Hier dans son bureau, le Procureur de la République, Aïd Ahmed Ibrahim, a tenu un point de presse sur les  fuites supposées  des sujets du Baccalauréat 2019. Une sortie médiatique au cours de laquelle il nous a donné plus de détails sur cette affaire qui jette l’opprobre sur le système éducatif djiboutien. Nous reproduisons ci-dessous la déclaration du Procureur de la République dans son intégralité.

« Comme chaque année au début du mois de juin, débute le rite immuable, des épreuves du Baccalauréat, toutes filières confondues. Le ministère de l’Education Nationale et de la Formation professionnelle accompagne et assure l’égalité des chances de tous les élèves jusqu’au passage de cette épreuve tant pour les futurs bacheliers que pour leurs parents.

Or, cette année des infractions pénales de nature délictuelles ont été commises concernant l’épreuve du Baccalauréat de la session 2019.

A travers les réseaux encore une fois, comme à l’accoutumée, il y a un déversement de désinformations à l’adresse, non seulement de la jeunesse facilement influençable, mais aussi, aux familles Djiboutiennes principalement…

Aussi, comme vous le savez, je n’interviens à travers les médias nationaux que de manière très sporadique, et pour des faits très délicats, préférant toujours privilégier, la sérénité propre à la Justice.

Je me dois donc, aujourd’hui, de rétablir certaines vérités, combien même, il ne m’est point agréable de les citer, compte-tenu de la gravité des infractions commises.

Une confusion intentionnelle est maintenue à travers ces dits réseaux sociaux, sur les poursuites en cours dans le Tribunal.

Le Tribunal Correctionnel siégeant en matière de flagrants-délits, ce jour, a à connaitre trois procédures pénales distinctes et relatives directement aux épreuves du Baccalauréat 2019. La première affaire concerne sept(07) personnes poursuivies pour faux et usage de faux.  Et parmi ces sept personnes, il faut noter la présence d’un adulte, de surcroît militaire de carrière passant en candidat libre cet examen. Il a, avec la complicité d’un étudiant de l’Université de Djibouti, sollicité son concours pour passer cette épreuve à sa place.

Pour ce faire, ils ont établi de fausses pièces d’identité. L’usurpateur a revêtu également l’uniforme de l’armée pour se fabriquer cette fausse identité.

Au moment du passage de l’examen, ce dernier a été reconnu par un des  enseignants présents, car c’était un de ses anciens élèves. Cet élève ne s’en est pas tenu à cela seulement, il proférera alors des menaces de mort, à l’encontre dudit enseignant.

Ils ont tous reconnu les faits qui leur sont reprochés tant devant les enquêteurs de la police nationale, que lors de leur présentation au Parquet.

La deuxième affaire, concerne la poursuite pénale à l’encontre d’une enseignante pour diffamation. En effet, cette enseignante a écrit et diffusé sur les réseaux sociaux des critiques sous son pseudonyme « BULLO QAREEN ».

Elle est enseignante et est soumise au devoir de réserve et à l’obligation de discrétion. Bien au contraire, cette fonctionnaire a failli à ses devoirs…

En outre , contrairement à ce qui circule sur les réseaux sociaux , et d’ailleurs , il suffit juste de référer à ses « posts » diffusés sur sa page Facebook qu’elle n’a jamais fait l’objet d’une garde-à-vue dans des conditions « inhumaines ».

Elle a pu se rendre à l’hôpital Peltier, ainsi qu’au centre de maternité  Dar El Hanan pour son suivi.

Durant la période inférieure à 24heures de sa garde-à-vue, l’enseignante était installée dans un bureau climatisé… Ce qui est très loin des diffamations colportées dans le réseau social Facebook.

La troisième affaire est relative à six enseignants poursuivis pour des faits de corruption passive.

Pour trois d’entre-deux, cette corruption passive prend la forme de faveurs sexuelles imposées, en échange des sujets supposés du Baccalauréat.

Bien évidemment il n’en est rien. Il s’agit de faux sujets qu’ils ont par la suite adressés à leurs victimes.

Pour les trois autres, c’est le paiement de sommes d’argent allant de 40 000 FDJ à 120 000 FDJ toujours en contrepartie des faux sujets de l’examen du Baccalauréat.

L’enquête, minutieusement menée par les enquêteurs de la police nationale a permis de réunir toutes les preuves matérielles (audio, téléphonique, photographique) prouvant les agissements délictueux de ces enseignants.

Ils encourent des peines d’emprisonnement fermes allant au maximum à dix (10) années».

Propos recueillis par N. Kadassiya