Au 7e Sommet Union africaine–Union européenne qui se tient à Luanda, le Président Ismaïl Omar Guelleh a livré une allocution d’une grande clarté stratégique, marquée par un sens aigu des enjeux internationaux. Dès les premières lignes, il a souligné l’importance de cette rencontre qui survient dans un contexte mondial profondément fragilisé par les crises géopolitiques, l’érosion du droit international et l’instabilité régionale. Avec une vision tournée vers l’avenir, le chef de l’État djiboutien a rappelé que l’Afrique et l’Europe doivent demeurer, ensemble, les défenseurs d’un multilatéralisme rénové et efficace. Il a également insisté sur la nécessité de transformer le partenariat UA–UE en un cadre réellement équilibré, orienté vers des résultats concrets au bénéfice des peuples des deux continents. Abordant sans détour les questions de sécurité, notamment la situation préoccupante en mer Rouge, le Président Guelleh a plaidé pour une réponse collective, structurée et inclusive. Son intervention s’est voulue à la fois un appel au réalisme et une invitation à bâtir un partenariat renouvelé, fondé sur la responsabilité partagée et l’investissement stratégique. Voici l’intégralité du discours du chef de l’Etat.

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi, avant toute chose de remercier, Mon Frère et Président de la République d’Angola S.E.M Joao Lourenço ainsi que le peuple frère angolais pour l’accueil chaleureux qui nous a été réservé depuis notre arrivée ainsi que pour l’organisation exemplaire de cette rencontre.

« Les assises de ce 7ᵉ Sommet interviennent à un moment où nos deux continents sont confrontés à des défis majeurs, mais elles offrent également des opportunités déterminantes pour l’avenir de nos peuples. »

C’est avec plaisir et un optimisme renouvelé que je prends part à ce 7ème Sommet UA–UE ici à Luanda.

Les assisses de ce 7ᵉ Sommet interviennent, à un moment où nos deux continents sont confrontés à des défis majeurs, mais elles offrent, également, des opportunités déterminantes pour l’avenir de nos peuples.

 Je salue, ici, la volonté politique engagée de concertation et de coordination qui nous anime et qui nous réunit ici aujourd’hui.

Depuis le 6ᵉ Sommet UA–UE de Bruxelles en 2022, qui a marqué le lancement de la Vision Commune 2030, nos relations avec l’Union européenne ont franchi une étape décisive.

Cette vision constitue, aujourd’hui, la feuille de route stratégique d’un partenariat modernisé, équilibré et orienté vers des résultats concrets. Dans un monde marqué par la fragmentation géopolitique, l’érosion du droit international et la multiplication des crises, l’Afrique et l’Europe doivent demeurer les défenseurs résolus d’un multilatéralisme rénové, inclusif et efficace. Nous partageons la responsabilité de préserver un ordre international fondé sur des règles, la coopération et le respect des souverainetés.

Messieurs les Coprésidents,

Je voudrais, ici, aborder un sujet qui engage directement la stabilité internationale à savoir, la sécurité de la Mer Rouge. Cet espace maritime n’est pas un simple couloir logistique. Il représente une artère vitale du commerce international, un pivot de la sécurité énergétique et un point de jonction stratégique entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique.

Vous en êtes tous conscients, depuis la fin de l’année 2023, la navigation dans la Mer Rouge fait face à des menaces graves, notamment des attaques armées contre les navires, des tensions régionales persistantes et une résurgence de la piraterie dans le Golfe d’Aden. Ces actes ont perturbé les chaînes d’approvisionnement internationales, accru les coûts du transport maritime et fragilisé les économies des deux continents.

Djibouti, situé au cœur du détroit de Bab el-Mandeb, assume pleinement ses responsabilités d’État riverain. Cependant, nous rappelons que la stabilisation et le sécurisation durable de la Mer Rouge ne pourra être obtenue que par une approche collective, structurée et inclusive, fondée sur une coordination étroite entre l’Union africaine et l’Union européenne. La sécurité de cette voie maritime stratégique doit devenir une priorité conjointe.

À cet égard, je souhaite saluer l’engagement de l’Union européenne à travers l’opération EUNAVFOR ASPIDES, prolongée jusqu’en 2026.

« La sécurité de la Mer Rouge ne pourra être obtenue que par une approche collective, structurée et inclusive. »

Cette initiative a contribué à renforcer la sécurité de la navigation dans la Mer Rouge et le Golfe d’Aden. Toutefois, les défis auxquels nous faisons face dépassent les capacités d’une seule opération. C’est pourquoi, afin de garantir une sécurité durable, il est indispensable que la coopération maritime soit construite, gouvernée et assumée conjointement entre l’Europe, les États riverains et les organisations régionales africaines. Djibouti soutient la finalisation rapide d’un accord SOFA clair et opérationnel, ainsi qu’une coopération renforcée avec l’opération Atalante. ASPIDES doit, désormais, s’inscrire dans une architecture régionale intégrée, conforme aux principes de la Vision Commune 2030.

Messieurs les Coprésidents,

Pays hôte du siège de l’IGAD et président en exercice, Djibouti tient à souligner le rôle déterminant de cette organisation pour la paix et la stabilité de la Corne de l’Afrique.

Entre 2022 et 2025, notre région a été profondément affectée par la guerre au Soudan, la situation fragile au Soudan du Sud, la pression migratoire avec près de 300 000 migrants sur notre territoire, ainsi que la résurgence de l’insécurité maritime.

« L’IGAD demeure la plateforme régionale la plus crédible pour la médiation, la diplomatie préventive et la stabilité de la Corne de l’Afrique. »

Face à ces défis, l’IGAD demeure la plateforme régionale la plus crédible pour la médiation, la diplomatie préventive, l’alerte précoce, la sécurité frontalière et l’intégration régionale. Nous appelons nos partenaires européens à renforcer leur appui, en cohérence avec les conclusions du Dialogue Djibouti–UE de mars 2024 et des engagements pris lors des consultations de mai  2025.

Enfin, nous ne pouvons plus nous permettre de répondre à nos défis communs par des actions fragmentées ou ponctuelles. Ce sommet doit être un moment de lucidité et de responsabilité. Un moment qui permette de redéfinir les bases d’un partenariat renouvelé qui mette au centre l’investissement stratégique et la transformation économique.

La République de Djibouti demeure pleinement engagée à œuvrer avec l’ensemble de ses partenaires africains et européens afin de faire du partenariat UA–UE un modèle de coopération moderne, équilibrée et anticipative.

Je vous remercie.