De retour pour la première fois au bercail après vingt années sous les cieux belges, Moustafa Abdillahi n’est pas retourné au pays les mains et l’esprit vides. Au contraire, son souci à l’égard de ses compatriotes restés au terreau ainsi que son sens de la solidarité à l’égard de ses compatriotes en difficulté chez les Belges  font de lui ce qu’il est aujourd’hui :  un Djiboutophile aguerri. L’initiative de leur association en est une parfaite illustration. En effet, le 17 juillet 2019, Moustafa Abdillahi fut l’un des instigateurs d’une cérémonie de remise de don d’un container de matériels, équipements et accessoires médicaux au profit des hôpitaux nationaux ainsi qu’aux personnes souffrant d’handicaps avec des besoins spécifiques à savoir les malentendants, les aveugles et les sourds-muets. Sa venue ne s’arrête pas là. L’homme grouille d’énergie et d’idées mais aussi de passion pour la  mère patrie qu’il a bien voulu repartager encore une fois avec ses quatre enfants et sa femme, Orcheline Fayssal Ahmed.. Et cela, Moustafa a bien voulu nous en faire part dans nos colonnes.

« LES PIEDS EN BELGIQUE MAIS LE COEUR À DJIBOUTI »

Pourriez-vous nous présenter le projet en question que vous aviez initié en Belgique au profit du secteur médical djiboutien ?

Nous avons apporté deux lots de matériels, appareils et autres équipements médicaux de la Belgique affrétés par voie maritime jusqu’au pays. Une partie de ces lots composée de 500 lits électriques ainsi que des appareils médicaux ont été remis aux mains du directeur général de Peltier qui fera en sorte de les repartir équitablement sur tout le territoire national. L’autre partie du lot comprend des matériels destinés aux déficients visuels à savoir des cannes d’appuis et de locomotion, des tablettes en braille avec transcription en latin, des porte-clés ainsi que des appareils de dialyses, des électrocardiogrammes autrement dit ECG et 21 lits.

Parlez-nous de vos projets d’avenir en faveur des personnes aux besoins spécifiques ?

Nous poursuivons actuellement une étude sur l’élaboration d’un futur centre Audio plus pour les sourds et malentendants à Djibouti. Nous espérons mener à terme ce projet dans quelques mois. Ce futur centre offrira aux jeunes filles et garçons ainsi qu’aux personnes âgées un apprentissage intégral de la langue des signes dans un cadre propice avec à leur portée un nouvel dispositif en NTIC adapté aux sourds et malentendants. L’autre projet, celui-là plus personnel, fruit de ma propre création, est celui de la création d’une société de tourisme médical à cheval entre Bruxelles et Djibouti. Cette société aura pour but d’offrir des prestations axées sur les besoins d’opérations chirurgicales urgentes inexistantes dans notre pays faisables en Belgique aux Djiboutiens par une facilitation des démarches administratives auprès des hôpitaux publics ou privées de la place de Bruxelles. Ce pour un premier temps. Puis, nous comptons élargir nos prestations sur les autres pays de l’Union Européenne comme l’Allemagne, l’Angleterre et la France.

Après vingt années d’absence, quel regard portez-vous sur la place de Djibouti ?

La dernière fois que je suis venu à Djibouti, c’était en 2016 lors des élections présidentielles. Eh bien ! je fus agréablement surpris de constater des avancées notables notamment en matière d’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens avec la mise en place des allocations aux familles les plus défavorisées en milieu urbain  comme en milieu rural, l’agrandissement de la place financière de Djibouti avec l’implantation de nouvelles banques internationales, le renforcement de la propreté urbaine avec une forte dotation matérielle et humaine à l’OVD, et surtout, la renaissance d’une classe moyenne disparue il y a fort longtemps. Autant de facteurs socioéconomique qui m’ont redonné le sourire et ravivé l’espoir des jours meilleurs aux futures générations. Le paysage urbain s’est amélioré fortement avec l’éclosion un peu partout  dans la capitale de nouveaux complexes hôteliers qui renforce sans doute la place de Djibouti au niveau sous-régional. Enfin, je souhaiterai attirer votre attention sur une dernière chose, celle-là la plus importante à mes yeux, et qui est, cette particularité qui fait de nous, les Djiboutiennes et Djiboutiennes, un peuple à part avec une qualité extraordinaire, celle d’un peuple avec une culture de la solidarité et de l’accueil vraiment exceptionnelle. C’est cela que j’aime le plus chez mes compatriotes que ce soit en Belgique ou ailleurs.

Propos recueillis par Arteh