C’est une artiste, magicienne du verbe et au timbre de voix majestueux que nous vous présentons aujourd’hui.  Insaf Kabach Kayad, tel son nom, est une des rares voix féminines de la chanson djiboutienne de langue arabe. Normalement, les chanteuses à Djibouti interprètent des textes écrits pour elles par des hommes. Mais Insaf est l’artisane de ses œuvres: non seulement elle chante, mais elle écrit aussi ses propres paroles. Elle est l’artiste méconnue qui a composé les plus belles compositions de la troupe Al Ghazali. Et ce n’est pas tout. Car Insaf est aussi scénariste et a à son actif plusieurs téléfilms qui occupent encore le devant de l’art dramatique du pays.

Insaf Kabach Kayad est née le 26 septembre 1970 dans l’un des plus vieux quartiers de la capitale, le «Q.2». Elle a commencé sa classe à l’école d’Irak, sise le long de la route «La Siesta», non loin de chez elle. Bac en poche, elle abandonna les études et se lança dans le domaine de l’esthétique et devint coiffeuse au sein du salon «Le Profile» en plein centre-ville de la capitale.

Enfant, elle avait déjà l’étoffe d’une artiste. Car elle adorait fredonner des morceaux d’artistes de l’époque, et a fait ses premiers exercices de voix avec des chansons comme ‘‘Ana Lak, Taal Etab, El Kelma Mizan’’ de l’irakienne Rabab de son vrai nom Kheiriya Amara, ou des djiboutiens Ali Ibrahim, Abdoulkader Bamakhrama….etc. 

A l’âge de 13 ans seulement, elle commença à se produire dans les fêtes familiales. Une première pour elle. C’est un peu plus tard, en 1984, qu’elle révèla ses capacités artistiques et chante pour la première fois devant des adultes. «C’était lors d’une cérémonie de mariage de la famille», nous-a-t-elle dit.

L’artiste Mohsen Ali Ahmed alias Nahari, qui est son oncle maternel, assurait les animations musicales de cette cérémonie, remarqua alors le potentiel artistique de sa nièce et l’intégra dans la troupe Al Kawakeb dont il était l’un des  membres fondateurs. Cette consécration, l’encouragera à envisager de faire carrière dans la musique. C’est ainsi que débuta ses premiers pas dans la chanson.

Bien à l’aise dans la musique et persuadée d’y trouver sa voie, Insaf renforcera son talent, travaillera sa voix sous l’aile protectrice de son oncle Nahari. Avec l’appui de celui-ci, qui lui concocta d’ailleurs sa première chanson, elle participa à des shows musicales aux côtés des grands artistes à savoir Aydarous Abdi, Salem Zed, Abdou Aich, et les autres artistes de la troupe Al Kawakeb d’alors. Dès lors, elle multipliera ses apparitions, confirmant jour après jour son statut d’artiste vedette, et se produira à presque tous les manifestations culturelles du pays avec la troupe Al Kawakeb.

En 1990, elle intègre le groupe ‘‘Summer’’ avant de rejoindre en 2011 la troupe Al Ghazali dirigée par son oncle Nahari.

C’est donc à cette époque qu’elle se lance dans la composition et commence à écrire ses propres paroles. Elle a le verbe haut. Ses textes ont été interprétés par les grandes figures de la troupe Al Ghazali. Une poésie qu’elle pratique depuis peu mais qu’elle manie déjà avec verve.

L’amour de la patrie et de la culture l’inspire. Elle a déjà dans son palmarès une trentaine de chansons. Elle ne manque pas d’atouts. 

Et ce n’est pas tout, car le talent artistique d’Insaf Kabach ne s’arrête pas seulement dans le milieu de la chanson. Elle excelle aussi dans le domaine des téléfilms. Elle a composé plusieurs téléfilms, à savoir ‘‘Une mère exemplaire’’, ‘‘l’amitié’’….etc. C’est à travers ses scénarios et son jeu d’actrice que le publique djiboutien a découvert le potentiel artistique d’Insaf Kabach dans le domaine des téléfilms.

Ambitieuse et optimiste, Insaf rêve de gloire et de célébrité. Un jour, en persévérant, elle pourra participer à des concours internationaux aussi bien dans le domaine de la chanson que celui de la cinématographie, en dehors de nos frontières. 

Militante du RPP, Insaf Kabach habite toujours dans son quartier natal et est actuellement, occupée aux compositions des chansons du 40ième anniversaire de RPP.

Rachid Bayleh