L’utilité du planning familial dans la santé maternelle et infantile était au centre des discussions, de l’atelier organisé, le mercredi 19 décembre dernier au Sheraton par le ministère de la Femme et de la Famille (MFF) en collaboration avec le bureau local des Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP. L’événement a réuni autour d’une table des techniciens de la santé, des religieux du haut conseil islamique, des parlementaires et des élus locaux. Cette fois-ci, il s’agit de sensibiliser la société civile sur la question de l’espacement des naissances qui est, selon les organisateurs, un outil efficace qui contribue au bien-être des femmes, des couples et des enfants du pays.

Améliorer la santé de la mère et celle de l’enfant djiboutien est une priorité de notre gouvernement. Sa réalisation vaut aux pouvoirs publics de  multiplier les stratégies et organise des ateliers de sensibilisation et de formation, avec la collaboration des organisations onusiennes.

La ministre de la Femme et de la Famille, Moumina Houmed Hassan, a présidé justement le mercredi 19 décembre dernier, au Sheraton, un atelier au cours duquel, il était question de promouvoir le programme de planification familiale mise en place par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), en vue d’assurer le bien-être et l’autonomie des femmes tout en soutenant la santé et le développement des communautés.

L’idée n’est pas de freiner la démographie mais de mieux organiser les espacements de naissances.

Outre la ministre de la femme et de la famille, l’événement a réuni sur place la responsable du bureau local du FNUAP, Aicha Ibrahim Djama, la secrétaire générale de l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD), Fatouma Moussa Abdi, des parlementaires, des techniciens de l’Institut Supérieur des Sciences de la Santé (ISSS), des membres du haut conseil islamique dont le conseiller technique du ministre des affaires musulmanes, de la culture et des Biens Waqfs, Elmi Abdallah Adar, et les élus des communes de la capitale.

A travers l’organisation de cette rencontre, le MFF cherche à sensibiliser les porte-voix de la population djiboutienne, à savoir les parlementaires et les élus locaux sur l’importance que revêtent le planning familial et surtout l’espacement des naissances dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile.

Après la lecture d’un verset du Saint Coran, la parole fut d’abord donnée à la représentante du FNUAP à Djibouti. Aicha Ibrahim Djama a souligné l’importance de ce programme pour les familles et  l’économie du pays.

Prenant la parole à son tour, la ministre de la femme et de la famille a mis en exergue que la planification familiale est une pratique clé pour investir dans la santé et l’autonomisation des femmes.

«Pour parvenir à développer son capital humain, un pays doit notamment investir dans la couverture santé universelle, c’est-à-dire à faire en sorte que chaque individu ait accès à des services de santé de qualité et abordables», a déclaré en substance Mme Moumina Houmed Hassan. Il s’agit selon elle de garantir à chaque femme, aux nouveau-nés et aux adolescents(es), des services de planification familiale et des soins de qualité à un coût accessible. «Adhéré à la planification familiale est un bien-être pour le couple. La femme a plus de temps pour son mari. Et celui-ci a plus de temps pour sa femme ! La planification familiale contribue aussi au bien-être de la femme, car il permet à son corps de récupérer, et c’est quelque chose de très important pour sa santé et son bien-être », a-t-elle martelé avec insistance devant ses interlocuteurs.

On entendait des échos similaires dans l’intervention de la secrétaire générale de l’UNFD. Mme Fatouma Moussa Abdi n’a pas manqué de souligner l’importance de cette pratique pour les couples et pour les futurs parents du pays.

«Dans notre religion, un temps d’allaitement est accordé aux enfants pour pouvoir espacer les naissances», a-t-elle lancé à l’endroit des participants de cet atelier.  

Par la suite, les religieux du haut conseil islamique et les représentants de l’institut supérieur des Sciences de la santé, ont tour à tour, en langues locales, avec des arguments religieux, médicaux et socioculturels à l’appui, vanté les bienfaits de l’espacement des naissances tant pour la mère que pour l’équilibre familial. Les élus locaux ont présenté à leur tour, des faits réels qui se sont produits dans les différents quartiers de la capitale et qui ont entrainé le décès de mères suite à des multiples césariennes.

A l’issue de cet atelier, la ministre Moumina Houmed Hassan a exhorté les parlementaires et les élus locaux de transmettre le message à l’ensemble de la population.

«Les parlementaires et les élus locaux seront les ambassadeurs de cette pratique. Aujourd’hui c’est un long chemin que nous allons tracer ensemble pour contribuer au bien-être des familles, au bien-être des couples et au bien-être des enfants» a-t-elle pour conclure. 

Rachid Bayleh

Le point avec…Moumina Houmed Hassan

Ministre de la femme et de la famille

« En réalité, la planification familiale sauve des vies »

Ces deux dernières décennies, cette vision et cette politique est inscrite au cœur de l’agenda du gouvernement de la République de Djibouti. La planification familiale concourt à l’espacement des naissances et consiste fondamentalement à permettre à une femme d’en prendre la décision. Les méthodes de planification familiale offrent aux femmes, et à leurs conjoints, une plus grande maîtrise de leur vie. Une femme en mesure d’accéder à des services de planification familiale aura plus de chances d’être en bonne santé et d’explorer son potentiel personnel. En réalité, la planification familiale sauve des vies. D’abord, parce que le risque de décès liés aux complications de la grossesse est deux fois plus élevé chez les adolescentes que chez les femmes de plus de 20 ans. Ensuite, parce que les enfants nés d’une mère adolescente ont plus de risques de souffrir d’une insuffisance pondérale à la naissance, de maladies, de retards de croissance et d’autres problèmes. En donnant à toutes les femmes la possibilité de décider pour elles-mêmes et en leur offrant, ainsi qu’à leurs conjoints, un moyen fiable d’espacer les naissances, la planification familiale permet de lutter contre les décès évitables chez les mères et leurs bébés. Une étude menée récemment en Afrique du Sud révèle ainsi qu’une hausse annuelle de 0,7% de l’utilisation de méthodes de contraception moderne permettrait d’éviter la mort de 7000 nourrissons et 600 bébés maternels d’ici 2030. La planification familiale de même que les interventions, qui permettent de lutter contre les mariages précoces et de favoriser l’accès à l’éducation des filles, donnent aux femmes les moyens d’être davantage maîtresses de leur vie et de leur bien-être. La planification familiale a des effets positifs sur le long terme qui sont essentiels pour améliorer la santé des femmes et de leurs enfants, et favoriser leur autonomie sociale et économique. La planification familiale permettra à la mère de s’occuper de son enfant, donc c’est un bien-être de la famille. La planification familiale ne veut pas dire arrêt des naissances, parce que je pense que la confusion vient de là. Les gens comprennent que quand on parle de planning familial, on demande aux couples d’arrêter de mettre des enfants au monde. La planification familiale veut dire simplement espacer les naissances. Et cet espacement des naissances est bénéfique pour le couple.

Propos recueillis par Rachid Bayleh