
Entre ferveur populaire et envolée numérique, Djibouti a célébré avec éclat, le vendredi 27 juin dernier, les 48 ans de son indépendance. Une fête où l’attachement à la patrie s’est exprimé autant dans les rues qu’à travers les réseaux sociaux.

Pour l’ensemble des Djiboutiens, le 27 juin n’est pas un jour comme les autres. C’est une date où le peuple, dans toute sa diversité, réaffirme son attachement à la liberté conquise en ce soir historique du 27 juin 1977, lorsque, pour la première fois, le drapeau national fut hissé dans le ciel de la République de Djibouti, marquant la naissance d’une nation souveraine et fière de siéger parmi les autres nations.
Vendredi dernier, la jeune République a soufflé ses quarante-huit bougies. En prélude à cet anniversaire, tout le pays s’est mobilisé pour rappeler l’importance de cette date fondatrice. Les festivités commémoratives ont débuté dès le début du mois de juin aux quatre coins du territoire. Ni la chaleur accablante des journées ni les brises nocturnes n’ont entamé l’enthousiasme et la détermination des citoyens à célébrer cette mémoire commune. Car le mois de juin, pour les Djiboutiens, symbolise le sacrifice et le combat acharné mené pour briser le joug colonial.

Une commémoration ancrée dans l’ère numérique
À l’approche du jour J, les médias nationaux ont diffusé des programmes spéciaux retraçant ce pan essentiel de l’histoire nationale, ponctués de témoignages précieux de nos aînés, soucieux de transmettre aux jeunes générations la mémoire de ces années de lutte. Dans cette dynamique, l’ère numérique a donné une dimension nouvelle aux célébrations : les réseaux sociaux ont permis de relier la diaspora djiboutienne aux événements organisés dans le pays, grâce au partage massif de contenus dédiés. À la veille du 27 juin, les festivités ont atteint leur apogée avec, notamment, une parade inédite organisée par le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle. Jeudi matin, de jeunes élèves en uniforme ont défilé à travers les principales artères du centre-ville, attirant les regards et suscitant un sentiment de fierté palpable parmi les passants. Une marche citoyenne haute en couleur, saluée comme un symbole fort de la relève. Une fois la nuit tombée, la fête a pris une autre dimension. Dès 20 heures, alors que la chaleur de la journée s’estompait, les rues de Djibouti-ville se sont illuminées. Guirlandes tricolores, bâtiments publics décorés, ronds-points et poteaux électriques baignés de lumières aux couleurs du drapeau national — bleu ciel, vert, blanc et rouge — rappelaient à chaque coin de rue l’unité de la nation.
Devant le majestueux bâtiment de la Poste, sur le boulevard de la République, une structure monumentale en 4D affichant “I ❤️ Djibouti” est devenue le point de ralliement de la jeunesse. Smartphones à la main, les jeunes se pressaient pour immortaliser l’instant dans des selfies patriotiques, aussitôt partagés sur TikTok, Instagram ou Facebook. Stories, hashtags et filtres aux couleurs nationales ont envahi la toile. « On vient chaque 27 juin ici, mais cette fois, c’est encore plus beau», confie Fardoussa, 17 ans, lycéenne venue de Balbala avec ses amies. « J’ai déjà posté la photo sur Snap avec la chanson Cawa waa Habeenkii. C’est notre façon de dire au monde qu’on est fiers de notre pays ! », ajoute-t-elle, sourire aux lèvres.
Comme Fardoussa, des centaines de jeunes ont défilé toute la nuit devant l’inscription géante, faisant de ce lieu un symbole de la mémoire partagée à l’ère numérique. Pour cette génération, née bien après 1977, la fête nationale se vit et se partage en ligne : challenges, remix de chansons patriotiques, poèmes slamés… Les hashtags #48AnsDjibouti et #ILoveDjibouti ont généré des centaines de milliers de vues en une nuit.
Une communion nationale
Si la capitale a brillé de mille feux, les régions n’ont pas été en reste. D’Obock à Arta, de Tadjourah à Dikhil en passant par Ali Sabieh, chaque préfecture a organisé veillées populaires, chants, danses traditionnelles et récitals poétiques. Là aussi, les réseaux sociaux ont amplifié la portée de ces moments, reliant villes, villages et diaspora dans une même communion.
Des milliers de photos, de vidéos et de messages partagés témoignent de l’attachement d’un peuple à son histoire, à sa culture et à son avenir. Entre traditions et modernité, Djibouti prouve que la mémoire collective se transmet désormais autant dans la rue qu’au bout des écrans. Une fierté nationale qui, quarante-huit ans après, se vit et s’affiche au grand jour comme sur la toile.
Sadik