Sous l’égide du ministre du Commerce, Hassan Houmed Ibrahim, le président de la Chambre de commerce de Djibouti,  Youssouf Moussa Dawaleh, a inauguré hier la « Conférence pour une Afrique Prospère », au palais du peuple. De nombreux hommes d’affaires, experts, et universitaires de la région de l’Afrique de l’Est prennent partà cette rencontre au sommet qui doit se poursuivre aujourd’hui et demain. 

« La présente conférence vise à stimuler le secteur privé de l’Afrique et consolider la connexion des milieux d’affaires africains pour une concrétisation de la zone de libre-échange continentale africaine ». Le ministre du commerce, Hassan Houmed Ibrahim, posait ainsi le cadre et le remettait en contexte, cette conférence qui réunit des sommités du secteur privé de l’Afrique de l’Est.

Ce forum des affaires est destiné à promouvoir davantage le développement des relations commerciales nécessaires aux échanges intra africains à travers la zone de Libre-échange continentale africaine, selon le ministre. Il s’agit d’une rencontre qui s’inscrit dans le cadre de la vision des chefs d’Etat africains parmi lesquels, le président Ismaïl Omar Guelleh, intitulée «l’Afrique que nous voulons inscrire dans l’agenda 2063 » et dont la ZLECAF reste un projet phare.

…Plus d’un milliard de consommateurs et un PIB cumulé de 3000 milliards de dollars US. Dans son intervention, le ministre a longuement vanté les mérites de la ZLECAF qui est un marché de 1,2 milliards de consommateurs avec un PIB cumulé de 3000 milliards de dollars américains et 4000 milliards de dollars américains d’investissements. Il a plaidé en faveur de la ZLECAF qui devra renverser la vapeur et faire passer le volume des échanges entre les Etats africains de 12% actuellement à 52,3 % à l’horizon 2022. Il a indiqué que dans le cadre de la préparation de notre pays aux défis de la ZLECAF, les recommandations stratégiques de l’étude diligentée par son département, ont mis l’accent sur les secteurs névralgiques comme l’énergie, la pêche, le tourisme, les TIC et les opportunités de créations des valeurs régionales et continentales.

De son côté, le président de la CCD, Youssouf Moussa Dawaleh, a longuement mis l’accent sur la Chambre panafricaine de Commerce et d’Industrie qu’il préside et qui est une plateforme dédiée au rapprochement d’entreprises, à la facilitation du commerce et des investissements au sein de l’Afrique. Il a indiqué que la conférence vise à «  permettre aux membres du secteur privé du continent, de s’imprégner des tenants et aboutissants de cette nouvelle zone économique et d’identifier ensemble les opportunités et les défis qu’elle représente pour nos entreprises en termes de commerce, et d’investissements. La Zlecaf est un projet de l’Union Africaine qui devra permettre « l’ouverture du marché africain et offrir des perspectives prometteuses aux entreprises qui pourront bénéficier de la connexion de 55 pays, ce qui en fera le plus grand marché commun du monde, avec plus d’un milliard de consommateurs.

…Abattre les barrières douanières tarifaires et non tarifaires. Pour sa part, le nouveau secrétaire exécutif de l’IGAD, Workeneh Gebeyehu, a mis en exergue les initiatives sur lesquelles travaille l’IGAD pour soutenir la ZLECAF (ALENA) et le renforcement du commerce intra-africain (BIAT). Il a rappelé également le projet du futur train à grande vitesse Djibouti-Dakar, dont le premier maillon, Djibouti-Addis Abeba, fonctionne déjà et fluidifie les échanges entre l’Ethiopie et Djibouti.

Quant au représentant de la Banque mondiale, Boubacar Sid Barry, il a suggéré au secteur privé d’œuvrer pour influer sur les politiques publiques et les stratégies des gouvernements pour qu’ils y intègrent le développement des affaires. « Il est donc crucial que les entreprises du continent prennent le leadership et pousse les gouvernements à sortir de leur zone de confort » a-t-il déclaré en substance. C’était ensuite au tour de la coordinatrice du système des Nations unies à Djibouti, Barbara Manzi, de souligner que « l’accord portant création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) signé par les Chefs d’Etat africains le 21 mars 2018 à Kigali, constitue une étape essentielle de l’intégration des économies africaines entre elles ».  Elle a affirmé que « cette marche vers un continent intégré a été lancée avec le Plan d’Action de Lagos pour le développement économique de l’Afrique en 1980 et le Traité d’Abuja instituant la Communauté économique africaine en 1991. » Si la ZLECAf est mise en œuvre, ce sont les barrières tarifaires et non tarifaires au commerce intra-africain qui seront éliminées progressivement, selon elle. D’où son long plaidoyer pour « assurer la synergie des efforts (entre pays africains), et entreprendre des actions concrètes pour tirer le meilleur parti de la ZLECAf ». Ce qui demande, « une sensibilisation de tous les acteurs clés (…) pour instaurer et entretenir un dialogue continu avec tous les acteurs concernés, afin de leur donner la possibilité non seulement d’en mesurer la portée mais aussi d’exprimer leurs priorités et défis à venir ».

…Le secteur privé, à la fois locomotive et wagon, de la ZLECAF. A l’issue des interventions officielles, des panélistes de haut rang ont eu un échange avec le public. Modéré par l’économiste et universitaire, Magterrey Ibrahim, le premier panel était composé notamment de Melaku Desta, conseiller principal, de la division intégration régionale et commerce de la commission économique des Nations unies pour l’Afrique, Kent Libisio, membre du bureau diplomatie économique, de la Chambre de commerce du Kenya, Aden Ahmed Boulaleh, conseiller logistique et transport du président de la République,  Boubacar Sid-Barry, représentant résident de la Banque mondiale de Djibouti, et de Barbara Manzi, coordinatrice résidente du système des nations unies à Djibouti.

Dans leurs interventions respectives, les uns et les autres ont évoqué tour à tour, les perspectives de développement exponentiel d’un marché de plus de 1,2 milliards de consommateurs et un PIB cumulé de près de 3000 milliards de dollars US.

En outre, la diversification économique de l’Afrique et son industrialisation, la spécialisation des pays, voir des sous régions par industrie/compétences-avantages comparatifs, le développement des chaînes de  valeurs et d’économies d’échelles, la compétitivité des entreprises africaines, la fluidification des mouvements de biens et de personnes ont alimenté les débats. Par ailleurs, il fut longuement question des échanges d’expertises et des savoir-faire mais aussi la mutualisation des ressources et le développement des infrastructures et la connectivité. La nécessité d’une intégration par étape afin de respecter la différence de développement entre les pays et les secteurs privé ainsi qu’un dispositif d’accompagnement des entreprises et enfin le libre mouvement des biens et services et la stabilité des pays ont également fait le menu des échanges.

Pour rappel, la Chambre de commerce avait organisé la veille, une rencontre pour traiter d’une thématique cruciale, à savoir  le rôle des chambres de commerce et d’industrie dans la mise en œuvre de l’AfCFTA pour la croissance et la prospérité générale dans la Corne de l’Afrique. L’occasion pour le président de la CCD de plaider pour que les Chambres de  commerce deviennent des « moteurs pour optimiser ce processus et œuvrer pour le développement du commerce intra-africain à travers ce marché commun ».

Aussi, a-t-il demandé à ses homologues présidents de chambre de commerces africaines d’être des «porte-voix du secteur privé pour la mise en place de ce marché qui se doit d’être renforcé, soutenu et nécessite un échéancier organisationnel ». Et pour ce faire, il a exigé de « convenir d’une feuille de route pour le secteur privé de notre région afin de nous y préparer en termes d’opportunités mais aussi de défis ». Un défi accepté par ses homologues de la Chambre panafricaine de commerce et d’industrie.

MAS