par l’Union européenne en 2021, réunit chaque année les chefs d’État, décideurs publics, bailleurs de fonds, acteurs du secteur privé et représentants de la société civile. Son objectif est de mobiliser jusqu’à 300 milliards d’euros d’investissements pour des projets d’infrastructures modernes et inclusives à l’échelle mondiale. À Bruxelles, l’édition 2025 a mis l’accent sur les interconnexions intelligentes dans les domaines du numérique, de l’énergie et des transports, mais aussi sur le renforcement des systèmes de santé, d’éducation et de recherche.

Pour Djibouti, ce forum s’est imposé comme une tribune de choix pour défendre une vision ambitieuse : celle d’un petit pays aux ressources limitées, mais à la position stratégique exceptionnelle, qui aspire à devenir le carrefour numérique entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe.

En marge des séances plénières, la ministre Mariam Hamadou Ali a multiplié les entretiens bilatéraux avec des personnalités européennes et africaines, confirmant la place croissante de Djibouti dans les partenariats euro-africains. Elle s’est notamment entretenue avec la secrétaire d’État portugaise aux Affaires étrangères et à la Coopération, autour de la consolidation des liens historiques entre les deux pays. Les discussions ont mis en avant la volonté de bâtir un partenariat durable fondé sur la confiance, la réciprocité et l’échange d’expertise. Les deux parties ont souligné leur intérêt commun à explorer de nouvelles pistes de collaboration dans les domaines de la formation numérique, de la gouvernance électronique et du développement des start-ups technologiques.

Une autre rencontre marquante a eu lieu avec la commissaire européenne à la Recherche et à l’Innovation. Cet échange a permis d’approfondir les réflexions sur la coopération entre Djibouti et l’Union européenne dans les domaines de la recherche scientifique, de la transformation numérique et de l’innovation technologique. Les discussions ont été empreintes d’un esprit de continuité et d’engagement mutuel : celui de construire un partenariat solide et structurant au service d’un développement durable et inclusif. Ces échanges diplomatiques, soutenus par l’ambassade de Djibouti à Bruxelles, incarnée par Son Excellence l’Ambassadeur Aden Mohamed Dileita, ont également ouvert la voie à des projets concrets, notamment dans la formation de talents locaux et le financement d’infrastructures numériques de nouvelle génération. Mais au-delà des rencontres officielles, la ministre s’est distinguée par son leadership intellectuel au sein des panels de haut niveau. Invitée à intervenir en tant qu’oratrice principale dans plusieurs séances, elle a porté haut la voix d’un pays en pleine transformation, conscient de son rôle charnière dans la nouvelle géographie mondiale de la connectivité.

De la connectivité au leadership numérique africain

Lors de la table ronde intitulée « Financer les priorités les plus urgentes », organisée par l’Institut Tony Blair et la Fondation Gates, la ministre a mis en lumière la dynamique entrepreneuriale de la jeunesse djiboutienne, soulignant l’importance d’un financement plus souple et inclusif pour les PME africaines. Elle a plaidé pour la création de mécanismes adaptés aux réalités locales afin de stimuler l’innovation et d’accompagner les jeunes talents dans les secteurs du numérique et de la technologie. Son intervention a été particulièrement remarquée pour sa clarté et son pragmatisme. En insistant sur la nécessité d’un partenariat public-privé équilibré, elle a rappelé que la réussite de la transformation numérique en Afrique dépend avant tout de la capacité à mobiliser des financements durables, à renforcer les compétences locales et à valoriser les innovations issues du continent.

Autre moment fort de la participation djiboutienne : la séance consacrée au câble sous-marin « Blue Raman », un projet mené par Google et ses partenaires. Cette infrastructure majeure reliera l’Asie à l’Europe en passant par Djibouti, consolidant ainsi la position du pays comme plaque tournante de la connectivité mondiale. La ministre a rappelé que Djibouti héberge déjà quatorze câbles sous-marins internationaux, faisant du territoire l’un des points névralgiques les plus denses du continent en matière d’interconnexion numérique. Le projet « Blue Raman », a-t-elle précisé, s’inscrit dans une stratégie nationale de diversification économique où le numérique et les services de données deviennent des leviers clés du développement.

Notre ambition, a-t-elle déclaré, est de dépasser le simple rôle de pays de transit pour devenir une véritable plateforme régionale de traitement et d’échange de données. Cela passe par la modernisation du cadre législatif, incarnée par le Code du numérique, mais aussi par l’investissement dans le capital humain et les infrastructures intelligentes.

Cette vision s’inscrit dans un mouvement global de transformation que Djibouti entend accélérer au cours des prochaines années. Le pays mise sur la synergie entre ses ports intelligents, ses data centers et ses zones franches connectées pour bâtir une économie numérique intégrée, capable de rivaliser avec les hubs technologiques émergents de la région.

En participant activement à cette deuxième édition du Forum Global Gateway, la République de Djibouti a confirmé sa place d’acteur crédible et visionnaire sur la scène internationale. À travers ses interventions et ses rencontres, la délégation djiboutienne a démontré que le pays n’est plus seulement un point de passage géographique, mais bien un partenaire stratégique, moteur d’initiatives concrètes en faveur d’une connectivité intelligente et inclusive.

L’approche portée par la ministre Mariam Hamadou Ali reflète une stratégie cohérente : celle d’un État africain qui croit profondément à la valeur du savoir, de l’innovation et de la coopération internationale. Les échanges à Bruxelles ont aussi confirmé que la transformation numérique ne se limite pas à la technologie. Elle repose sur une vision politique claire, un cadre réglementaire moderne et une volonté partagée d’intégrer les citoyens à la dynamique de progrès.

En prenant la parole dans des panels internationaux de haut niveau, la ministre a su exprimer avec assurance la vision de Djibouti 2035 : celle d’un pays stable, connecté, tourné vers le futur et prêt à jouer un rôle moteur dans la révolution numérique africaine. Le Forum de Bruxelles aura ainsi servi de miroir au chemin parcouru par Djibouti ces dernières années, mais aussi de tremplin vers de nouveaux partenariats. Dans un monde où la donnée, l’innovation et la coopération deviennent les nouvelles richesses, Djibouti s’impose désormais comme un acteur global, capable de relier les continents et d’inspirer une Afrique numérique ambitieuse, inclusive et durable.