
Le village d’Ali-Addé, dans la région d’Ali-Sabieh, a accueilli jeudi dernier les célébrations nationales de la Journée mondiale des réfugiés. Une occasion marquée par des discours forts, une ambiance festive et un vibrant hommage rendu à la tradition djiboutienne d’hospitalité.

Célébrée chaque 20 juin, la Journée mondiale des réfugiés a été instituée par les Nations Unies pour rendre hommage aux millions de personnes contraintes de fuir les conflits, les persécutions ou les catastrophes naturelles. Cette année, sous le haut patronage du ministère de l’Intérieur, c’est le village d’Ali-Addé, localité emblématique de la sous-préfecture du même nom, qui a été choisi pour accueillir les festivités. Un choix hautement symbolique : Ali-Addé abrite depuis plus de trois décennies l’un des plus grands camps de réfugiés du pays, avec plus de 17 000 personnes originaires principalement de Somalie, d’Éthiopie et d’Érythrée.
L’événement, organisé par l’Office National d’Assistance aux Réfugiés et Sinistrés (ONARS), en collaboration avec l’ARULoS et avec le soutien de la Banque mondiale, s’est déroulé dans l’enceinte du nouveau Centre de Développement Communautaire, érigé grâce à un financement de la République fédérale d’Allemagne via la KfW et construit par l’IGAD. Ce centre vise à favoriser l’épanouissement tant des jeunes réfugiés que de la population hôte.
La cérémonie a réuni une importante délégation d’officiels, dont le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Souleiman Moumin Robleh, la préfète-adjointe Saïda Waberi Assoweh, le président du Conseil régional Charmake Hassan Allaleh, des parlementaires, des représentants de l’IGAD, du HCR, des agences onusiennes, de la société civile, ainsi que de nombreuses personnalités locales et internationales. La population d’Ali-Addé – réfugiés et hôtes confondus – était également largement représentée. L’ambiance était festive, portée par des animations musicales et des échanges chaleureux. Dans leurs interventions, les différents orateurs ont souligné le rôle crucial de Djibouti comme terre d’accueil et ont rappelé les valeurs de solidarité, d’inclusion et de résilience.
Prenant la parole, la représentante du HCR, Sandrine Desamours, a salué la loi nationale sur les réfugiés, promulguée en janvier 2017, qui garantit aux réfugiés l’accès aux droits fondamentaux. Elle a également rendu hommage à l’hospitalité djiboutienne, « fidèle aux plus belles traditions africaines de solidarité et de fraternité ».
Charmake Hassan Allaleh, président du Conseil régional, a rappelé que le thème retenu cette année (Solidarité avec les réfugiés)est vécu quotidiennement à Ali-Addé depuis plus de 30 ans. « Notre région a choisi d’être une terre d’espoir », a-t-il affirmé. La préfète-adjointe, Saïda Waberi Assoweh, a pour sa part mis en avant l’engagement de la population locale, qui partage depuis trois décennies son quotidien avec des milliers de réfugiés.
De son côté, Mohamed Ali Kamil, secrétaire exécutif de l’ONARS, a insisté sur la nécessité de renforcer les initiatives en faveur de l’éducation, de la santé, de l’autonomisation économique et de la cohésion sociale : « Derrière chaque statut de réfugié se cache une histoire, un espoir, une capacité de contribution».
Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Souleiman Moumin Robleh, a conclu la série de discours en annonçant un appel international à la mobilisation de fonds, pour faire face aux coupes budgétaires et prévenir une dégradation des conditions dans les camps. Il a également annoncé une réforme structurelle de l’ONARS pour renforcer son efficacité.
Les festivités ne se sont pas arrêtées à la cérémonie officielle. La semaine suivante, Ali-Addé a continué de vibrer au rythme d’activités sportives, culturelles et artisanales. Des tournois de football et de jeux d’échecs ont été organisés, tandis que des stands ont permis aux différentes communautés réfugiées de présenter leur patrimoine culturel et leurs savoir-faire traditionnels.
La célébration de cette Journée mondiale des réfugiés à Ali-Addé n’a pas seulement donné à voir la résilience des réfugiés, mais elle a aussi rappelé à la communauté internationale l’urgence de leur venir en aide. Dans ce village du sud djiboutien, la solidarité ne se limite pas à un slogan : elle se vit au quotidien.
Ali Ladieh